Un haut responsable du Fatah, mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas, figure parmi les victimes. Les combats opposent depuis samedi soir un groupe islamiste palestinien au mouvement Fatah dans les ruelles étroites du camp d’Aïn el-Héloué, qui abrite plus de 60 000 réfugiés.
Les belligérants utilisent des mortiers, des roquettes anti-char et des armes automatiques dans ces combats qui ont débordé sur la ville voisine de Saïda, la troisième agglomération du Liban, où des vitres ont été brisées par des balles. Un obus de mortier s’est également abattu sur un barrage de l’armée libanaise, située à l’une des entrées du camp. Les explosions et le crépitement des armes automatiques s’entendent dans toute la ville de Saïda, où les habitants ont préféré se terrer chez eux.
Avec la poursuite des combats, un mouvement d’exode des habitants d’Aïn el-Héloué vers des lieux plus sûrs a été enregistré dimanche, après l’échec de médiations locales pour un cessez-le-feu. Les combats ont éclaté après une tentative d’assassinat samedi d’un chef islamiste palestinien, Abou Qoutada, qui a été blessé. Les islamistes ont transformé en bastion un quartier important d’Aïn el-Héloué où le Fatah reste l’organisation la plus influente.
Ces combats d’une rare violence coïncident avec le début d’un dialogue inter-palestinien au Caire avec la participation du Fatah et du mouvement islamiste Hamas. C’est dans les locaux gouvernementaux flambant neuf de la nouvelle capitale d’été, New Alamein sur la Méditerranée, que l’Égypte a réuni les factions palestiniennes dimanche. Une manière de montrer que, malgré les tentatives du Qatar et de la Turquie, l’Égypte reste le médiateur incontournable dans les affaires inter-palestiniennes.
Depuis deux ans, l’Égypte, qui prenait fait et cause pour le Fatah, s’est réconciliée avec son principal adversaire, le mouvement islamiste Hamas. Une réconciliation qui a pratiquement permis de mettre fin aux attaques de l’État islamique dans le Sinaï puisqu’il a perdu la base arrière qu’était Gaza. Elle a aussi permis d’adoucir un tant soit peu les dures conditions de vie des habitants de Gaza et donc de renforcer le Hamas.
On ne se fait par contre pas trop d’illusions en Égypte sur les chances d’une réconciliation palestinienne. Trois factions, dont le Jihad islamique, ont annoncé ne pas participer à la conférence.
Les combats qui continuaient lundi à Aïn el-Héloué soulèvent nombre d’interrogations parmi les observateurs. D’aucuns y voient la main occulte d’Israël qui tente de la sorte d’évacuer la pression exercée par les combattants palestiniens sur ses forces en Cisjordanie. D’autres y voient une tentative désespérée de Tel-Aviv pour minorer les acquis des Libanais, forts des promesses du Hezbollah, sur la voie de la récupération des terres encore sous occupation israélienne. Au-delà de ces considérations, cette nouvelle effusion de sang entre Palestiniens risque de s’inscrire dans la durée. Ce qui met à rude épreuve les forces de sécurité libanaises qui, pour l’heure, tentent de dégager une issue via des négociations…