Dans une vidéo sur Twitter, le président ukrainien, flanqué de gardes armés, accueille N. Pelosi et une délégation du Congrès devant la présidence à Kiev, avant une réunion avec la délégation américaine. « Notre délégation s’est rendue à Kiev pour envoyer un message sans équivoque et retentissant au monde entier : les États-Unis sont aux côtés de l’Ukraine », selon un communiqué de la délégation US publié à l’issue de la visite de leur délégation. Celle-ci doit se rendre ensuite en Pologne. « Un soutien américain supplémentaire est en route », soulignent les parlementaires américains qui assurent qu’ils vont « transformer la forte demande de financement du président Biden en un paquet législatif ».
V. Zelensky, président ukrainien, s’est de son côté félicité des « signaux très importants» en provenance de Washington, dont le programme « Lend-Lease » (prêt-bail, en français) pour l’Ukraine. Ce dernier prévoit de fournir aux pays amis du matériel de guerre sans intervenir directement dans le conflit.
Cette visite intervient une semaine après le déplacement à Kiev d’Antony Blinken, chef de la diplomatie US et de Lloyd Austin, ministre de la Défense au cours duquel les deux responsables y ont annoncé le retour progressif d’une présence diplomatique américaine en Ukraine et une aide supplémentaire, directe et indirecte, de plus de 700 millions de dollars.
La visite de N. Pelosi a eu lieu alors qu’un premier groupe de civils a été extrait dans la nuit de samedi à dimanche de l’aciérie Azovstal, dernière poche de la résistance à Marioupol, à l’issue d’intenses négociations. Toutes les précédentes tentatives d’évacuation avaient échoué dans cette zone, presque entièrement détruite après des semaines de siège et passée sous le contrôle quasi-intégral des forces russes.
Le bataillon ukrainien Azov, qui défend cette zone industrielle, a évoqué « 20 civils, des femmes et des enfants ». Mais le ministère russe de la Défense a lui affirmé que deux groupes de civils, de 25 et 21 personnes, avaient pu en sortir samedi, après l’instauration d’un cessez-le-feu et l’ouverture d’un couloir humanitaire.
La conquête totale de Marioupol permettrait à Moscou de faire la jonction entre les territoires conquis dans le sud, notamment la péninsule de Crimée annexée en 2014, jusqu’aux républiques séparatistes pro-russes de Donetsk et Louhansk, à l’est. C’est justement dans ce flanc oriental que l’armée russe, numériquement supérieure à son adversaire ukrainien et mieux dotée en artillerie, grignote du terrain, en cherchant à le prendre en étau depuis le nord et le sud afin de compléter son emprise sur le bassin minier du Donbass. Il s’agit de la « deuxième phase » de « l’opération militaire spéciale » lancée le 24 février par la président russe Vladimir Poutine, après le retrait des forces russes du nord de l’Ukraine et de la région de Kiev, mises en échec.
En attendant, un projet de résolution a été présenté à la chambre des représentants du Congrès US pour permettre aux troupes américaines d’intervenir directement dans la guerre en Ukraine. Adam Kinzinger, membre républicain de la Chambre des représentants des États-Unis, est l’auteur dudit projet qui évoque « l’autorisation de l’utilisation des forces militaires américaines pour défendre l’Ukraine, si la Russie utilise des armes de destruction massive ».
Selon la note explicative du projet, publiée sur le site web du député, si l’initiative est approuvée, « le président des États-Unis sera autorisé à utiliser nos forces pour répondre à la Russie si des armes chimiques, biologiques ou nucléaires sont utilisées contre l’Ukraine ».
« Après avoir parlé au secrétaire d’État Anthony Blinken et entendu ses sérieuses inquiétudes concernant l’utilisation possible d’armes chimiques par le président russe Vladimir Poutine, je suis convaincu que les États-Unis démontreront à la communauté internationale qu’ils ne toléreront pas une violence excessive », a déclaré Kinzinger.
Selon le membre du Congrès, cette résolution vise à garantir que l’administration américaine puisse prendre « les mesures appropriées si la Russie utilise des armes chimiques, biologiques ou nucléaires », soulignant que « nous devons défendre l’humanité, et le faire avec nos alliés ».
L’administration Biden a jusqu’à présent rejeté la possibilité d’envoyer directement des forces US en Ukraine, expliquant qu’un tel scénario augmenterait les risques d’un affrontement militaire direct entre la Russie et l’OTAN pouvant déclencher une 3ème guerre mondiale.