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Piotr Tolstoï « explosif » sur BFMTV : Les Français appelés à assumer leur engagement ukrainien

Le vice-président de la Douma s'en est pris avec virulence aux dirigeants français à l'occasion d'une interview diffusée jeudi 21 mars par BFMTV. « On s’en fout de ses limites, on s’en fout de Macron, de ce qu’il dit, et on va tuer tous les soldats français qui viendront en Ukraine, tous ! », a déclaré Piotr Tolstoï au correspondant de BFMTV en Russie, dans une interview diffusée ce 21 mars et présentée en plateau comme un « best-off de la propagande russe ».
Piotr Tolstoï « explosif » sur BFMTV : Les Français appelés à assumer leur engagement ukrainien

Interrogé sur le fait qu’Emmanuel Macron « refuse » une issue du conflit défavorable pour l’Ukraine et s’interdit de « se fixer des limites » face à la Russie, le député francophone a notamment déclaré : « Il y a 147 citoyens français qui ont été tués en Ukraine, et on va tuer tout le monde, ne vous inquiétez pas. »

P. Tolstoï a ainsi remis en avant le chiffre de 356 « mercenaires » français qui seraient passés par l’Ukraine au cours des deux premières années du conflit.
« C’est pour nous une déclaration très inquiétante, car cela nous rapproche de la troisième guerre mondiale », confiait plus tôt P. Tolstoï, soulignant qu’E. Macron était « le premier leader européen à avoir directement évoqué l’envoi de soldats au sol en Ukraine ». Le 26 février, le président français avait en effet refusé d’exclure l’envoi de troupes occidentales en Ukraine. Une ligne qu’il a depuis réaffirmée. « Peut-être qu’à un moment donné – je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative – il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes », avait déclaré E. Macron dans un entretien au Parisien du 16 mars. « Macron voulait seulement dire qu’il y a l’hypothèse d’une formation des soldats ukrainiens directement en Ukraine, et non à l’extérieur comme c’est le cas actuellement », a assuré de son côté Dmytro Kouleba, ministre des Affaires étrangères ukrainien le 20 mars.

Les tensions sont parvenues à un niveau jusque-là non atteint entre Paris et Moscou. L’interview de P. Tolstoï a également donné lieu à quelques règlements de comptes. « Vous avez entériné 19 000 sanctions contre mon pays, vous menez une guerre économique, vous mentez sur la Russie chaque jour sur BFM » a-t-il lancé au journaliste français lui demandant : « Pourquoi vous ne nous aimez plus ? » « Je regrette beaucoup […] je ne pourrai pas emmener mes enfants voir le Louvre, montrer Paris », finit par confier le député russe, interdit de territoire européen dans le cadre des sanctions antirusses de Bruxelles. « Oui, parce que là vous voulez plutôt envoyer une bombe nucléaire à Paris en ce moment, c’est plutôt cela le discours », a enchaîné le journaliste. « À la télévision russe, on calcule la durée qu’il faudrait pour un missile nucléaire pour arriver à Paris », a-t-il ajouté. « Bien sûr, on calcule », lui a répondu P. Tolstoï, renvoyant au principe de la dissuasion nucléaire ainsi qu’à la menace que Moscou perçoit dans le déploiement d’armements de l’OTAN à ses frontières. « C’est vous qui parlez de cette troisième guerre mondiale, pas nous les Français », a tenu à souligner P. Tolstoï, dénonçant l’obsession de menaces nucléaires russes dans le discours politico-médiatique hexagonal. « Vous les Français, qui voulez venir avec des soldats à Odessa, vous êtes en train de provoquer la troisième guerre mondiale », a enchaîné le député russe, estimant qu’en cas de pertes en Ukraine, E. Macron se retrouverait dans un « piège » le poussant « soit à accélérer l’Histoire […], soit à retirer ses troupes ». « L’idée d’envoyer des soldats français en Ukraine cela va se terminer par des cercueils à Orly », a mis en garde, dans une première partie de l’interview, P. Tolstoï. « Les Français doivent comprendre les conséquences », a-t-il ajouté. Des propos qu’il avait déjà tenus le 18 mars, également auprès de BFMTV. « Quand ils reviendront en cercueil, couvert du drapeau tricolore, je ne crois pas que les Français seront contents », avait déclaré en plateau le député russe, estimant que les déclarations d’E. Macron entourant l’envoi de soldats en Ukraine étaient une « rhétorique qui a un prix ».

Au cours de son interview, le vice-président de la Douma s’est également montré critique à l’endroit du gouvernement français. « Aujourd’hui la France est gouvernée, en partie, par les pervers », a-t-il estimé, face à un journaliste insistant sur le fait que Gabriel Attal était « ouvertement homosexuel » et la perception russe d’un Occident « décadent ».

« C’est la dégradation des leaders européens. Regardez aujourd’hui avec qui on a affaire, avec Scholz, avec Macron, avec Borrell », a ajouté P. Tolstoï. Des responsables politiques qui, estime-t-il, « ne peuvent pas tenir leur parole ». Un point – la valeur de parole de l’Occident – sur lequel réinsistera plus tard dans l’interview le député russe.

Depuis l’éclatement du conflit entre Moscou et Kiev, Paris a pris faits et causes pour l’Ukraine, en envoyant notamment du matériel militaire et en formant des soldats ukrainiens. Du matériel, tel que les canons d’artillerie Caesar ou des chars AMX-10, envoyé à l’Ukraine pour objectivement tuer des soldats russes. La Russie, quant à elle, dénonce l’implication croissante de Paris en Ukraine depuis le 16 janvier et l’annonce par E. Macron de la livraison de 40 missiles supplémentaires à Kiev. Le refus du président français d’écarter un envoi de troupes occidentales en Ukraine a ensuite dégradé les relations entre les deux pays.

Selon Le Monde, le chef de l’État français étudierait cette possibilité depuis juin 2023. Le 19 mars, Sergueï Narychkine, directeur du service de renseignement extérieur russe (SVR), a déclaré que, selon les informations en sa possession, un contingent de 2 000 hommes serait « déjà en préparation pour être envoyé en Ukraine ». Une information que le ministère français des Armées a démentie. Lors d’une interview le 13 mars, Vladimir Poutine avait averti que la Russie n’aurait pas de « lignes rouges » contre ceux qui n’en ont pas envers elle. Le dirigeant russe a toutefois aussi tendu une main à Paris. « La France pourrait jouer un rôle dans la paix, tout n’est pas perdu », a-t-il déclaré le soir de sa réélection le 17 mars, alors qu’il était questionné sur les déclarations de son homologue français sur un éventuel déploiement de troupes occidentales en Ukraine.

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