Jamais une aussi grande opération contre un réseau terroriste en Allemagne n’a été montée de la sorte depuis la guerre. Trois mille policiers ont été mis à contribution dans onze régions allemandes sur seize, pour réaliser 25 interpellations. Au total, 52 suspects ont été appréhendés. On soupçonne le groupe de chercher la prise du pouvoir et l’organisation d’un assaut contre le Parlement, comme cela était envisagé l’an dernier.
L’affaire est donc grave. Et parmi les suspects figurent de nombreux membres des Reichsbürger, mouvement longtemps pris à la légère qui rejette les institutions allemandes actuelles ; mais aussi des personnes qui ont été actives lors des manifestations anti-vaccination. Une ancienne députée du parti d’extrême droite AfD au Bundestag figure aussi parmi les suspects ; elle était redevenue juge à Berlin. La présence d’ex-militaires ou de membres encore actifs de la Bundeswehr, l’armée allemande, est inquiétante. Cela n’est pas une première, et cela signifie que le groupe terroriste englobait des personnes disposant d’un savoir-faire militaire et le cas échéant d’un bras armé.
Cette opération d’ampleur vient confirmer la radicalisation de l’extrême droite allemande, danger sur lequel les autorités alertent depuis plusieurs années.
Selon le Parquet allemand, l’un des animateurs de cette cellule avait pris contact avec « des représentants de la Fédération de Russie en Allemagne ». Mais, selon les investigations menées jusqu’à présent par Berlin, rien n’indique que ces interlocuteurs russes aient réagi positivement à la demande. Plus tôt, l’ambassade de Russie à Berlin avait souligné n’avoir aucun lien avec des organisations « terroristes » ou « illégales » en Allemagne, quelques heures après l’annonce du démantèlement de ce groupuscule complotiste. « C’est un problème interne à la République fédérale d’Allemagne, ils constatent eux-mêmes qu’aucune ingérence de la Russie ne peut être évoquée ici », a réagi Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.