«L’Arctique n’est pas le territoire de l’Alliance de l’Atlantique Nord », a souligné le ministre russe, fustigeant une « volonté de mondialisation et de légitimation » du bloc militaire piloté par Washington « de s’affirmer non plus comme un Atlantique Nord, mais comme un gendarme mondial ». Le ministre russe a notamment rappelé que le Conseil de l’Arctique, qui réunit notamment la Russie et les États-Unis, avait adopté une déclaration commune soulignant la nécessité de préserver l’Arctique en tant que zone de stabilité et de coopération. « C’est déjà un exploit que de telles paroles soient prononcées dans le climat actuel », a souligné S. Lavrov à cet égard.
L’intérêt de l’Alliance pour la région Arctique n’a eu de cesse de se renforcer au cours des dernières années, notamment sous couvert du conflit ukrainien. Dernier épisode en date, l’annonce par le général James Hecker, à la tête du commandement aérien de l’OTAN logé à la base aérienne de Ramstein en Allemagne, que l’Alliance se penchait sur la création d’un nouveau centre conjoint de contrôle des opérations aériennes… dans l’Arctique. Zone où le général américain a jugé « préoccupante » la présence de la Russie. « Nous allons exploiter cette relation étroite entre les nations arctiques et les connaissances que vous apportez pour y parvenir », a-t-il déclaré le 17 septembre, lors d’une table ronde avec des représentants des forces aériennes suédoises et norvégiennes, à l’occasion de l’Air, Space & Cyber Conference de l’Air & Space Forces Association. J. Hecker a assuré avoir l’approbation du général Chris Cavoli, chef du Commandement des forces des États-Unis en Europe (EUCOM), pour explorer cette idée, a relaté le magazine Defense One.
« Cela ne signifie pas que c’est une affaire conclue », a notamment tempéré le gradé auprès de l’hebdomadaire américain, notant que cette proposition devait encore être soumise aux dirigeants de l’OTAN.
Cité par National Defense, un autre gradé américain, le lieutenant-général Case Cunningham, à la tête du commandement de l’Alaska, a pour sa part estimé que la « chose la plus inquiétante » concernant la Russie en Arctique était l’accès qu’elle pouvait y donner à la Chine. En mars, l’OTAN avait mené de grandes manœuvres au-delà du cercle polaire arctique sur les territoires de la Norvège ainsi que de la Finlande – fraîchement intégrée à l’Alliance – et de la Suède qui, elle, n’était alors pas encore membre.
« Camps de concentration »
La Russie dispose de données quant à la création, par les forces de Kiev, de ce qui s’apparente à des « camps de concentration » dans la zone frontalière, a déclaré vendredi Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, lors de son briefing hebdomadaire.
« Il existe de nombreux témoignages, qui ont été recueillis par le siège de la Croix-Rouge russe à Koursk. En fait, il existe simplement des données directes, preuve de la création par des militants des forces armées ukrainiennes dans les zones frontalières russes de quelque chose qui ressemble à des camps de concentration, où, sous la menace d’une arme, ils placent les résidents locaux qui, pour diverses raisons, ne pouvaient pas quitter les zones dangereuses », a déclaré la diplomatie russe. Une déclaration qui fait écho à un rapport du Bureau de l’Inspecteur général de l’armée américaine, mis en ligne le 18 septembre. « Le personnel du DoD a peut-être détourné des fonds alloués en formant une unité ukrainienne qui a peut-être commis une violation flagrante des droits de l’homme, entraînant une violation de la loi Leahy », stipule notamment ce document daté du 16 septembre. La loi Leahy interdit à Washington de fournir une assistance militaire à des forces de sécurité étrangères dès lors qu’il existe des informations crédibles indiquant que celles-ci ont pu commettre de graves violations des droits de l’homme. « Si le Pentagone l’admet, alors vous pouvez imaginer ce que faisaient réellement les instructeurs ou les assistants du Pentagone… La raison pour laquelle il a fallu attendre ce rapport n’est pas claire, car seul un fou ne connaît pas les violations des droits de l’homme en Ukraine », a estimé la diplomate. Le rapport ne précise toutefois pas de quelle unité il s’agit. « Cela n’a pas d’importance : les forces armées ukrainiennes se sont depuis longtemps transformées en une armée nazie qui commet des crimes odieux contre des civils », a ajouté la diplomate russe. M. Zakharova a notamment renvoyé à la documentation faite, par des médias occidentaux eux-mêmes, de la présence « d’authentiques néonazis » dans les rangs d’unités ukrainiennes. Le 12 septembre, les agences TASS et RIA Novosti, citant un rapport de Rodion Mirochnik, ambassadeur itinérant du ministère russe des Affaires étrangères indiquaient que dans les zones occupées par les forces de Kiev dans la région de Koursk, des « camps de concentration » auraient été construits. « Entre 70 et 100 civils ont été conduits de force dans les sous-sols de l’internat de Soudja, soumis à des violences morales et utilisés pour filmer des reportages de propagande par des journalistes ukrainiens et étrangers arrivés illégalement avec des militants du territoire ukrainien », signale entre autre ce rapport, cité par les deux agences de presse.