« Nous demandons qu’aucun subterfuge ne soit recherché pendant la présidence espagnole (de l’UE) pour prolonger l’accord de pêche », a-t-il précisé jeudi à la presse au siège du Parlement européen. « S’impliquer dans ces accords illégaux est une manière d’injecter des fonds au Maroc. Et le Maroc est en guerre contre nous. Cela revient à financer la guerre et le blocage par le Maroc de la solution pacifique que l’ONU réclame depuis 30 ans », a dénoncé O. Mansour. Madrid assure la présidence tournante de l’UE du 1er juillet au 31 décembre.
Certains eurodéputés faisant partie du groupe d’amitié avec le Polisario ont assisté à la conférence de presse. Manu Pineda (extrême gauche espagnole) qui a séjourné dans les camps de Tindouf en pleine protestation de la population contre la corruption, en juin dernier, a mis en garde contre le renouvellement du protocole de pêche Maroc-UE. « Si Luis Planas (ministre espagnol de l’Agriculture) est tenté d’instrumentaliser la présidence espagnole pour signer un nouvel accord illégal ou illégitime, il nous aura en face de lui par tous les moyens », a-t-il menacé. Idem pour l’autrichien Andreas Schieder, président du groupe d’amitié avec le Polisario au PE, qui a critiqué la conclusion en 2019 d’un accord de pêche « qui a aidé le Maroc à utiliser les ressources sahariennes contre l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) ».
Le gouvernement espagnol a vite réagi aux mises en garde proférées par le Polisario et ses partisans au Parlement européen. « La position de l’Espagne est très claire. Nous appuyons l’Union européenne et le Maroc à conclure un nouveau protocole pour les quatre prochaines années », a déclaré, vendredi 14 juillet, Luis Planas, ministre de l’Agriculture et la Pêche. Il a indiqué que même après le 17 juillet « le travail se poursuivra, notamment en termes d’investigations et de questions techniques, pour avancer et permettre une fois que la Cour de justice de l’UE aura publié l’arrêt relatif au protocole précédent, de pouvoir conclure le nouveau protocole dans les plus brefs délais ». Le ministre socialiste, et ancien ambassadeur au Maroc sous le gouvernement présidé par José Luis Zapatero, s’est montré « optimiste » et a souhaité que « ce temps d’arrêt dure le moins possible ».
Une courte suspension est également souhaitable pour les armateurs et pêcheurs qui savent que les aides de la Commission européennes aux chalutiers qui pêchaient dans les eaux atlantiques du Maroc arriveront à échéance le 31 décembre 2023, rapporte, depuis Bruxelles, Europa Press.
L’actuel protocole de pêche est entré en vigueur le 18 juillet 2019. Sa conclusion a permis la reprise de l’activité pour 138 bateaux européens, dont 93 espagnols, dans les eaux marocaines, et ce après une suspension d’une année. En juin 2024, les Vingt-sept auront rendez-vous avec de nouvelles élections au Parlement européen.