« Certains gouvernements insistent par l’intimidation pour obtenir des négociations », a déclaré A. Khamenei, sans toutefois mentionner le nom de D. Trump. « Pour eux, les négociations ne servent pas à résoudre les problèmes, mais à dominer et ils veulent imposer leur volonté à l’autre partie par le biais des négociations », a ajouté le numéro un iranien, lors d’un discours devant des responsables à l’occasion du mois béni de Ramadan.
L’Ayatollah qui a le dernier mot en Iran sur toutes les décisions stratégiques, avait exhorté début février le gouvernement du président Pezeshkian à « ne pas négocier » avec Washington, affirmant qu’une telle démarche serait « imprudente ». Il avait alors justifié sa position par « l’expérience », d’accords passés avec des dirigeants américains mais non tenus.
D. Trump s’est retiré unilatéralement en 2018 d’un accord international sur le nucléaire que son pays avait pourtant conclu trois ans plus tôt avec l’Iran. Le texte prévoyait la levée de certaines sanctions contre Téhéran en échange d’un encadrement des activités nucléaires iraniennes. La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et la Russie sont liés à cet accord, aujourd’hui moribond. En représailles au retrait américain, l’Iran s’est progressivement détaché de ses engagements et accéléré ses activités nucléaires. Téhéran défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie, mais réfute vouloir se doter de l’arme nucléaire.« Trois pays européens déclarent dans des communiqués que l’Iran ne respecte pas ses engagements », a relevé samedi A. Khamenei.
« Quelqu’un devrait leur demander s’ils ont respecté leurs engagements », a poursuivi le dirigeant iranien. « Quand l’Amérique a quitté l’accord, vous aviez promis » de maintenir l’accord en vigueur « mais vous n’avez pas respecté votre promesse », a renchéri le leader iranien.
Vendredi dans un entretien accordé à l’AFP, Abbas Araghchi, chef de la diplomatie iranienne, a déclaré que l’Iran ne reprendrait pas de négociations avec Washington tant que le président Trump resterait sur une position dure. Mais il a toutefois dit discuter du nucléaire avec la Russie, la Chine et les Européens, parties de l’accord de 2015. Et puis au lendemain de l’annonce par le président américain de l’envoi d’une « lettre », le chef de la diplomatie iranienne a affirmé que son pays « n’a encore rien reçu » de D.Trump en vue de négociations sur le nucléaire iranien. « Nous en avons entendu parler mais nous n’avons encore rien reçu », a répondu A. Araghchi interrogé par un journaliste de la télévision d’Etat, en marge d’une réception du guide suprême iranien.
A. Khamenei , il a signalé que les doubles standards de l’Occident sont une véritable honte pour la civilisation occidentale. À ce propos, il a abordé les allégations des pays occidentaux quant à la liberté de la presse dont ces pays se prévalent pour dire : « L’information circule-t-elle librement en Occident aujourd’hui ? Pouvez-vous citer les noms de Hadj Qassem [Soleimani], de Sayed Hassan Nasrallah et du martyr [Ismaïl] Haniyeh sur les réseaux sociaux appartenant à l’Occident ? ».
Doha sur le qui-vive !
Le Premier ministre qatari, cheikh Mohammad ben Abdelrahmane al-Thani, a mis en garde contre les conséquences d’une attaque contre des installations nucléaires iraniennes, qui priverait d’eau les pays du Golfe.
Dans une interview avec l’animateur américain Tucker Carlson, réputé proche du président D. Trump, il a indiqué que Doha avait simulé les effets d’un tel scénario. Résultat : « La mer serait totalement contaminée » et le Qatar « serait à court d’eau en trois jours », a-t-il lancé.
Depuis, la construction de réservoirs a permis d’augmenter les capacités de stockage, mais le risque demeure pour « nous tous » dans la région, a-t-il ajouté. « Plus d’eau, plus de poisson, plus rien (…) plus de vie », a insisté le Premier ministre qatari dans cette interview publiée le vendredi 7 mars.
Évoquant une éventuelle action militaire contre l’Iran, D. Trump a déclaré, vendredi, qu’il préférerait « un accord de paix à l’autre (alternative). Mais l’autre (alternative) résoudra le problème ».
Le Qatar, situé à 190 kilomètres au sud de l’Iran, dépend largement du dessalement pour son approvisionnement en eau, à l’instar des autres pays du Golfe, une région très aride.
L’Iran exploite une centrale nucléaire à Bouchehr, sur la côte du Golfe, alors que ses principales installations d’enrichissement d’uranium pour des fins civiles, se trouvent à plusieurs centaines de kilomètres à l’intérieur du pays.
Se référant aux sites « de l’autre côté de la côte », le Premier ministre qatari a souligné que son pays avait « non seulement des préoccupations militaires, mais aussi des inquiétudes en matière de sécurité et de sûreté ». Il a réitéré l’opposition de Doha à toute intervention militaire contre Téhéran, affirmant que le Qatar « ne renoncera pas tant qu’une solution diplomatique entre les Etats-Unis et l’Iran ne sera pas trouvée ». Téhéran est « prêt à s’engager », a-t-il dit. « Ils (les Iraniens, NDLR) sont disposés à atteindre un niveau qui rassure tout le monde. Et surtout, ils cherchent à réparer leurs relations avec la région, ce qui est déjà une avancée en soi. »
Les pays occidentaux accusent depuis longtemps l’Iran de chercher à se doter de l’arme nucléaire, ce que Téhéran dément.