Selon la publication, les relations bilatérales ont connu une évolution rapide, depuis leur officialisation en vertu des accords d’Abraham. Au cours des deux dernières années, le volume des échanges économiques a considérablement augmenté, tandis que la coopération a concerné divers domaines, de la défense et la sécurité à la culture, en passant par le tourisme et la recherche.
Dans ce sens, le Maroc bénéficie de ses relations avec Israël « pour renforcer davantage ses capacités militaires face aux menaces du Front Polisario séparatiste », qui reçoit « le soutien de l’Algérie et de l’Iran », souligne l’institut. Malgré ces évolutions qualifiées d’« impressionnantes » par le centre d’études, les liens bilatéraux n’ont pas encore permis de faire évoluer les bureaux de liaison des deux pays en ambassades.
Ainsi, le document d’analyse expose quelques scénarios, selon lesquels « la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental facilitera la levée des obstacles et ouvrira la voie à de nouveaux progrès » dans la normalisation et dans un contexte international plus large. A ce titre, l’institut rappelle que la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara « a suscité une détermination renouvelée au Maroc d’intensifier les efforts pour renforcer le soutien international » à sa proposition d’autonomie, faisant ainsi que l’Espagne, l’Allemagne, le Portugal et les Pays-Bas emboîtent le pas à Washington.
La même source a souligné que la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara aurait « des avantages importants pour le renforcement des relations entre Israël et le Maroc, ainsi que la promotion des intérêts d’Israël dans des contextes plus larges ». Cette évolution diplomatique, selon l’institut qui insiste sur le statut des bureaux de liaison, permettrait l’échange de visites officielles à un plus haut rang « avec le roi Mohammed VI – une démarche pour laquelle Israël a œuvré à plusieurs reprises au cours des deux dernières années ».
L’autre avantage possible pour la partie israélienne, « bénéfique pour les deux pays », a trait, lui, à « l’expansion des relations économiques ». A cet effet, la première étape pouvant être mise en œuvre serait « la signature d’un traité de protection des investissements, en cours de négociation depuis près de deux ans », ajoute le document. Ce traité « offrira une protection juridique aux investisseurs israéliens au Maroc et pourra faciliter l’accès à l’arbitrage international, en cas de différends, à l’instar du traité d’investissement signé avec les Emirats arabes unis en 2021 », souligne-t-on.
Le quatrième avantage, d’après le Centre, concerne « le domaine des relations multilatérales », à travers « un soutien du Maroc à Israël » dans les rencontres internationales et d’« une aide à l’élargissement du cercle de la normalisation ».
Dans ses scénarios concernant l’évolution des relations entre Rabat et Tel-Aviv, l’institut indique par ailleurs que le royaume restait encore précautionneux sur certains engagements, qui pourraient même être « sujets à annulation ». Cette crainte découle « des considérations internes et arabes du Maroc », selon le Centre qui rappelle l’engagement historique et de longue date de Rabat en faveur de la cause palestinienne, laquelle reste « très populaire auprès de nombreux Marocains et dans l’ensemble du monde arabe ».
Le Centre ajoute également que le soutien affiché du Maroc à la Palestine et aux musulmans d’Al-Qods occupée a été réaffirmé à plusieurs reprises par de hauts responsables, y compris par le roi Mohammed VI, président du Comité Al-Qods. Selon l’institut, cet aspect « limite la capacité à étendre les relations avec Israël pendant les périodes d’escalade de tension israélo-palestinienne ». Preuve en est que des responsables marocains ont souvent exprimé leurs critiques à l’égard des actions israéliennes envers les Palestiniens et dans le Mont du Temple.
Jeudi 27 juillet 2023, le Maroc a en effet réitéré sa condamnation de la persistance des incursions par certains responsables israéliens dans la Mosquée Al-Aqsa et son esplanade à Al-Qods, avec la participation de certains extrémistes parmi leurs partisans. Citant une source au ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, l’agence MAP a souligné que Rabat insistait sur son « refus total de tous les agissements unilatéraux visant à nuire aux efforts d’apaisement », ainsi que sur « le maintien du statut juridique et historique établi dans la ville d’Al-Qods et la Mosquée Al-Aqsa ». Dans ce sens, le royaume a appelé à « éviter toutes les formes d’escalade et de provocation ».
Le centre d’études retient en effet que la politique d’Israël et du gouvernement Netanyahu d’étendre l’occupation en Cisjordanie, sans progression vers une résolution de la question palestinienne, « pourraient poser des défis » au renforcement des relations entre Rabat et Tel-Aviv. Ces actions pourraient également amplifier les critiques et les condamnations exprimées à l’égard des liens bilatéraux dans certains milieux politiques au Maroc, où « l’opinion publique reste fortement hostile envers Israël », selon la même source.