« Malgré une période de vacances scolaires, aujourd’hui, ce sont près de 280 manifestations et rassemblements encore organisés dans tout le pays », se félicite un communiqué de la Confédération générale des travailleurs. Mais selon le ministère de l’Intérieur, seules 380 000 personnes auraient défilé, soit la deuxième plus faible mobilisation depuis le début du mouvement contre la réforme du gouvernement Borne, après celle du samedi 11 mars (368 000 participants).
Après quatre mois de conflit social, syndicats et manifestants espèrent que les « sages » montreront leur sagesse, même si l’un d’entre eux estimait jeudi que cela ne devrait pas entièrement reposer sur le Conseil constitutionnel.
Contrairement à Emmanuel Macron, pour qui le verdict du vendredi viendra clore un chemin, les syndicats ne sont pas prêts à mettre fin au débat. Les manifestants appellent le président à ne pas promulguer la loi, quoi qu’il en soit. Si elle revêt une importance symbolique particulière, cette douzième journée de mobilisation n’est certainement pas la plus fournie à Paris non plus.
Le cortège s’est élancé de la place de l’Opéra pour rejoindre la place de la Bastille. Les camions des syndicats ont mis l’ambiance devant l’opéra Garnier, mais le cortège n’était pas très fourni au moment de son départ. Dans la capitale, la CGT a dénombré 400 000 manifestants, la préfecture de police 42 000.
Dans plusieurs grandes villes, les chiffres policiers et syndicaux sont les plus faibles depuis le 11 mars, précédent point bas du mouvement. C’est notamment le cas à Toulouse, où 9 000 manifestants ont été recensés selon la police et 70 000 selon les syndicats, ou Nantes l’on comptait entre 10 000 et 25 000 manifestants, ou encore Clermont-Ferrand. A Toulouse, Nice, le Havre ou Rennes, les manifestants avaient déjà commencé à défiler dans la matinée de jeudi. À Quimper, le cortège a marqué ironiquement « une minute de silence pour la démocratie ».
Des heurts ont éclaté à Nantes, Strasbourg, à Rennes ou à Paris, à l’arrivée du cortège place de la Bastille. Toujours dans la capitale, des grévistes ont envahi brièvement le siège du géant du luxe LVMH, dans le quartier des Champs-Élysées, avec des fumigènes et des sifflets. La préfecture avait dénombré 25 interpellations à 16h30. Le préfet de police a pris un arrêté pour interdire dès 18 heures les manifestations aux abords du Conseil constitutionnel.
Les perturbations s’annonçaient dès la mi-journée beaucoup moins importantes qu’au début de la mobilisation dans les transports aérien, ferroviaire et dans le métro. Mais le mouvement ne faiblit pas dans les lycées et universités, dont plusieurs étaient à nouveau bloqués jeudi matin, par exemple à Lille.
Le ministère de l’Éducation nationale a recensé autour de 5% d’enseignants en grève dans les académies qui ne sont pas en vacances. Les syndicats n’ont pas donné d’estimations en raison des vacances dans la zone A, qui rendent les chiffres difficilement comparables selon eux.
Dans l’énergie, l’entrée de la raffinerie de Feyzin, près de Lyon, a été bloquée deux heures dans la matinée par une centaine de militants syndicaux. Un barrage filtrant a aussi été mis en place à la centrale nucléaire de Gravelines. Globalement, les salariés des raffineries françaises se sont mobilisés sans toutefois perturber massivement l’activité des sites.
La CGT a par ailleurs appelé les éboueurs parisiens à une nouvelle grève reconductible. Le mouvement des éboueurs, qui n’ont pas ramassé les poubelles pendant trois semaines en mars dans la capitale, a été un des aspects les plus spectaculaires de la crise.