Dans un écrit adressé à Abdelilah Benkirane, secrétaire général de la formation islamiste, l’avocat a souligné qu’en continuant à défendre le maintien de cette sanction dans le pays, le parti se met en porte-à-faux avec les principes universels et constitutionnels du droit à la vie. « En défendant [la peine de mort], vous incitez à une violation de la Constitution, des principes des droits humains et du droit à la vie en particulier », a écrit A. Jamaï.
Es qualité de coordinateur de la Coalition marocaine contre la peine de mort, l’avocat a réfuté l’argument de « fonction dissuasive » de cette sanction, tout en appelant A. Benkirane à « s’abstenir de confondre le religieux, le politique, le juridique, l’universel et le spécifique ».
Dans le même sens, il a invité l’ancien chef du gouvernement à faire le distinguo entre « les règles du droit positif et celles de la charia, qui elle-même accepte l’adaptation à la réalité des sociétés (…) pour créer des solutions rationnelles et sociétales en phase avec le monde actuel, le progrès des peuples et l’évolution de leur environnement ». Il a ainsi prôné le principe juridique de « compatibilité » des préceptes religieux « avec ce qui est universellement accepté ».
L’écrit de A. Jamaï a d’ailleurs été l’occasion de rappeler à A. Benkirane que « nos gouvernements précédents » ont « préféré le silence et se sont systématiquement abstenus de voter pour le moratoire de l’ONU sur la peine de mort », y compris l’exécutif conduit par le PJD, à rebours de la mobilisation de parlementaires et d’organisations de la société civile.
A signaler que le PPS, au même titre que d’autres formations progressistes, a exprimé sa satisfaction suite à la décision historique du Maroc de voter en faveur de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies appelant à l’abolition universelle de la peine de mort. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un débat national de longue date sur les droits humains, et le Parti considère « ce vote comme un tournant décisif pour la promotion du droit à la vie, tel que garanti par la Constitution marocaine”. Le PPS souligne que « ce vote ouvre la voie à l’éventuelle suppression de cette peine capitale, en adéquation avec les engagements du pays en matière de droits humains à l’échelle internationale ».
À l’Assemblée générale de l’ONU, la résolution été adoptée à la majorité, mardi 17 décembre à New York. Bénéficiant de voix favorables records, le texte a été approuvé par 130 États membres, dont le Maroc (32 contre, 22 abstentions). Ce cadre périodique « demande à tous les États d’instituer un moratoire sur les exécutions en vue d’abolir la peine de mort ».