A la tribune des Nations unies, Rabat avait plaidé en octobre 2015 pour le droit de la Kabylie à l’autodétermination. « Il est regrettable que les aspirations légitimes du peuple autochtone de la Kabylie soient toujours bafouées au 21ème siècle. Ses droits humains sont violés au quotidien, ses représentants légitimes sont persécutés et ses leaders sont pourchassés, y compris quand ils sont en exil », avait déclaré un membre de la mission du royaume à l’ONU.
F. Mehenni a souligné que « la Kabylie est reconnaissante au Maroc et à Sa Majesté le Roi Mohammed VI d’avoir fait ce geste et de l’avoir répété plusieurs fois », notamment en 2022 à deux reprises. Mais « depuis 2015, le Maroc a stagné dans son appréciation de la situation de la Kabylie et du droit à l’autodétermination. Cette stagnation est à l’origine de l’avantage repris par Alger », a déploré Ferhat Mehenni.
Pour pousser les responsables marocains à reconnaître son gouvernement et le projet de son Etat, il affirme que « dans toute guerre ou bataille, avoir l’initiative est toujours avantageux que de limiter les dégâts que vous cause l’ennemi» .
Tout en réitérant le « soutien et la solidarité » de son mouvement avec le Maroc, il précise « cependant, la Kabylie a son agenda qui mérite d’être respecté aussi par ses amis ». Ajoutant que « la Kabylie aussi apprécie ses amis sur la base du seul prisme de son autodétermination. Le soutien du droit du peuple kabyle à l’autodétermination est le prisme à travers lequel la Kabylie apprécie la qualité de ses amis ». Plus, a-t-il relevé, « la Kabylie espère aller plus loin dans l’amitié kabylo-marocaine. La Kabylie assume toujours ses choix et respectera toujours ceux qui l’ont prêté main forte. La Kabylie ne sera jamais ingrate à l’égard du royaume frère du Maroc », en faisant un clin d’œil aux responsables algériens qui ont tourné le dos au Maroc, dès l’indépendance de leur pays en 1962.
F. Mehenni qui se présente depuis juin 2010 comme le président du gouvernement provisoire de la Kabylie qui réclame l’indépendance de la région avait déjà demandé, en juillet 2021, une audience royale.
Par le passé, le Maroc avait refusé d’apporter un soutien clair et direct au Front Islamique du Salut (FIS) dans sa guerre ouverte avec les militaires algériens au début des années 90. Le roi Hassan II avait même remis aux autorités d’Alger Abdelhak Layada, chef du GIA (Groupe Islamique Armé), qui s’était réfugié au Maroc. C’était en 1993.