Au lendemain du coup d’Etat intervenu au Niger, le Maroc n’a toujours pas affiché de position officielle. Ce n’est pas la première fois que Rabat adopte, face à de pareils bouleversements institutionnels, une attitude attentiste, le temps que la situation se décante. La preuve, en septembre 2022, le royaume a attendu trois jours avant de se prononcer sur le putsch qui a eu lieu au Burkina Faso, pays limitrophe du Niger. Le Maroc qui n’a pris le parti d’aucune partie a plutôt appelé « toutes les parties prenantes » à donner la primauté à l’intérêt national et à œuvrer pour la sécurité et la stabilité du peuple burkinabé.
Malgré ses bonnes relations avec l’Algérie,
Mohamed Bazoum, chef de l’Etat écarté par un Conseil national piloté par des militaires, a cherché à maintenir des liens avec le Maroc en dépit de son tropisme algérien. La teneur des communications sanctionnant les rencontres des responsables nigériens avec leurs homologues algériens est symptomatique de cette quête de l’équilibre entre les deux pays du Maghreb. Point de référence à la question du Sahara occidental, dossier clivant entre Rabat et Alger. Cela s’est vérifié d’ailleurs lors de la visite de M. Bazoum en Algérie, en juillet 2021.
En mai 2022, à Marrakech, le ministre des Affaires étrangères du Niger a affirmé le soutien de son pays au processus politique de règlement du différend régional sur le Sahara, sous l’égide des Nations unies. Il a par ailleurs salué les efforts déployés par le Maroc pour régler ce dossier. En décembre de la même année, le ministre de la Communication chargé des relations avec les institutions du Niger, a affirmé que la position du Niger sur la question du Sahara était « expresse et claire ». Il a souligné que son pays était « un ami de longue date du Maroc et il le restera ».
Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine (UA), a condamné le coup d’Etat, tout comme la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Asiwaju Bola Tinubu, président nigérian, le gouvernement français et l’Union européenne (UE).
Aux Etats-Unis, la Maison Blanche a fait part de son inquiétude quant à l’évolution du conflit. Washington a exigé la libération de M. Bazoum. Jeudi, la Russie a également réagi à travers sa diplomatie, qui a appelé à un « dialogue constructif et pacifique », tout en souhaitant la « libération rapide » du président déchu.