L’offre exceptionnelle faite aux épargnants égyptiens consiste à les pousser à vendre leurs dollars pour acheter des obligations en livres égyptiennes. Une manière d’arrêter la hausse vertigineuse du billet vert, monnaie de référence de la Banque centrale égyptienne. La livre s’est dépréciée de plus de 70% face au dollar en dix mois. Étranglée par le service d’une dette incontrôlée et d’un budget largement déficitaire, l’Égypte a dû se soumettre au diktat du Fonds monétaire international en vue d’obtenir un prêt de secours. Moyennant plus de dévaluation de la devise locale.
Le manque de dollars a engendré des pénuries dans le pays. Les importations de camions et de véhicules de chantier sont presque à l’arrêt à un moment où le gouvernement s’est lancé dans des constructions pharaoniques : capitale administrative avec gratte-ciel, villes nouvelles, routes, ponts, trains et même monorail. Pas d’automobiles non plus pour les particuliers. L’industrie commence à manquer de machine-outil et de pièces de rechange, et l’élevage de bétail. Les revenus en dollar des exportations de gaz, de fruits et légumes, du tourisme et du canal de Suez sont largement consacrés à l’importation de produits de première nécessité comme le blé et l’huile.
Un processus qui a induit une forte inflation estimée à plus de 20% en décembre avec le risque d’une explosion en janvier, selon les experts. Une catastrophe pour plus d’un quart de la population égyptienne qui vit sous le seuil de pauvreté. Les classes moyennes sont elles aussi affectées. Manger coûte deux fois plus cher qu’il y a un an, ce qui génère un mécontentement qui va crescendo avec la hausse du dollar face à la livre égyptienne.