Accusés à tort d’être à l’origine des affrontements ayant fait des blessés parmi les supporters sionistes, médias israéliens et politiciens et responsables néerlandais sont allé vite en besogne en qualifiant les incidents d’« antisémites », jouant sans retenue la carte de la victimisation des hôtes israéliens au grand dam des jeunes d’origine marocaine taxés, en majorité, d’être les coupables. Du pain béni pour l’establishment israélien qui voit ainsi son « récit » triompher de nouveau de la réalité, comme lorsqu’il soutient, sans ciller, que la Palestine est une terre sans peuple qui revient à un peuple sans terre, qui plus est « élu » de Dieu.
Sans ergoter plus sur ce chapitre désolant, les services de sécurité néerlandais ayant la possibilité de rétablir la vérité en cas de besoin, notamment en faisant le round up des messages échangés entre supporters israéliens lors des événements, il est pourtant loisible de faire la part des choses. Et Dick Schoof, actuel chef du gouvernement néerlandais, issu de l’école des espions, doit s’armer de courage pour détricoter un récit qui tend à blanchir les supporters israéliens… Comme tenteraient de le faire toutes les pressions exercées sur la Cour internationale du justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI) en charge d’instruire le déroulé des dérives génocidaires de l’occupant israélien dans la bande de Gaza.
Abdelilah Rubio, journaliste du média AD, rapporte une autre version des faits en assurant au micro de Yabiladi que la tension a commencé dès que « les hooligans israéliens ont mis les pieds dans la ville ». « Ils ont immédiatement commencé à agir de manière agressive », se souvient-il, faisant référence aux slogans qu’ils ont scandés dans les rues, tels que « Mort aux Arabes » et « il n’y a plus d’enfants à Gaza ».
« Ils ont arraché des drapeaux palestiniens des maisons, menacé des gens et frappé un chauffeur de taxi marocain, parmi d’autres incidents », a rapporté le journaliste basé à La Haye. Ces incidents ont été documentés dans des vidéos partagées sur les réseaux sociaux avant et après le match Ajax Amsterdam – Maccabi Tel Aviv.
Le comportement agressif des supporters israéliens de football « a créé une atmosphère très tendue et même effrayante à Amsterdam ». Malgré ces événements et les vidéos des attaques par des hooligans israéliens, « peu de médias les ont couverts avec précision », regrette le journaliste. « Au lieu de cela, les rapports mentionnaient simplement qu’il y avait eu des ‘affrontements’ entre les groupes », a-t-il noté. Le lendemain, jeudi, la situation a dégénéré. Selon lui, le comportement agressif des supporters israéliens a continué, ciblant les gens avec du harcèlement et de la violence. Femke Halsema, maire d’Amsterdam, ne s’est pas départi des lunettes israéliennes pour ne voir que les « escadrons de choc antisémites » qui ont sillonné les rues de la capitale pour « bouffer » le juif du coin. A. Rubio qui a les pieds sur terre tient à remettre les choses à l’endroit. « Je ne crois pas que les gens ont été attaqués à cause de leur foi juive. Ils ont plutôt été ciblés en réponse aux actions des hooligans israéliens. Il n’y a eu aucun rapport d’attaques visant des Juifs néerlandais ou des institutions juives ou des synagogues », plaide-t-il. Le journaliste a en outre expliqué que sur les réseaux sociaux, de nombreux témoins oculaires, y compris des Néerlandais, ont protesté contre la présentation faite ainsi de la jeunesse néerlando-marocaine. « Des politiciens qui s’opposent ouvertement aux musulmans et aux étrangers nous ont qualifiés d’ ‘étrangers’, malgré notre nationalité néerlandaise et des décennies de résidence dans le pays. Cette situation a suscité des discussions sur de nouvelles lois ciblant les personnes qui critiquent Israël », a-t-il expliqué.
La tension est loin de retomber dans un pays qui focalise l’attention des épris de justice en attendant les verdicts sans concession et de la CIJ et de la CPI. Surtout que le conseil municipal d’Amsterdam a, dans la foulée, jugé bon d’imposer une interdiction de manifester. Mesure radicale qui, dans un pays qui s’accroche à sa culture « démocratique », n’a pas manqué de pousser des manifestants pro-palestinienne dans la rue dès dimanche pour dénoncer le génocide à ciel ouvert dans l’enclave palestinienne. A Amsterdam, plus de 50 personnes ont été arrêtées pour avoir défié l’interdiction, a déclaré la police néerlandaise. Le chapitre est loin d’être clos…