Malgré le cessez-le-feu unilatéral décrété par le gouvernement du Somaliland la semaine dernière et le retrait des soldats de la ville, les combats se poursuivent à Las Anod. Le gouvernement rejette la responsabilité sur les miliciens de la ville, entrés en insurrection le mois dernier après l’assassinat d’un homme d’affaires local et qui réclament désormais le rattachement de Las Anod à la Somalie voisine.
Coupée du monde, la cité-carrefour proche du Puntland a subi d’importants dégâts et compte de nombreuses victimes, comme l’explique Ismael Mohamoud Haji, médecin officiant à l’hôpital Gargaar de Las Anod. « Pour ces deux dernières semaines, nous avons reçu environ 600 patients. Sur ces 600 patients, environ 100 sont morts », raconte-t-il.
Selon lui, certains étaient du personnel médical, des femmes, des enfants ou encore des personnes âgées « qui se tenaient pourtant loin de la zone des combats ». L’attaque de mardi fut parmi des plus violentes, témoigne-t-il. « Cela a commencé à 5h30 du matin. L’armée du Somaliland a attaqué la ville et a tenté de la conquérir, encore une fois. Elle a été repoussée par les civils armés locaux qui se sont organisés entre eux. Pour le bilan, mon estimation est environ 60 blessures de guerre, dont 6 morts », explique le docteur. « L’une des personnes tuées étaient une femme qui vaquait à ses occupations quotidiennes. Beaucoup de maisons ont été complètement détruites par l’artillerie », ajoute-t-il.
Et face à la violence des combats, les nombreuses victimes sont traitées avec les moyens du bord. « Nous sommes complètement dépassés. Nous n’avons pas assez de médecins, de chirurgiens, de spécialistes de traumatologie », confirme le médecin qui précise que 90% des médecins de son hôpital sont des généralistes.
De plus, les ambulances peinent à intervenir. « Notre autre problème, c’est que nos ambulances pouvaient emprunter deux routes. Elles sont bloquées aujourd’hui par l’armée du Somaliland et nous ne pouvons plus recevoir d’approvisionnement », dit-il. Et d’ajouter : « Nous commençons à manquer de matériel alors nous laissons les gens mourir parce que n’avons rien pour eux. Vous ne pouvez pas imaginer la situation dans nos hôpitaux. Déjà que la ville de Las Anod était l’une des plus délaissées du Somaliland, vous pouvez imaginer les conditions aujourd’hui ».