Alors que Kiev procède à l’évacuation des habitants des régions frontalières, Volodymyr Zelensky évoque une « bataille féroce ». La Russie, qui vient de lancer une offensive terrestre dans la région frontalière de Kharkiv, cherche à créer une « zone tampon ». Cela pour empêcher l’Ukraine de frapper la région russe de Belgorod, régulièrement visée par des bombardements, a indiqué vendredi 10 mai une source au sein du commandement militaire ukrainien. « Vers 5 heures du matin, l’ennemi a tenté de percer nos lignes de défense à l’aide de véhicules blindés », a ajouté cette même source, sans clarifier la localisation exacte de cette attaque.
Selon les officiels à Kiev, cette incursion a été le fait d’hommes au sol, appuyés par des véhicules blindés. « L’ennemi a effectué des frappes aériennes dans le secteur de Vovtchansk », situé à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kharkiv, avec des bombes aériennes guidées, a indiqué pour sa part le ministère ukrainien de la Défense. Le président a confirmé ces combats à la mi-journée, évoquant une « bataille féroce ». Selon les premières informations, des combats au sol ont eu lieu dans cette zone frontalière où des groupes d’infiltration russes auraient été neutralisés.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a appelé ce jour à « assurer le soutien » à l’Ukraine face à cette offensive russe sur Kharkiv. « Les habitants de Kharkiv continuent de résister courageusement aux bombardements constants de la Russie. Votre courage appelle notre solidarité. Avec nos partenaires, nous sommes aux côtés de l’Ukraine et devons assurer le soutien nécessaire à sa défense », écrit-il sur X.
Des évacuations ont été lancées à Vovtchansk, où vivent environ 3 000 personnes, et dans des localités voisines de la région de Kharkiv, en raison de « bombardements massifs », a indiqué le chef de l’administration militaire locale.
Le ministère de la Défense ukrainien assure que les attaques russes ont été « repoussées » mais que des « combats de diverses intensités » se poursuivaient et que des « unités de réserve » avaient été déployées pour « renforcer la défense » de la zone.
Une importante partie de la région de Kharkiv avait été occupée puis libérée en 2022. La région frontalière et son chef-lieu du même nom, deuxième ville du pays, étaient ces derniers mois très souvent bombardés. Le gouverneur de Kharkiv Oleh Syniehubov a récemment déclaré qu’un groupement de 40 000 soldats russes était situé de l’autre côté de la frontière. Reste à savoir de quoi il s’agit : des opérations de reconnaissance ou bien des premières heures d’une offensive terrestre.
En plus de faire reculer les Ukrainiens le long de la frontière avec la Russie dans la région de Kharkiv, avec une zone tampon, les Russes pourraient avoir un deuxième objectif : exercer une pression supplémentaire sur la ligne de front, contraignant Kiev à réallouer une partie de ses effectifs à la défense de la région de Kharkiv. Cette opération servirait à y fixer une partie des troupes ukrainiennes, au détriment du reste de la ligne de front, concentrée à l’Est.
Moscou aurait ainsi la possibilité d’exercer des pressions à d’autres endroits du front, et notamment dans le Donbass, afin d’identifier les fragilités ukrainiennes pour tenter une véritable percée.
Ces dernières semaines, les troupes russes sont parvenues à s’emparer de plusieurs localités, comme près d’Avdiivka, dans la région de Donetsk. Car l’armée ukrainienne est à la peine sur le front, affaiblie par un manque de recrues et les retards de livraison d’aide occidentale, qui ont notamment vidé ses stocks de munitions. Sans aide occidentale en nouvelles batteries de DCA, l’Ukraine n’est pas en mesure de protéger à la fois ni le front, ni les villes à l’arrière, ni ses infrastructures stratégiques
Mercredi passé, l’armée russe a annoncé la libération de Novokalinovo en RPD et de Kislovka dans la région de Kharkov. « Les unités du groupe de troupes du Centre, grâce à leurs actions réussies, ont complètement libéré la colonie de Novokalinovo », a indiqué l’armée russe. Le ministère a ajouté que les unités du groupe de troupes Ouest avaient « amélioré la situation le long de la ligne de front » grâce à des actions offensives. Elles ont également complètement libéré le village de Kislovka, situé dans la région de Kharkov. Deux jours plus tôt, l’armée russe avait annoncé la libération de Soloviové et de Kotlyarovka. Elle a indiqué ce 6 mai avoir repris deux villages aux troupes ukrainiennes, l’un dans une zone de la région de Donetsk (est) où elle progresse rapidement et l’autre dans la région de Kharkiv (nord-est), un nouveau signe de son avancée face aux troupes de Kiev. « Des unités du groupement de troupes Ouest, après des actions offensives, ont libéré le village de Kotlyarovka, dans la région de Kharkov », a rapporté le ministère russe de la Défense, ajoutant que des unités du groupe Centre avaient aussi libéré la localité de Soloviové. Soloviové se trouve à proximité d’Otcheretino, dont la libération a été annoncée le 5 mai par le ministère russe de la Défense.
Ces dernières semaines, l’armée russe a avancé rapidement dans cette zone située près d’Avdeïevka, ville tombée en février, bousculant les troupes ukrainiennes. Dimanche, l’armée russe a pris le contrôle du village d’Otcheretino, en République populaire de Donetsk, a rapporté le ministère de la Défense, qui cumule les succès dans le Donbass depuis plusieurs semaines.
Erreur de jugement
L’Occident n’aurait jamais dû s’impliquer en Ukraine en lançant des discussions autour de l’adhésion de Kiev à l’Otan et imposant des sanctions à la Russie, a indiqué à iNews Dominic Cummings, conseiller de Boris Johnson, ancien Premier ministre britannique.
« Nous n’aurions jamais dû nous retrouver dans cette situation. Cet État ukrainien mafieux nous a tous arnaqués et nous allons tous nous faire b***. On est en train de se faire b***. La seule leçon que nous avons donnée à Poutine, c’est que nous sommes une putain de bande de clowns. Je veux dire que Poutine le savait déjà avant la guerre. Mais cela a souligné et montré au monde entier à quel point nous sommes une bande de clowns », a-t-il lancé.
La Russie a plusieurs fois déclaré que l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan était une ligne rouge, rappelle l’ancien conseiller, mais les Occidentaux n’en ont pas tenu compte. Une attitude « complétement insensée », selon lui.
Les sanctions adoptées contre la Russie ont surtout frappé l’Europe, a poursuivi D. Cummings. « Le coût de la vie a été un choc énorme, [le] régime de sanctions a été bien plus un désastre pour la politique européenne que pour la politique russe », a-t-il admis.
En plus, en soutenant Kiev, l’Occident a aidé Moscou à resserrer ses liens avec la Chine, a-t-il ajouté. Le résultat a été « de nous lancer dans une guerre d’usure avec la Russie, que nous avons poussée à conclure une alliance avec la plus grande puissance manufacturière du monde ».
D.Cummings pointe particulièrement du doigt B. Johnson qui s’est servi du conflit en Ukraine comme diversion, alors qu’il était dans une mauvaise passe politique. « Le conflit était un cadeau du ciel, une bouée de sauvetage pour détourner l’attention de sa propre implosion… tout en réalisant ses fantasmes churchilliens. Ironiquement, le Parlement a avalé tout ça, même s’ils détestaient Boris et le considéraient comme un charlatan. Ils ont avalé toutes ses conneries sur l’Ukraine et l’ont pris au sérieux », explique-t-il.
Plusieurs responsables russes et ukrainiens avaient déjà rapporté que B. Johnson portait une responsabilité dans l’échec des négociations russo-ukrainiennes d’avril 2022. L’ancien Premier ministre aurait conseillé ç Kiev de ne rien signer et poursuivre la guerre.