Pedro Sánchez, président du gouvernement espagnol, se rendra au Maroc «dès que possible», a assuré le ministre de la présidence, Félix Bolaños, lors d’une conférence de presse. Le responsable a insisté sur le fait que les voies diplomatiques sont à l’œuvre pour assurer ce voyage dans les plus brefs délais, rapporte EFE. Un voyage qui ne dépend plus que de son agenda et de celui du roi du Maroc, a ajouté F. Bolaños.
Pour rappel, José Manuel Albares, ministre des Affaires étrangères espagnol, devait se rendre au Maroc vendredi, mais cette visite a été reportée. Selon des sources diplomatiques, ledit accompagnera le président du gouvernement lors de sa visite au Maroc.
Alors qu’à droite, comme à gauche de l’échiquier politique ibérique des voix s’élèvent pour critiquer la politique pro-marocaine de l’Exécutif, on notera que plusieurs ministres espagnols ont mis l’accent sur l’importance de la nouvelle feuille de route entamée entre l’Espagne et le Maroc et les perspectives qui s’ouvrent pour développer davantage les liens de coopération entre deux pays voisins et amis.
Isabel Rodriguez, ministre de la Politique territoriale et porte-parole du gouvernement espagnol, a défendu le lancement de cette « nouvelle feuille de route » pour garantir la stabilité et le progrès des relations bilatérales.
La nouvelle ère initiée entre les deux pays est « importante » pour aller de l’avant dans les relations bilatérales, non seulement dans le domaine culturel, de proximité et de voisinage, mais aussi dans ceux économique, de la gestion des flux migratoires et de la lutte contre le terrorisme, a relevé I. Rodriguez dans des déclarations aux médias. « Une nouvelle étape d’espoir s’ouvre » entre les deux pays pour donner une dimension plus globale aux relations de bon voisinage et de coopération, a assuré la porte-parole du gouvernement.
Felix Bolanos, ministre de la Présidence espagnole, s’est aussi félicité de la détermination des deux pays d’entamer une « nouvelle étape de coopération, de collaboration, d’accords et de loyauté », soulignant l’importance de sceller un partenariat solide avec le Maroc.
La prochaine visite du président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, au Maroc, à l’invitation du Roi Mohammed VI, sera « le point de départ » d’une relation renouvelée dont « nous commencerons bientôt à voir les résultats », a-t-il souligné.
Jeudi, le Roi a eu un entretien téléphonique avec le Président du Gouvernement espagnol. Au cours de cet échange, le Roi a réitéré sa haute appréciation pour le contenu du message qui Lui a été adressé, le 14 mars, par le Président du Gouvernement espagnol. Ce dernier, rappelle-t-on, avait souligné que « l’Espagne considère l’Initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend » au sujet du Sahara marocain.
Les Russes surpris ?!
La Russie a finalement commenté, deux semaines après, l’appui de P. Sanchez à l’initiative marocaine prévoyant d’accorder une autonomie au Sahara occidental. Igor Belyaev, ambassadeur russe en Algérie, a laissé entendre que le gouvernement russe s’est dit «surpris par ce revirement».
«Historiquement, et de par son statut d’ancienne puissance coloniale, l’Espagne assume une responsabilité particulière envers le peuple sahraoui. Durant des décennies, le gouvernement espagnol a soutenu le droit du peuple sahraoui», a souligné l’ambassadeur russe dans une interview accordée jeudi à la chaîne TV Ennahar. Le diplomate a attribué ce «revirement» de Madrid sur ce dossier à des «pressions exercées par certaines parties», mais sans les citer nommément.
Il a aussi réaffirmé la position de son pays sur le différend régional. «Nous continuons de soutenir les résolutions des Nations unies, notamment les résolutions du Conseil de sécurité relatives à cette question. Nous appuyons également les efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, M. De Mistura», a-t-il dit.
Le diplomate russe a révélé avoir rencontré, récemment, l’émissaire onusien à Alger lors de sa première tournée dans la région. «Il a une volonté de relancer les négociations directes entre les deux parties du conflit, à savoir : le Maroc et le Front Polisario. Nous devons appuyer ces efforts pacifiques», a-t-il précisé.
L’ambassadeur a, par ailleurs, indiqué que la mission principale de la MINURSO «est d’organiser un référendum» dans la région. Il convient de rappeler que depuis 2007, l’instance exécutive de l’ONU a complètement mis sous le boisseau cette option au profit d’une «solution politique mutuellement acceptée par les parties».
La dernière résolution 2602, adoptée le 29 octobre 2021, a en effet plaidé pour «une solution politique réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations unies à cette fin».
Un texte que la Russie, au même titre que la Tunisie, s’est abstenue d’approuver, au motif qu’il «ne contribuera pas» à mettre un terme au conflit. Son représentant à l’ONU avait alors dénoncé les termes utilisés dans la résolution comme «démarches réalistes» et de «compromis», estimant qu’ils «prolongent l’ambiguïté», apportant ainsi davantage d’eau aux moulins de l’Algérie et du Polisario qui ne cessent de défendre la solution de l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara.
Bronca à Alger
De leur côté, les responsables algériens se relaient pour protester publiquement contre l’appui de P. Sanchez à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara occidental. Pas un jour ne passe sans qu’ils agitent une nouvelle menace contre Madrid. Toufik Hakkar, PDG du groupe Sonatrach, est le dernier à avoir tiré une salve contre l’Espagne, selon l’APS.
«Depuis le début de la crise en Ukraine, les prix du gaz et du pétrole explosent. L’Algérie a décidé de maintenir, pour l’ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects. Cependant, il n’est pas exclu de procéder à un recalcul des prix avec notre client espagnol», a déclaré le responsable, vendredi à Alger.
Une possible révision qui devrait bénéficier aux Etats-Unis, d’autant que depuis la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe, décidée fin octobre par le président algérien, les exportations de gaz US vers l’Espagne suivent une courbe ascendante.
En février, le voisin du Nord a produit 12 472 gigawattheures (GWh) d’électricité à partir de gaz provenant des Etats-Unis, soit 32,9% du total des importations de ce produit, contre 8 801 à l’Algérie, soit 23,2%, indiquent des statistiques officielles de la société Enagás, chargée du maintien et du développement des infrastructures gazières en Espagne.
«Il est clair que l’Algérie va réviser tous les accords avec l’Espagne, dans tous les domaines, pour voir comment la relation évolue à l’avenir», avait souligné Chakib Rachid Kaïd, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, dans des déclarations à la presse. Le diplomate a, d’ailleurs, invité ses «amis espagnols» à revenir sur le soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental.
La semaine dernière, c’est sous couvert d’anonymat qu’une «source officielle algérienne» a déclaré au quotidien El Confidencial, que son pays envisage de «privilégier l’Italie comme centre névralgique du gaz dans le sud de l’Europe au détriment de l’Espagne». Et d’annoncer dans les semaines à venir «une réponse globale et multiforme à plusieurs niveaux au changement de position de l’Espagne sur le dossier du Sahara».
La présidence de la république algérienne a annoncé, vendredi 1er avril, qu’Abdelmadjid Tebboune s’est entretenu au téléphone avec Mario Draghi, Premier ministre italien. CQFD…