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Nouvelles sanctions US contre la Russie : Washington joue sur plusieurs tableaux à la fois

Washington a annoncé vendredi, en lien avec ses alliés du G7, un nouveau train de sanctions contre la Russie. Responsables politiques russes, banques, entreprises de semi-conducteurs, mais aussi un homme d'affaires italo-suisse, sont dans le collimateur américain. Ce tour de vis ne doit nullement occulter un fait notable : le chef de file américain qui cherche à asphyxier Moscou continue à consommer Russe tout en en privant d’autres Etats. Un comble !
Nouvelles sanctions US contre la Russie

Le département américain du Trésor parle de « l’une des plus importantes actions en matière de sanctions ». Washington cible, entre autres, des entreprises et personnes russes des secteurs du métal, des mines, des équipements militaires ou des semi-conducteurs. Mais une trentaine de personnes et entreprises de pays européens – Suisse, Italie, Allemagne, Malte et Bulgarie –, accusés d’avoir aidé à contourner les sanctions en fournissant des équipements militaires à la Russie, sont également visés et voient ainsi leurs avoirs aux États-Unis gelés. L’homme d’affaires italo-suisse Walter Moretti est notamment ciblé, accusé d’avoir fourni aux services secrets et à l’armée russes des technologies occidentales et du matériel.

Alors que les grandes banques russes sont déjà soumises à des sanctions américaines et internationales, le département du Trésor cible par ailleurs une dizaine d’établissements financiers supplémentaires, dont la Credit Bank of Moscow, « l’une des dix plus grandes banques en termes de valeur d’actifs ». « Les acteurs sanctionnés sont connus pour se tourner vers des banques plus petites ainsi que des sociétés de gestion de patrimoine pour tenter d’échapper aux sanctions, alors que la Russie cherche de nouvelles façons d’accéder au système financier international », détaille le Trésor.

La Maison Blanche avait annoncé ces nouvelles sanctions plus tôt vendredi matin. Elles visent à frapper durement l’économie de la Russie pour son invasion de l’Ukraine, lancée il y a tout juste un an, et à réduire l’accès de Moscou à des technologies sensibles comme les semi-conducteurs. « Ces actions ont été prises en coordination avec le G7 », a précisé le Trésor dans son communiqué. Cette liste de pays comporte, outre les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, et le Canada, ainsi que trois pays de l’Union européenne : l’Allemagne, la France et l’Italie. L’adoption du paquet de sanctions européennes était cependant bloqué vendredi par Varsovie, jugeant ce dernier train « trop mou, trop faible ».

« Les sanctions économiques, contrôles à l’exportation et tarifs douaniers annoncés cette semaine (…) démontrent que nous continuerons de travailler avec nos alliés et partenaires », a commenté Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine. L’objectif est d’« accroître la pression sur le président Poutine, rendre plus difficile pour lui de mener sa guerre brutale et (de continuer) à dégrader la capacité de l’économie russe à alimenter l’agression », a-t-il précisé.

Le département d’État américain a ainsi pris des sanctions à l’encontre de ministres, gouverneurs et autres responsables et a pris des mesures de restrictions de visas à l’encontre de 1 219 membres de l’armée russe. Et le département du Commerce a annoncé des droits de douane supplémentaires et interdictions d’exportations. Les droits d’importation de l’aluminium russe sont ainsi portés à 270%, alors que la Russie était, sur les douze derniers mois, le 5e importateur d’aluminium aux États-Unis, en baisse progressive depuis l’invasion de l’Ukraine. « Au cours de l’année écoulée, nous avons pris des mesures avec une coalition historique de partenaires internationaux pour dégrader le complexe militaro-industriel de la Russie et réduire les revenus qu’elle utilise pour financer sa guerre », a commenté la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans le communiqué. Depuis février 2022, plus de 2 500 mesures de sanctions économiques visant la Russie ont été prises par le Trésor américain, en coordination avec les alliés et partenaires des États-Unis, et plus de 30 pays ont pris des mesures similaires.

Londres a de son côté annoncé « de nouvelles sanctions interdisant l’exportation de tous les articles trouvés par l’Ukraine, ayant été utilisés par la Russie sur le champ de bataille ». Sont visés par les sanctions britanniques des responsables du géant russe de l’énergie atomique, Rosatom, mais aussi le PDG de Nord Stream 2, et ancien responsable de la sécurité de Vladimir Poutine, Mattias Warnig.

Plus globalement, les dirigeants des pays du G7 ont menacé de « coûts sévères » les pays qui continueraient à aider la Russie à contourner les sanctions imposées en raison de son invasion de l’Ukraine. « Afin de dissuader partout dans le monde ce type d’activités, nous prenons des mesures contre les acteurs de pays tiers qui apportent un matériel à la guerre menée par la Russie en Ukraine », déclarent les dirigeants du G7 dans un communiqué.

Ces sanctions, selon la même source, comprennent notamment « des restrictions plus strictes en matière d’exportation de technologies et de biens à double usage, des mesures restrictives ciblées contre les personnes et les entités qui soutiennent la guerre, diffusent de la propagande ou livrent des drones utilisés par la Russie dans la guerre et des mesures contre la désinformation russe ». L’AFP, citant des sources diplomatiques, évoque de nouvelles restrictions des exportations de l’UE vers la Russie pour 11 milliards d’euros, le gel des avoirs de trois banques russes et de nombreuses entités, dont des entreprises iraniennes, accusées de fournir des drones à Moscou. La liste des entités sanctionnés comprend 120 noms, mais elle restera confidentielle jusqu’à sa publication dans le Journal officiel de l’UE.

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