Le voyage de retour d’Alejandro Toledo a été suivi en direct par la population et les médias : son départ en chaise roulante de San Francisco, les mains sous une couverture apparemment pour dissimuler des menottes, les quatre heures d’escale à Los Angeles et le vol sous escorte vers l’aéroport de Lima où l’ancien chef d’État a été transféré dans les locaux de l’aviation de la police… avant d’être incarcéré dimanche soir dans une prison de Lima.
L’ex-président a été « mis à la disposition de l’Institut pénitentiaire, qui le conduira à la prison de Barbadillo, où il sera placé en détention provisoire pendant 18 mois », a indiqué sur Twitter le pouvoir judiciaire, qui a rejeté l’assignation à résidence demandée par l’accusé.
Affirmant souffrir de cancer, l’ex-chef d’État avait demandé à bénéficier d’une mesure de détention domiciliaire, qui doit encore être évaluée par la justice. Il souhaite également récupérer la caution d’un million de dollars payée en 2020 aux autorités judiciaires américaines pour obtenir son excarcération.
Vendredi 21 avril, A. Toledo s’était rendu à un tribunal de San José pour être incarcéré en vue de son extradition. L’ex-président, âgé de 77 ans, avait épuisé tous les recours possibles contre cette décision. Depuis 2017, la justice péruvienne le recherchait. A. Toledo, arrêté en 2019 aux USA où il résidait, a finalement retrouvé le Pérou. Å son arrivée à Lima, il était cette fois debout, mais là encore les mains dissimulées.
L’homme qui a présidé le Pérou de 2001 à 2006 est accusé d’avoir reçu 35 millions de dollars de pots-de-vin du groupe de construction brésilien Odebrecht, au cœur d’un vaste scandale en Amérique du Sud, en échange de l’obtention de marchés publics, notamment la construction de la route Océanique Sud entre le Pérou et le Brésil. Il est également accusé de blanchiment de capitaux en utilisant sa belle-mère comme prête-nom.
Après avoir fait l’objet d’un examen médical, A. Toledo a été remis au parquet et doit maintenant purger 18 mois de prison en préventive dans la prison de Barbadillo, dans le quartier d’Ate, à l’est de Lima. Un établissement où sont également emprisonnés deux anciens présidents : Alberto Fujimori (de 1990 à 2000) et Pedro Castillo (de 2021 à 2022). Il risque vingt ans de prison.
