Sur ce tifo géant, où le message « Free Palestine » était inscrit en grand autour des couleurs bleu et rouge du PSG, on peut voir la mosquée Al-Aqsa avec, en arrière-plan, un drapeau palestinien entaché de sang. Sur le côté droit de la banderole figure un enfant de dos, enveloppé dans un drapeau libanais, alors qu’à gauche, on identifie un militant palestinien, le visage dissimulé derrière un keffieh. Avec ce message au bas de la tribune: « La guerre sur le terrain mais la paix dans le monde ». Une autre banderole a été sortie un peu plus tard dans la soirée : « La vie d’une enfant de Gaza vaut-elle moins qu’une autre ? »
Plus tard dans la soirée, le club parisien a tenu à se désolidariser de ce message. « Le club n’avait pas connaissance du projet d’affichage d’un tel message », a indiqué le PSG dans un communiqué relayé par les médias français. « Le Paris Saint-Germain rappelle que le Parc des Princes est – et doit rester – un lieu de communion autour d’une passion commune pour le football et s’oppose fermement à tout message à caractère politique dans son stade », pouvait-on encore lire.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a, pour sa part, réagi jeudi, au lendemain de la rencontre, demandant au club parisien de « s’expliquer ». « Je demande au PSG de s’expliquer et aux clubs de veiller à ce que la politique ne vienne pas abîmer le sport, qui doit toujours rester un ferment d’unité », a-t-il écrit sur X. Et de poursuivre : « Ce tifo n’avait pas sa place dans ce stade, et de tels messages sont d’ailleurs proscrits par les règlements de la Ligue et de l’UEFA. Si cela devait se répéter, il faudra envisager d’interdire les tifos pour les clubs qui ne font pas respecter les règles ».
Le jour même, l’association CAPJPO-EuroPalestine a déposé un recours auprès du tribunal administratif de Paris pour tenter de faire interdire un gala de soutien à l’armée israélienne, organisé par l’association « Israel is Forever » et prévu le 13 novembre à Paris.
Cet événement, qui se tiendra dans un lieu confidentiel et rassemblera des personnalités pro-israéliennes, comptera notamment la présence controversée de Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances. Au cours de la conférence de presse tenue jeudi matin, les dirigeants d’EuroPalestine ont précisé que leurs accusations ciblent l’association organisatrice, B. Smotrich, et l’armée israélienne.
Nicolas Shahshahani, vice-président d’EuroPalestine, a dénoncé un gala destiné, selon lui, à « collecter des fonds pour soutenir l’armée israélienne et légitimer des actions illégales en territoires palestiniens ». Au micro d’Anadolu, il a insisté sur le caractère « provocant et dangereux » de cet événement, en raison des tensions persistantes dans la région. Il estime que « Israel is Forever » soutient une armée « engagée dans des actes contraires au droit international », notamment un « génocide » dans la bande de Gaza et mentionne un « risque évident de trouble à l’ordre public » si cet événement venait à avoir lieu. Olivia Zemor, présidente de CAPJPO-EuroPalestine, a précisé les accusations envers Nili Kupfer Naouri, présidente de l’association Israel is Forever en rappelant que N. K. Naouri est connue pour ses propos durs et pour avoir publiquement revendiqué des actions visant à bloquer l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza. « Elle a exprimé des appels explicites à la violence, qualifiant les Gazaouis de ‘voisins barbares’ et affirmant que les civils palestiniens ne méritaient pas de vivre », a dénoncé O. Zemor. Selon EuroPalestine, ces déclarations sont une « incitation à la haine » et représentent une atteinte grave à la dignité humaine.
Les dirigeants de l’association ont également fait mention d’un signalement, adressé à la justice française par le député Thomas Portes (LFI) en mars dernier, concernant les propos de N. K. Naouri. EuroPalestine rappelle qu’elle aurait demandé publiquement la « destruction totale de Gaza » et promu une « émigration forcée des Arabes de Gaza », ce qui, selon O. Zemor, constitue une apologie de crimes contre l’humanité.
La présence de B.Smotrich, ministre israélien des Finances et ardent défenseur de la colonisation, est également au cœur de la contestation menée par EuroPalestine. Laquelle accuse également Israel is Forever de récolter des fonds qui pourraient être utilisés pour soutenir directement l’armée israélienne dans ses opérations militaires. Pour O. Zemor, le gala est une tentative de « légitimer des actions illégales » et de collecter des ressources financières pour une armée « qui est accusée de violations des droits humains par plusieurs organisations internationales ». Elle dénonce le fait que cet argent pourrait « financer des actions contre les populations civiles palestiniennes ».
Pour soutenir cette demande d’interdiction, EuroPalestine a fait appel à Maître Rafik Chekkat, qui rappelle que la démarche s’appuie sur des bases juridiques solides. EuroPalestine prévoit un rassemblement de protestation au Trocadéro dans la soirée de jeudi, pour dénoncer ce qu’elle considère comme une violation des valeurs de la France et des principes des droits de l’homme.