Au cours de la présentation du ministre, les préoccupations concernant l’absence de certains médicaments sur le marché ont été mises en lumière. Parfois, les alternatives génériques sont disponibles en lieu et place des médicaments d’origine, ou inversement. Le ministre a précisé que l’année précédente, le Maroc a connu une rareté notoire de 30 médicaments vitaux, alors qu’entre 5 et 6 médicaments supplémentaires montrent des signes de pénurie pour l’année en cours.
Cette réalité, qui met en danger l’accès aux soins pour les Marocains, est rendue plus complexe par le tissu industriel du secteur, lequel regroupe 56 entreprises pharmaceutiques industrielles et génère environ 65.000 emplois, a-t-il ajouté. L’industrie nationale, découplée d’un système de prix régulés par les autorités publiques, est susceptible de rencontrer des difficultés dans sa capacité à produire localement certains médicaments, surtout en période de hausse des coûts de production, a noté le responsable. En effet, en dépit d’une couverture de 54% de la valeur des médicaments achetés sur le sol marocain, et de 75% en termes de volume, la dépendance à l’importation reste forte.
Pour pallier ces carences, le ministre a annoncé une volonté affirmée de renforcer la production locale. Cependant, cette démarche s’accompagne d’un défi concurrentiel majeur face à des pays comme l’Inde et la Chine, où les matières premières sont proposées à des tarifs considérablement plus bas. Dans un souci d’assurer une continuité d’approvisionnement, le responsable a insisté sur la nécessité pour les industries pharmaceutiques de respecter scrupuleusement les réglementations en vigueur, accompagnées d’une surveillance accrue et d’un contrôle rigoureux des licences d’exploitation. « Nous confirmons à ces usines que la licence que nous leur accordons pour fabriquer ou importer des médicaments sera mise en danger s’ils ne respectent pas leurs obligations », a-t-il alerté..
Sur le front des réformes, des mesures significatives ont été mises en œuvre pour simplifier la dynamique d’enregistrement des médicaments, réduisant le processus de deux ans à un délai de six mois grâce à un système numérique plus efficace. Cette stratégie vise non seulement à rationaliser les démarches administratives, mais aussi à garantir l’approvisionnement continu avec des produits de qualité en provenance de pays partenaires.
Dans une quête de dynamisation du secteur, le gouvernement travaille également à réformer le système de tarification des médicaments, dissociant la délivrance de licences de la détermination de leurs prix pour créer un environnement propice à l’exportation. Ce tournant stratégique a pour ambition d’inciter les investisseurs à développer des unités de production capables de répondre à la demande croissante, tout en augmentant la compétitivité de l’industrie pharmaceutique marocaine sur la scène internationale.
A signaler que Rachid Hamouni, président du groupe du Progrès et du Socialisme à la Chambre des représentants, avait mis le doigt sur une réalité des plus alarmantes. Il a vivement critiqué la Direction du médicament, de la pharmacie et du laboratoire, et partant le ministère de la Santé et de la Protection sociale, au sujet de la qualité des médicaments consommés par les Marocains, en dénonçant l’absence de tests de bioéquivalence que la réglementation en vigueur exige ! Le député a mis au défi la Direction concernée de prouver qu’elle effectue réellement ces tests sur les médicaments importés au Maroc.
Relevant que R. Mezzour avait mentionné l’existence de 56 établissements pharmaceutiques industriels au Maroc, il s’est interrogé sur la réalité de leur activité. Tout en reconnaissant l’engagement de certaines entreprises nationales qui produisent intégralement leurs médicaments et génèrent de l’emploi, il a dénoncé d’autres acteurs qui violent la loi sur les médicaments et la pharmacie. Cette dernière exige qu’une entreprise possède une usine, et non qu’elle se limite à louer un appartement pour y poser l’emballage des médicaments, pratique jugée inacceptable. Il a souligné que cette situation entraîne une fuite de devises, freine la création d’emplois et nuit à l’économie nationale.
Le député a également pointé du doigt les multinationales qui, selon lui, implantent des bureaux au Maroc avec à peine cinq employés, tout en bénéficiant de licences pour des médicaments déjà fabriqués localement, ce qui fragilise l’industrie nationale.
Concernant les médicaments génériques, R. Hamouni a précisé que leur promotion ne garantit pas nécessairement une réduction des coûts, ceux-ci étant aussi tributaires du prix des matières premières, qui connaît une hausse significative. Il a toutefois cité des réussites notables, notamment la production nationale d’un traitement contre l’hépatite virale, qui est passé d’un million de dirhams à seulement 3.000 dirhams, permettant sa prise en charge par les systèmes d’assurance maladie et son exportation vers d’autres pays. Il a par ailleurs révélé l’existence de lobbies influents, plus puissants encore que ceux de l’industrie de l’armement, qui entravent délibérément l’octroi des autorisations de mise sur le marché des médicaments, rallongeant ainsi les délais à six ou sept ans. Cette situation favorise le monopole et la flambée des prix.
Enfin, l’élu a remis en question la méthode de fixation des prix des médicaments par la Direction du médicament, affirmant qu’elle ne respecte pas les standards internationaux et suscite de nombreuses interrogations. Il a souligné que la hausse des prix impacte négativement les caisses de protection sociale et le chantier de la couverture sanitaire, les citoyens étant contraints de financer 50 % du coût des médicaments de leur propre poche, les tarifs de remboursement officiels ne reflétant pas les prix réels du marché. Comme il a insisté sur l’importance cruciale de garantir la souveraineté nationale en matière pharmaceutique, une nécessité mise en lumière par la pandémie de Covid-19, au cours de laquelle les fabricants marocains ont joué un rôle clé dans l’approvisionnement du marché en médicaments essentiels.