Appelé à faire le bilan sur une année de la nouvelle ère dans les relations entre le Maroc et l’Espagne, E. Mayara, a profité de l’occasion pour réaffirmer « la marocanité de Sebta et Melilla » et plaidé « pour mettre fin à la colonisation » des deux présides « par une solution négociée, sans recourir aux armes ». Aux yeux du quatrième homme de l’Etat marocain, « Sebta et Melilla ne feront pas l’objet de chantage », rapporte l’agence de presse EFE. Une solution politique déjà proposée par les rois Hassan II et Mohammed VI.
E. Mayara a, par ailleurs, exhorté la communauté marocaine installée en Espagne « d’adhérer aux partis espagnols et de participer aux élections pour aider à rapprocher les positions entre les deux pays et former, ainsi, un lobby pour aider à défendre toutes les causes liées à la patrie, le Maroc », souligne la même source.
Ces propos interviennent alors que des formations politiques et organisations professionnelles et religieuses dans les Présides réclament la révision du Traité de Bon Voisinage, d’Amitié et de Coopération, de 1991, et l’ouverture des douanes en vue d’arracher une reconnaissance officielle de la part du Maroc de la souveraineté espagnole sur les deux présides.
Les déclarations d’E. Mayara ont trouvé écho dans les médias en Espagne, même si elles ne constituent pas un précédent. Tous les officiels marocains ont défendu la marocanité des deux villes spoliées. Pour rappel, en mars 2021 Saad-Edddine El Othmani, alors chef du gouvernement, avait réitéré dans des déclarations à la presse arabe, que « Sebta et Melilla sont marocaines, comme pour le Sahara », tout en affirmant que « le statu quo depuis cinq ou six siècles » ne peut durer éternellement. « Le jour viendra pour ouvrir » ce dossier, avait-t-il précisé. Des déclarations qui avaient soulevé l’ire du gouvernement et des partis espagnols.
Depuis Madrid, le gouvernement espagnol a réagi aux déclarations du président de la Chambre des conseillers. Les deux villes sont « espagnoles comme Zamora ou Palencia et il n’y a plus rien à discuter sur ce sujet » a affirmé lundi 10 avril Margarita Robles, ministre espagnole de la Défense. « La position du gouvernement espagnol est claire et ferme et il n’y a aucune possibilité de débat sur ce sujet », a-t-elle précisé.
La réponse de M. Robles, relayée par les médias, rappelle celle qu’elle avait faite en 2021, en riposte aux propos de S. El Othmani. « Il n’y a pas de débat, il n’y a pas de question, Ceuta et Melilla sont entièrement espagnoles. Il n’y a aucun doute là-dessus. Elles sont autant espagnoles que Madrid et Ciudad Real ou n’importe quelle autre ville espagnole », avait-elle estimé. Elle avait aussi exprimé son opposition à l’ouverture de toute négociation avec le Maroc sur l’avenir des deux présides, soulignant que « le gouvernement marocain connait la position de l’Espagne sur ce sujet ».
A rappeler que le débat passionné de part et d’autre sur ce dossier éminemment colonial intervient à l’heure où Nizar Baraka, leader de la formation istiqlalienne et ministre de l’Equipement et de l’Eau, a coprésidé à Madrid,, avec Raquel Sanchez, son homologue espagnole, une nouvelle réunion de la Commission mixte maroco-espagnole pour la liaison fixe entre les deux pays à travers le Détroit de Gibraltar, rapportent des médias ibériques.
« Après quatorze ans, depuis Tanger en octobre 2009, nous allons donner une impulsion aux études d’un projet d’une importance géostratégique maximale pour nos pays et pour les relations entre l’Europe et l’Afrique », a indiqué dans une allocution prononcée au début des travaux de la session, R. Sanchez, ministre espagnole du Transport, Mobilité et de l’Agenda urbain. « Nous commençons une nouvelle étape de la relance du projet de liaison fixe à travers le Détroit de Gibraltar, que nous avons lancé en 1981, main dans la main », s’est-elle félicitée. La ministre a tenu à préciser que le plan de relance comprend 2,3 millions d’euros de fonds européens destinés à mettre à jour les études liées au projet.
Pour rappel, la Déclaration conjointe publiée à l’issue de la Réunion du haut niveau, organisée le 1er et 2 février à Rabat, a souligné que « les deux Parties se sont également accordées sur le besoin de développer davantage la connectivité (infrastructures etc.) et faciliter la mobilité entre les deux pays. Dans ce sens, elles se félicitent de la signature des MOU dans le domaine des infrastructures et du transport visant à renforcer la coopération sectorielle ».