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Putsch au Niger : La Cédéao affûte ses armes

Après deux jours de réunion à Accra au Ghana, les chefs d'État-major des pays de la Cédéao ont franchi une étape supplémentaire en vue d'une potentielle intervention militaire au Niger, « en vue de rétablir l'ordre constitutionnel », trois semaines après le coup d'État contre le président Mohamed Bazoum.
Putsch au Niger : La Cédéao affûte ses armes

Après deux jours de réunion à Accra au Ghana, les chefs d’État-major des pays de la Cédéao ont franchi une étape supplémentaire en vue d’une potentielle intervention militaire au Niger, « en vue de rétablir l’ordre constitutionnel », trois semaines après le coup d’État contre le président M. Bazoum.

Le chef d’état-major du Cap-Vert qui a décliné l’invitation en raison de son opposition à l’idée de l’emploi de la force, n’est pas le seul à avoir séché la rencontre d’Accra. Les chefs d’état-major du Niger, du Burkina, de la Guinée et du Mali, soit les quatre pays où les militaires ont pris le pouvoir par la force ces trois dernières années, étaient aussi aux abonnés absents.

L’ouverture de ce sommet qui a duré une heure a permis aux différents interlocuteurs d’appeler les États membres à la réussite de cette opération.  Le huis clos de la première journée a été consacré à la répartition de la force d’attente par pays contributeurs. Il y en a maintenant au moins 5 : Nigeria, Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin et Guinée-Bissau qui s’ajoute et devrait confirmer sa participation avec moins de 500 personnes.

L’opération militaire, à écouter le chef d’état-major du Ghana, est désormais décidée. Il affirme par exemple que les États membres vont mettre en place « une mission de soutien à la stabilisation ». « Nous allons accomplir notre tâche dans un chronogramme raisonnable », a-t-il ajouté. Abdel Fatau Musah, commissaire chargé des affaires publiques de la Cédéao, a déclaré que « les vaillantes forces de l’Afrique de l’Ouest sont prêtes à répondre à l’appel du devoir » contre « l’inflexibilité des militaires au pouvoir ». Il explique que la force en attente a déjà assez d’hommes pour une opération, qu’elle possède des ressources propres, que le soutien financier des pays occidentaux n’est pas obligatoire, même si cette « aide serait bienvenue ». Face à la presse, il a défendu l’opération militaire sur le plan juridique et opérationnel. « Nous connaissons notre concept d’opération, nous connaissons le risque. Nous connaissons les opportunités et nous mettons tout cela dans la phase de planification. La planification est virtuellement terminée. Pour l’instant, cette réunion porte sur les engagements et sur le moment où nous commencerons à marcher vers le pays. »

Concernant une possible confrontation avec le Mali et le Burkina, A. F. Musah assure que ces pays ne contrôlent pas leurs frontières avec le Niger, où opèrent l’État islamique et le Jnim. « Si j’étais eux, je me concentrerais sur les défis sécuritaires à l’intérieur » de leur propre territoire, a-t-il prévenu.

Enfin, l’ouverture de ce sommet a également consisté en une longue pédagogie pour répondre à toutes les critiques sur ces choix de la Cédéao, jugés belliqueux et très risqués.

Les intervenants ont rappelé le passé politico-militaire de la force en attente, qui selon eux s’est toujours soldé par des succès, et a toujours obtenu le soutien de la communauté internationale. Le chef d’état-major du Nigeria le concède : « notre chemin n’est pas un chemin facile ». « Personne ne veut entrer en guerre » dit aussi le ministre de la Défense ghanéen qui ajoute : « mais vous êtes aujourd’hui face à l’Histoire », si cette junte reste au pouvoir, « plus personne en Afrique de l’Ouest n’est en sécurité ». Il demande à plusieurs reprises des moyens aux États membres, moyens financiers, moyens humains. Et il conclut : « vous devez permettre à nos peuples de pouvoir continuer à choisir leur leader. »

Dans la nuit du 17 au 18 août à Niamey, les domiciles de plusieurs personnalités du régime Bazoum ont été « perquisitionnés » par des hommes dont certains étaient armés. La même équipe, composée de militaires et d’au moins un civil, a débarqué au domicile de Ouhoumoudou Mahamadou, ex-Premier ministre.

Au total, pas moins de neuf domiciles de membres du gouvernement du président Bazoum et de son entourage auraient été perquisitionnés, cette nuit, comme celui du ministre des Affaires étrangères Hassoumi Massaoudou, la maison des députés Kalla Moutari et Kalla Ankourao, respectivement Premier vice-président de l’Assemblée nationale et haut dirigeant du PNDS (parti de M. Bazoum). Mais aussi les domiciles de membres de l’entourage du chef de l’État renversé : Foumakoye Gado, son haut représentant, Issa Galmai et Daouda Takoubakoye, respectivement chef de cabinet et directeur adjoint du cabinet du chef de l’État, ainsi que le domicile du garde du corps du président.

Après des fouilles minutieuses, des documents et surtout des biens ont été emportés. Selon des témoins, les militaires ont pris ce qu’ils pouvaient trouver : téléphones, montres et bijoux, ordinateurs portables et tablettes, argent – jusqu’à 60 millions de francs CFA, soit près de 90 000 euros, au domicile du Premier ministre – plus deux véhicules chez le général Mahamadou Abou Tarka, président de la Haute Autorité à la consolidation de la paix, dont la maison a également été fouillée.

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