Plusieurs milliers de personnes se sont mobilisées dimanche 19 novembre à Paris à l’appel du monde de la culture pour une « marche silencieuse » et « apolitique » pour la paix au Proche-Orient. Y figuraient l’actrice Isabelle Adjani, l’écrivain Marek Halter et l’ancien ministre de la Culture Jack Lang qui dirige l’Institut du monde arabe (IMA) d’où est parti le cortège. « Les gens sont là pour apaiser. Ils ne pensent pas forcément la même chose. Je soutiens à fond cette manifestation d’unité », a déclaré l’ancien ministre à la presse. Parmi les manifestants, peu de jeunes, des personnes portant un brassard blanc ou agitant un drapeau bleu avec une colombe blanche et le mot « peace », a constaté une journaliste de l’AFP sur place.
Avec une grande banderole blanche et sans slogan, le cortège s’est ébranlé très symboliquement depuis le parvis de l’IMA vers le Musée d’art et d’Histoire du judaïsme. « Nous avons opté pour une neutralité absolue en réponse au bruit des armes, à la vocifération des extrémismes », a déclaré au quotidien Libération l’actrice Lubna Azabal, présidente du collectif à l’origine de cette initiative soutenue par 600 personnalités du monde de la culture. Cette manifestation se tient une semaine après la marche contre l’antisémitisme, suivie par 100 000 personnes à Paris. Le 18 novembre, des mobilisations propalestiniennes pour demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza ont rassemblé des milliers de manifestants à travers la France.
Critiquées pour leur silence dans le conflit qui oppose Israël au Hamas, les personnalités de la culture ont choisi de manifester « en silence », « une autre façon de s’exprimer parce qu’on n’y arrive pas », a résumé sur la chaîne France 5 l’actrice Julie Gayet, membre du collectif. « On a envie de pouvoir exprimer notre tristesse et notre sidération depuis le 7 octobre. L’idée est d’avoir une autre voix, de ne pas choisir un camp à détester », a-t-elle souligné sur RTL. Lubna Azabal, qui dénonce également « les injonctions à choisir son camp », a reconnu avoir eu du mal à attirer les jeunes visages de la musique et du cinéma qui « ont peur de perdre » leurs abonnés sur les réseaux sociaux et de se retrouver « étiquetés y compris dans le cadre d’une initiative aussi fédératrice ». « Je ne veux pas laisser la haine l’emporter, et c’est justement le sens » de cette marche, a pour sa part déclaré au quotidien Le Parisien la comédienne et réalisatrice Agnès Jaoui qui a perdu deux membres de sa famille dans les attaques perpétrées le 7 octobre en Israël et sans nouvelles de trois proches pris en otage.
Engagement assumé
La veille, plusieurs milliers de personnes ont manifesté le 18 novembre en France pour demander un « cessez-le-feu immédiat à Gaza », à l’initiative du collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. À Paris, un cortège comptant plusieurs milliers de manifestants s’est élancé samedi 18 novembre sous la pluie derrière une banderole « Halte au massacre à Gaza et en Cisjordanie, cessez-le-feu immédiat ». « Vive la résistance du peuple palestinien ! », figurait aussi sur une autre banderole.
« L’heure est grave pour nos amis palestiniens », a déclaré à la presse Bertrand Heilbronn, président de l’association France Palestine Solidarité. Décrivant les « indescriptibles souffrances pour le peuple palestinien », réclamant « la fin des bombardements » et « des offensives terrestres » et la « levée du blocus » de Gaza, le militant de la cause palestinienne a également mis en cause la « position illisible » de l’exécutif français « qui fait honte à notre pays ».
« La France doit immédiatement appeler à un cessez-le-feu pour que les armes se taisent », a ajouté Sophie Binet, secrétaire générale du syndicat CGT, l’un des plus importants en France.
À Marseille, plusieurs centaines de personnes se sont réunies près du Vieux-Port. Une minute de silence a été observée pour les victimes palestiniennes, a constaté une journaliste de l’AFP. À Toulouse, un cortège a rassemblé en matinée de 1 200 personnes selon la préfecture à 4 000 selon la CGT.
Après une première vague d’interdictions, plusieurs manifestations de soutien aux Palestiniens ont eu lieu en France, notamment les 4 et 11 novembre, en réaction aux bombardements israéliens sur la Bande de Gaza qui ont suivi l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre.