Dans une vidéo publiée le 1er novembre, alors qu’il était en visite à Pékin, Robert Fico, Premier ministre slovaque, a réagi à des critiques de Nigel Baker, ambassadeur britannique en Slovaquie. « Je ne sais pas ce qui vous donne le droit d’interférer dans mes activités médiatiques », a déclaré R. Fico, avant d’ajouter que « le fait que vous représentiez un État plus grand et plus fort en Slovaquie ne justifie pas votre comportement inacceptable ». Le 30 octobre, sur X, le diplomate avait estimé « regrettable » que le chef du gouvernement slovaque ait accepté une interview sur la chaine russe Rossiya 1, avec la journaliste et présentatrice Olga Skabeïeva, « une personne figurant sur la liste des sanctions » de Londres et de Bruxelles, avait-il souligné. « L’affirmation selon laquelle l’Occident ne s’intéresse pas à la paix est fausse. Nous soutenons le plan de paix de Zelensky », avait poursuivi le diplomate, ajoutant que « le moyen le plus rapide d’atteindre la paix» serait que la Russie «quitte le territoire de l’Ukraine ».
« Ce sont au contraire les hommes politiques occidentaux qui, en avril 2022, peu après le début du conflit, ont tout fait pour empêcher la signature d’accords de paix réellement préparés », lui a répondu R. Fico. Le Premier ministre slovaque est également revenu sur son entretien avec Xi Jinping, faisant part de leurs inquiétudes mutuelles quant au risque d’une escalade incontrôlée en Ukraine. « Nous sommes d’accord sur le fait qu’il est impossible d’arrêter immédiatement les hostilités tant que l’Ukraine continue de recevoir un soutien militaire et financier de l’Occident pour poursuivre la guerre », a-t-il notamment déclaré, assurant soutenir « tous les plans de paix pour l’Ukraine, quel qu’en soit l’auteur ».
Élu en octobre 2023, R. Fico est l’un des dirigeants européens les moins hostiles à Moscou et qui appelle à des pourparlers de paix pour résoudre la crise ukrainienne. Il a mis fin aux livraisons d’armes slovaques à Kiev et estime que l’Ukraine n’est pas en mesure de remporter le conflit.
Captage industriel
A Kiev, on se frotte les mains à l’idée de voir l’Ukraine se transformer en hub de l’industrie militaire occidentale. Ainsi, German Smetanin, ministre ukrainien des Industries stratégiques a annoncé le 2 novembre la signature d’un accord entre Thales Belgium et une entreprise ukrainienne afin de produire « des missiles pour contrer les drones ». Selon des médias spécialisés ukrainiens, il s’agirait de roquettes guidées FZ275 LGR, notamment utilisées par des hélicoptères d’attaque.
« Thales Belgium a signé un protocole de coopération avec une entreprise de défense ukrainienne », a déclaré ce 2 novembre sur Telegram le ministre ukrainien. Accord qui, a-t-il précisé, « prévoit la production conjointe de missiles pour contrer les drones ennemis ». « Nous espérons également que cette coopération s’étendra à l’avenir jusqu’au transfert de technologies et de composants pour ces missiles », a-t-il ajouté, sans en révéler davantage concernant cet accord.
Selon le site ukrainien Defense Express, il pourrait s’agir du missile guidé à faible coût FZ275 LGR. Cette arme de 70 mm (standard OTAN) produite dans l’usine d’armement de Thales à Herstal, en Belgique, « est déjà en service dans les forces de défense ukrainiennes », souligne cette même source qui salue « une étape vraiment positive ». Militaryi, principal site ukrainien couvrant les activités de l’armée ukrainienne, n’émet aucun doute quant au fait qu’il puisse s’agir de la FZ275 LGR, rappelant que ces roquettes équipent notamment l’hélicoptère d’attaque Tigre. Le site précise que Kiev pourra déployer ces armes depuis les systèmes Vampire, un équipement anti-drone fourni par les États-Unis. Si Defense Express stipule que l’arme a une portée théorique de 7 kilomètres, depuis un point de tir au sol, le site Air&Cosmos avait évoqué en août 2023 un essai lors du salon du Bourget au cours duquel l’une de ces roquettes avait été montée sur un drone, permettant « de projeter la roquette à plus de 120 kilomètres du point de décollage ».