Premier responsable marocain à réagir à la brève parue dans le quotidien français Le Figaro, et non plus son confrère belge Le Soir qui a bénéficié des fuites de la justice belge, on retrouve une fois de plus Lahcen Haddad, conseiller-parlementaire et président de la Commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne (UE). Il a raillé sur Twitter les informations publiées par Le Figaro selon lesquelles les autorités françaises auraient reçu des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de responsables marocains, présumés impliqués dans le scandale de corruption qui ébranle, depuis deux mois, le Parlement européen. « Nous sommes embarrassés, confie un diplomate. Ces personnes ont des enfants en France. Nous n’aimerions pas devoir les arrêter à leur descente d’avions s’ils venaient les voir. Ce sont des gens auxquels on n’aimerait pas toucher. Cela ferait mauvais effet alors qu’Emmanuel Macron doit se rendre prochainement en visite au Maroc », indique sur Twitter le journaliste Georges Malbrunot.
« Alors, les autorités belges ont donc demandé aux autorités françaises d’arrêter les responsables d’un État souverain, le Maroc, indépendant du colonialisme depuis 67 ans ! Ouah ! Je n’arrive pas à croire que je lis ceci en 2023 », a relevé L. Haddad. Et de continuer sur le même temps un tantinet moqueur : « Qu’est-ce que c’est gentil ! “Et maintenant, on les prévient comme ça ils ne viennent pas voir leurs enfants en France !” “Vous voyez la bienveillance française à l’égard du Maroc, surtout que le Président va y aller !” “On ne veut pas gâcher la fête” ! Sûr, c’est un vrai diplomate ?»
La liberté de ton avec laquelle l’ancien ministre marocain du Tourisme a réagi aux assertions du quotidien français peut s’expliquer de deux façons. Soit le Maroc a décidé d’entrer en confrontation directe avec le Vieux Continent avec lequel il partage de grands intérêts économiques, mais pas que… Soit le « tuyau » qui a arrosé la rédaction parisienne depuis la Belgique est crevé. Le bon sens voudrait que ce soit cette dernière supposition qui soit la bonne. Car il ne faut pas être clerc pour convenir que les liens qui lient Rabat à Bruxelles sont éminemment déséquilibrés et que la balance penche plutôt en faveur du « partenaire » européen.
Mais que dit L’Echo, autre média belge qui s’est lui aussi penché sur l’affaire abordée en début de semaine par Le Figaro ? « Contacté à ce propos, le parquet fédéral n’a souhaité ni infirmer ni confirmer l’information. Quant à l’Etat du Maroc, par le biais de son avocat belge, il a nié ces faits », écrit le média belge qui assure que « l’existence de mandats d’arrêts » contre des responsables marocains « pourrait grandement bloquer leurs capacités de déplacements au sein de l’Union européenne ».
La tension qui sourd entre le Maroc et l’Europe depuis que le parlement européen s’est penché sur la question des droits de l’homme au Maroc et enjoint au gouvernement marocain d’élargir les journalistes détenus pour leurs opinions risque-t-elle de prendre une autre trajectoire ? La question, pour légitime qu’elle soit, reste en suspens. La diplomatie marocaine reste fidèle à son habitude en évitant de répondre à ce que les médias colportent. Du coup, le brouillard a tendance à s’épaissir donnant lieu à toutes les élucubrations médiatiques.