L’armée israélienne a émis, vendredi, de nouveaux ordres d’évacuation pour les habitants de plusieurs zones du centre et du sud de la bande de Gaza, qui sont pourtant classées comme « zones de sécurité humanitaire » par l’armée. Dans un communiqué, elle a ordonné aux habitants des quartiers du nord de Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza et des quartiers de l’est de Deir al-Balah dans le centre de la bande de Gaza d’évacuer ces zones. L’armée israélienne affirme que le Hamas « opère » à partir de ces zones et qu’elles seront donc des « zones de combat dangereuses ». Un tour de vis israélien dénoncé par l’ONU.
Autant dire que la quête de trêve qui mobilise les acteurs américains relève de la pure fantaisie. Israël, faisant fi d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat, a fait l’objet d’une condamnation internationale dans le cadre de son offensive brutale continue contre Gaza depuis une attaque en octobre dernier par le groupe de résistance palestinien Hamas. Depuis lors, le génocide en cours contre la bande de Gaza a fait plus de 40 000 martyrs parmi les Palestiniens, en gros des civils.
Plus de 10 mois après le début de la guerre israélienne, de vastes étendues de Gaza sont en ruines au milieu d’un blocus paralysant de nourriture, d’eau potable et de médicaments. Israël est accusé de génocide devant la Cour internationale de justice, qui lui a ordonné de cesser immédiatement son opération militaire dans la ville de Rafah, dans le sud du pays, où plus d’un million de Palestiniens avaient cherché refuge pour échapper à la guerre avant qu’elle ne soit envahie le 6 mai.
A signaler que l’ONU a répondu à l’appel de Mahmoud Abbas pour lui assurer la protection pour se rendre dans la bande de Gaza. Compte tenu de la situation dans la bande de Gaza, il est peu probable que l’ONU puisse assurer la sécurité du président palestinien Mahmoud Abbas pour qu’il se rende dans l’enclave assiégée, a déclaré vendredi un porte-parole de l’ONU. Michele Zaccheo a exprimé son scepticisme. « L’idée que l’ONU puisse assurer la sécurité n’est probablement pas si réaliste à ce stade », a déclaré M. Zaccheo, mentionnant qu’ils reçoivent chaque jour des rapports de collègues humanitaires sur la situation sécuritaire instable à Gaza. « Je pense que les membres du Conseil de sécurité et la famille de l’ONU sont tous très conscients du problème de la sécurité à Gaza et que la responsabilité principale d’assurer la sécurité dans les territoires occupés incombe aux puissances occupantes », a-t-il relevé. Mais il a également déclaré que la sécurité, si elle était possible, ne nécessiterait probablement pas une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.
Lors d’une session extraordinaire jeudi du parlement turc sur la Palestine, M. Abbas a annoncé sa décision d’aller dans la bande de Gaza « avec tous les dirigeants palestiniens », tout en exhortant le Conseil de sécurité à garantir leur accès à l’enclave assiégée.
Par ailleurs, Oussama Hamdan, représentant du Hamas au Liban, a catégoriquement rejeté les rapports israéliens sur l’assassinat de Mohammed Deif, chef militaire du Hamas lors d’une agression barbare du régime occupant contre la bande de Gaza assiégée. Il a affirmé à l’Associated Press que M. Deif, commandant des Brigades Al-Qassam, branche armée du Hamas, se portait bien, en dépit des déclarations des autorités et des médias israéliens qui soutenaient qu’il avait été assassiné.
Selon les déclarations d’O. Hamdan à l’AP, le Hamas est d’avis qu’Israël a prétendu avoir ciblé M. Deif lors de la frappe de juillet pour « justifier le massacre » qui a eu lieu ce jour-là, entraînant la mort de 88 Palestiniens dans un bombardement dans une zone qualifiée de « zone sûre ». Tel Aviv considère M. Deif et Yehya Sinwar, nouveau chef du bureau politique du Hamas, comme les principaux architectes de l’opération-surprise Déluge Al-Aqsa qui a eu lieu le 7 octobre. Y. Sinwar était le chef du Hamas à Gaza avant de remplacer Ismaïl Haniyeh, assassiné lors d’une attaque israélienne à Téhéran le mois dernier. Le haut commandant militaire du Hamas est devenu chef des Brigades Qassam en 2002 après qu’Israël a tué son prédécesseur, Salah Shahada. M. Deif aurait joué un rôle clé dans l’expansion du réseau de tunnels du Hamas, qui s’étend sous la ville de Gaza. Le régime sioniste a qualifié ce système souterrain de « particulièrement complexe », soulignant ainsi la qualité de cette infrastructure.
A rappeler que la résistance palestinienne continue de faire face aux forces israéliennes qui pénètrent dans la bande de Gaza, au 314e jour de la saga du Déluge d’Al-Aqsa, infligeant davantage de pertes à l’armée d’occupation.
Les Brigades Al-Qods, branche militaire du Jihad islamique, ont pris pour cible un rassemblement de soldats et de véhicules d’occupation à proximité de l’école Al-Maarri et du quartier d’Al-Sumairi, au nord-est de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, avec un barrage d’obus de mortier. Et affirmé « qu’un hélicoptère israélien a atterri sur place, coïncidant avec des tirs intenses d’obus d’artillerie, afin d’évacuer les soldats blessés ».
Dans une opération conjointe, les Brigades Al-Qods et les Groupes du martyr Abdul Qader Al-Husseini ont bombardé, avec des missiles 107, des rassemblements de soldats et de véhicules d’occupation dans l’axe Netzarim, au sud-ouest de la ville de Gaza. Les médias militaires des Brigades Al-Qods ont diffusé des images documentant le ciblage de deux chars israéliens avec des obus RPG, au sud du quartier de Tal Al-Sultan, à l’ouest de la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.
Quant aux Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, elles ont ciblé un QG de commandement et de contrôle et des rassemblements de soldats et de véhicules d’occupation dans l’axe Netzarim, avec des missiles 107. Elles ont également diffusé des images de tirs visant des soldats et des véhicules d’occupation dans la région d’Al-Qarara, au nord-est de Khan Yunis, avec des obus de mortier de gros calibre.
Auparavant, les Brigades al-Qassam, ont ciblé le principal rassemblement des forces d’occupation sur le site militaire de Mars, avec des missiles à courte portée Rajum et lancé un drone suicide contre des rassemblements israéliens à l’est de Khan Yunis.
Qalqilya en ébullition
En Cisjordanie occupée, plus d’une centaine de colons extrémistes ont pris d’assaut, jeudi 15 août, le village de Jit près de Qalqilya, au sud de Naplouse. Ils ont tué un jeune palestinien et incendié 4 maisons et 6 véhicules. Ils ont en outre jeté des cocktails Molotov et des pierres contre les habitants de ce village. Le ministère palestinien de la Santé a fait état « d’un martyr et d’un blessé grièvement atteint à la poitrine par les balles des colons ». Des sources palestiniennes ont rapporté que le martyr est le jeune Rashid Abdel Qader Sada (23 ans). Ce décès porte à 633 le nombre de martyrs en Cisjordanie suite aux agression de l’armée d’occupation israélienne et des colons depuis le 7 octobre dernier.
La radio militaire israélienne a cité une source de sécurité disant que cette agression « s’est terminée sans arrestation, tandis qu’un nombre (non précisé) de Palestiniens ont été blessés suite à l’inhalation de gaz lacrymogènes tirés par l’armée (d’occupation). En plus de plusieurs voitures et maisons incendiées ». Les Palestiniens ont pour leur part indiqué que l’armée d’occupation avait assuré la protection des colons et empêché les véhicules de la protection civile (protection civile) d’entrer dans la localité de Jit.
Le Hamas a dénoncé l’agression des colons israéliens et appelé les Palestiniens de Cisjordanie à « se soulever contre l’occupation ». « Nous pleurons l’héroïque martyr Rashid Sada, qui a été tué par les tirs des milices de colons dans le village de Jit, et nous affirmons que ce sang innocent constituera une malédiction pour l’occupation », a ajouté le Hamas qui a indiqué que l’agression contre la localité de Jit est une preuve concluante de l’approche israélienne et de ses plans d’extermination contre les terres et la population de la Cisjordanie.
Cette agression intervient alors qu’Israël mène, avec le soutien des USA, une guerre dévastatrice contre Gaza qui a fait plus de 132 000 martyrs et blessés, pour la plupart des enfants et des femmes, en plus de 10 000 disparus.
Sanctions européennes !
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a annoncé vendredi qu’il entendait proposer des sanctions contre des responsables israéliens en réponse aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée « dans une impunité quasi-totale ».
« Nous condamnons les attaques des colons à Jit, visant à terroriser les civils palestiniens », a indiqué J. Borrell sur X. « Le gouvernement israélien doit immédiatement mettre un terme à ces actes inacceptables », a-t-il poursuivi.
« Je confirme mon intention de mettre sur la table une proposition de sanctions de l’UE contre ceux qui rendent possibles les actes de ces colons violents, y compris certains membres du gouvernement israélien », a-t-il ajouté.
De telles sanctions devraient être adoptées à l’unanimité des 27 qui restent très divisés sur le dossier israélo-palestinien.
La Maison Blanche a qualifié de son côté d’ « inacceptables » ces violences. Le président israélien Isaac Herzog a « condamné fermement » cette attaque et a qualifié ces violences de « pogrom ».
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, les violences ont flambé en Cisjordanie occupée. Au moins 633 Palestiniens y ont été tués par l’armée d’occupation israélienne ou des colons, selon un décompte de l’AFP fondé sur des données officielles palestiniennes, et au moins 18 Israéliens parmi lesquels des soldats dans des attaques palestiniennes ou lors d’opérations de l’armée en zone autonome palestinienne, selon les données officielles israéliennes.