Sous un titre révélateur, le MIPA ne laisse planer aucun doute sur les lacunes du RAMED. « Le programme RAMED n’était pas à la hauteur des attentes » est le titre générique du rapport qui détaille que le système mis en place a rencontré de graves erreurs en termes de critères d’intégration, les déviations de l’intégration ayant exercé une forte pression sur le système et ayant réduit la qualité des soins de santé fournis aux catégories recourant aux hôpitaux publics, tandis que les déviations de l’exclusion ont diminué la capacité du programme à couvrir tous les bénéficiaires.
« Avant la mise en place du système RAMED, l’accès aux soins de santé pour les catégories vulnérables et pauvres était conditionné par un « certificat de besoin », qui attestait de l’incapacité à supporter les dépenses de santé à partir des ressources personnelles et devait être présenté à chaque consultation médicale. Cette méthode était entravée par plusieurs obstacles, notamment la nécessité d’obtenir un nouveau certificat à chaque visite à l’hôpital, l’absence de procédure claire pour son émission et son appréciation subjective par l’autorité émettrice, souvent représentée par un « prestataire », rendant le processus fastidieux, opaque et peu fiable », rappelle-t-on.
Le MIPA a également souligné que « RAMED » a rencontré des obstacles compromettant sa durabilité, notamment en ce qui concerne son financement, le programme ayant puisé ses ressources dans les hôpitaux publics et les contributions de certaines entités, ce qui a encore affaibli la capacité d’accueil des hôpitaux publics.
« Le grand nombre de personnes éligibles au système RAMED et l’afflux massif d’inscriptions au début de sa mise en œuvre ont entraîné des défis administratifs et financiers, augmentant la pression sur les hôpitaux et les professionnels de la santé de toutes catégories. De plus, la gestion financière improvisée de RAMED a affaibli sa durabilité et entraîné des difficultés de financement, en particulier en raison de la régularité insuffisante des contributions des familles vulnérables et de l’utilisation des ressources des hôpitaux, ce qui a épuisé leurs finances », indique l’étude.
Signé par Salma Sadki, professeure d’économie à l’Université Ibn Tofail de Kénitra, le rapport a signalé que l’absence d’un registre social unifié rendait la répartition précise des ressources diverses de la population impossible, ce qui a contraint les autorités responsables à se fier à un seuil monétaire, bien que cela ait été une faiblesse du système et limiter son accès aux catégories vulnérables et pauvres dans toutes leurs composantes.
Selon de nombreux rapports et études, les bénéficiaires de RAMED ont perturbé le fonctionnement des hôpitaux pour plusieurs raisons, notamment les longues files d’attente et la demande accrue de soins face à une offre insuffisante en termes de capacités et d’équipements hospitaliers.
Avec 11 millions de nouveaux bénéficiaires qui ont commencé à recourir aux services des hôpitaux marocains, lesquels n’ont pas été réformés ni développés pour les accueillir, un ensemble de perturbations sont apparues à la surface, grippant le système. Parmi les raisons, il y a aussi l’irrégularité des contributions des familles vulnérables et l’arrêt du renouvellement des cartes RAMED en raison de l’insatisfaction quant à la qualité des services fournis. A cela s’ajoutent les difficultés liées à la convalescence. Ces dernières étant soumises à des règles très strictes en termes de hiérarchie pour accéder aux différents niveaux de centres de santé.
Cette situation a entraîné de longues files d’attente et de grands retards dans l’accès aux hôpitaux, exposant souvent la santé des bénéficiaires de RAMED à des risques et les poussant à passer des hôpitaux publics aux privés à la recherche d’une meilleure qualité et de délais raisonnables.
Le rapport a confirmé que le RAMED n’a pas atteint le niveau souhaité et n’a pas réalisé tous ses objectifs, en particulier ceux liés à l’élargissement de la couverture et à l’amélioration de la qualité des services fournis.
Dans les zones rurales, la souffrance des porteurs de la carte RAMED ne s’est pas limitée à ce qui a été mentionné précédemment, mais s’est aggravée par d’autres difficultés et problèmes qui entravent leur accès aux services de santé, notamment la distance à parcourir pour accéder aux centres de santé, imposant des coûts de transport souvent inabordables pour cette catégorie.
D’autre part, le système RAMED se base sur la gratuité des services hospitaliers et non des médicaments. « Comment donc les catégories vulnérables et pauvres peuvent-elles obtenir les médicaments nécessaires? Et devant leur incapacité à obtenir les médicaments prescrits lors de la consultation médicale, quel est l’objectif de la gratuité du diagnostic dans les hôpitaux? Dans ce contexte, pouvons-nous parler de la contribution de RAMED à l’amélioration des services de santé pour les catégories vulnérables? », s’interroge la spécialiste.
En conclusion, le rapport suggère des recommandations pour renforcer l’efficacité du système de protection sociale au Maroc, notamment en améliorant le système de santé pour le mettre en conformité avec les normes internationales, en intégrant les hôpitaux publics dans les politiques d’élargissement de la couverture sociale, en sensibilisant à l’importance du capital santé, en renforçant les investissements dans le développement de l’infrastructure sanitaire, ainsi qu’en garantissant la fourniture de soins médicaux pour les maladies chroniques.