L’armée israélienne a annoncé vendredi avoir récupéré à Jabalia les corps de trois prisonniers retenus dans la bande de Gaza depuis l’opération Déluge d’Al-Aqsa menée par le Hamas le 7 octobre. Dans cette même partie nord de l’enclave palestinienne, les Brigades Al-Qassam, bras armé du Hamas, ont fait sauter plusieurs chars israéliens de type Merkava 4 dans les quartiers Al-Qasaib, Al-Ajarma et Tabat Zaraa. Ces opérations interviennent au moment où d’intenses combats étaient signalés entre la résistance palestinienne et l’armée sioniste encore à l’offensive dans le nord de Gaza. Les Brigades Al-Qods, bras armé du Jihad Islamique, n’est pas en reste. Ses combattants assurent avoir ciblé un détachement de soldats sionistes par un missile 107 aux alentours de l’hôpital turc de l’amitié. Le couloir de Netzarim dans lequel l’armée sioniste tente de s’incruster pour mieux déployer ses forces aussi bien au nord qu’au sud de l’enclave palestinienne a été bombardé par une salve d’obus de mortier lourds.
La guerre est loin d’être terminée en dépit de l’appel lancé par la Cour internationale de justice (CIJ). La décision de la plus haute juridiction onusienne a été mal accueillie par Tel-Aviv. Ce qui explique les bombardements intensifs aussi bien à Jabalia qu’à Rafah.
Pour tenter de « dénouer » ce conflit aux retombées géopolitiques immenses, une rencontre est programmée à Paris entre un émissaire qatari et les patrons des services de renseignement US et israélien. D’ailleurs, dans la capitale française, on signale que le Président Emmanuel Macron a programmé une réunion avec les patrons de la diplomatie de quatre pays arabes. Il s’agit du Qatarien Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, du Saoudien Fayçal ben Farhane, de l’Égyptien Sameh Choukry et du Jordanien Ayman Safadi, a ajouté l’Élysée, sans plus de précisions.
La veille, la résistance palestinienne avait engagé de violents affrontements contre l’armée sioniste, notamment à Jabalia et Beit Hanoun. Les Brigades Al-Qassam ont diffusé des images de ciblage d’une force sioniste spéciale après avoir été attirée dans une embuscade précise avec une bombe tonnerre et celui des forces de secours lors de leur tentative de les sauver au nord de Beit Hanoun. Quelques heures plus tard, les Moudjahidines ont exécuté leur mission finale en tirant sur les trois soldats sionistes dont les images ont été diffusées hier pendant l’opération. Toujours à Beit Hanoun, les combattants Al-Qassam ont réussi à faire sauter un tunnel qui avait été piégé à l’avance contre une force terrestre sioniste, laissant ses membres morts et blessés. Plus tôt dans la journée, ils ont annoncé avoir ciblé 3 chars Merkavah 4 avec des obus Al-Yassin 105 à proximité du bâtiment Habboub et de la rue des écoles de filles dans le camp de Jabalia, au nord de la bande de Gaza. Et ont également ciblé les forces ennemies pénétrant à proximité de la porte Salah al-Din, au sud de la ville de Rafah, avec des obus de mortier.
Les Brigades Al-Qassam ont annoncé que le commandant de la brigade sud de la division Gaza de l’armée d’occupation, le général Assaf Hamami, a été capturé le 7 octobre. Dans un clip vidéo intitulé « Une direction qui abandonne ses commandants militaires en captivité », diffusé sur son compte Telegram, elles assurent que « Hamami a été blessé lors de son arrestation et que sa direction politique abandonne ses dirigeants militaires en captivité » soulevant désormais des questions sur le sort du général de division sioniste. Le message adressé aux dirigeants de l’armée d’occupation et à son front intérieur est que « le temps presse » pour eux.
Les Brigades Al-Qods sont elles aussi engagées dans les combats qui se déroulent dans l’enclave palestinienne. Elles assurent avoir bombardé une position de maintenance de véhicules ennemis à l’est du gouvernorat central avec une salve de missiles de type 107, provoquant des dommages directs. Elles ont diffusé des images de tirs de mortier avec lesquels les moudjahidines ont détruit les soldats ennemis et les véhicules pénétrant à l’est de Rafah. Elles assurent avoir ciblé, avec un barrage d’obus de mortier réguliers, des concentrations militaires et des véhicules pénétrant au sud-est de Rafah, et avec un barrage d’obus de mortier, un rassemblement de véhicules et de soldats ennemis à l’est du camp de Jabalia.
Les mêmes Brigades ont bombardé, avec des obus de mortier, une position des soldats ennemis sionistes sur la ligne de ravitaillement dans l’axe Netzarim, au sud de la ville de Gaza. Plus, en collaboration avec les Forces d’Omar Al-Qasim, elles ont ciblé un char sioniste Merkava avec un obus Tandum près de la mosquée Aisha dans le camp de Jabalia.
Des soldats US blessés
Il y a lieu de signaler que les médias israéliens ont assuré que des soldats américains, déployés aux alentours de la jetée dédiée au transbordement de l’aide, ont été ciblés par la résistance palestinienne. L’un des trois soldats américains blessés lors de l’opération d’aide à Gaza est dans un état critique dans un hôpital israélien, a indiqué à Reuters un responsable de la Défense américaine sous couvert d’anonymat. Le soldat a été évacué vers l’hôpital après avoir été blessé sur un navire en mer, selon le vice-amiral Brad Cooper, commandant adjoint du CENTCOM américain. Les deux autres soldats, dont l’un souffre d’une entorse à la cheville et l’autre d’une blessure mineure au dos, ont depuis repris leurs fonctions.
Les Américains avaient été avertis par la résistance palestinienne. Alors que selon une information publiée jeudi, l’administration Biden pourrait approuver la formation d’une force de maintien de la paix palestinienne ou arabe dans la bande de Gaza, avec pour principal conseiller civil un responsable américain, pour gérer l’après-guerre.
Politico a indiqué, en citant quatre membres des autorités US familiers de la question, que les États-Unis pensaient jouer un rôle de premier plan dans la reconstruction et la réhabilitation de la bande de Gaza, une fois la guerre terminée, et que l’administration Biden travaillait en ce moment pour en définir les contours exacts. Une des options envisagées est de nommer un responsable américain à un poste de conseiller civil auprès d’une force palestinienne de maintien de la paix. Selon l’information de Politico, les États-Unis tenteraient de convaincre l’Égypte, le Maroc et les Émirats arabes unis de contribuer à cette force, le cas échéant.
Ce conseiller US ne serait pas implanté à Gaza, ont précisé à Politico ces responsables sous couvert d’anonymat, car l’administration Biden ne souhaite pas être tenue responsable de la gestion quotidienne de l’enclave palestinienne. Il pourrait de ce fait être basé en Égypte ou en Jordanie.
L’éventualité de la création d’une force de maintien de la paix avait déjà été évoquée dans un document classifié du Département d’État obtenu par Politico en mars dernier. Selon ce document, la force de maintien de la paix ne devrait pas être « une mission commandée par les États-Unis » car elle « rencontrerait alors probablement une résistance féroce de la part du peuple palestinien, compte tenu du soutien américain à la campagne militaire israélienne à Gaza ». Le document suggérait que la force, composée d’environ 2 000 Palestiniens et d’un millier de membres issus de pays arabes, ait à sa tête un « officier supérieur qualifié » venu d’Israël, d’Égypte ou d’une Autorité palestinienne réformée. Toujours selon Politico, les États-Unis seraient favorables à ce que ce soit l’Égypte qui prenne la tête de cette force, qui devrait être qualifiée de « mission de sécurité ».