Ras El-Maa, localité relevant de la province de Nador, a drainé une kyrielle d’acteurs pour débattre d’une question centrale en lien avec la sauvegarde des zones humides dans la région. « Quel débit écologique pour le site biologique de l’embouchure de la Moulouya » est la thématique centrale qui a permis un échange fécond nourri notamment par Fekhaoui Mohammed, Directeur de l’Institut scientifique de Rabat, Benabbou Mohammed expert en changement climatique et ingénieur en environnement, El Hasnaoui Abdeslam, expert dans la gestion des ressources naturelles, Mohamed Benata, ingénieur agronome, docteur en Géographie, Président de l’ESCO, membre fondateur de l’ECOLOMAN et fervent défenseur de l’environnement. Sous le contrôle d’Abdelkader Sbai, modérateur, les débats ne pouvaient faire l’impasse sur le stress hydrique que le pays subit de plein fouet, situation à très fort impact sur les zones humides.
La rareté de l’eau, réalité qui plus est renforcée durant cette saison par un déficit pluviométrique notable, a focalisé les débats. En effet, les réserves en eau des barrages Mohammed V et du Machraa Hammadi se situaient jusqu’au 16 février 2022 respectivement à 12,5 et 4,1 millions de m3, avec un ratio de 5,2 et 50,4 %. Le taux de remplissage au niveau national est de 33,3 % (16 122,6 Mm3). Le pourcentage de précipitations au niveau national au cours de cette année est estimé à 75 mm, soit 64 % du déficit par rapport à une année normale. Quant au versant oriental, il n’a toujours pas excédé les 10-20 mm. Sombre constat.
Au niveau de l’Oriental, le Molouya, deuxième fleuve africain après le Nil, est durement affecté par le déficit hydrique au point de ne pas atteindre son embouchure. Ce phénomène impacte durement la reconstitution de la nappe souterraine, l’agriculture des berges de la Moulouya, et le site d’importance biologique et écologique de la Moulouya (zone humide) qui abrite une riche biodiversité (plantes, poissons, reptiles et oiseaux). L’aggravation de la sécheresse et l’exploitation excessive de l’eau le long de la vallée (entre le barrage Machraa Hammadi et l’embouchure) expliquent cet état de fait. Et, effet pervers de plus, la baisse du niveau d’eau de la Moulouya a entraîné l’intrusion d’eau de mer par le cours d’eau d’où une forte salinité qui nuit à l’environnement. L’une des raisons est la construction de la nouvelle station de pompage dans la commune d’Ouled Setout, qui a entraîné une augmentation de la pression sur la ressource en eau au niveau du barrage de Machraa Hammadi, d’où une baisse manifeste de l’écoulement des eaux de l’oued Moulouya dans la vallée et son incapacité à atteindre la Méditerranée au jour du 13 octobre 2021. La surélévation du barrage Mohammed V, et la programmation d’autres barrages sur la vallée de la Moulouya pour répondre aux besoins d’irrigation des terres agricoles ne sont pas en reste dans ce phénomène à circonstances aggravantes avec la sécheresse.
Tirant parti des études réalisées et autres expériences dans le domaine de la détermination du débit écologique (Oued Sebou, Oum El-Rabi…), les panélistes ont préconisé de mener une étude scientifique, hydrologique et biologique pour évaluer le débit écologique de l’Oued Moulouya, d’inscrire les programmes environnementaux en relation avec les programmes de travail des collectivités territoriales, de réutiliser les eaux traitées dans les stations de Saïdia, Ras El Maa et Zaïo à des fins agricoles, d’espaces verts ou de nature, de renforcer la loi portant protection du site écologique de l’estuaire de la Moulouya au rang de parc national, d’élaborer un plan de gestion du site écologique, de promulguer les textes d’application de la loi sur l’eau, de réduire le pompage aux stations de pompage Moulay Ali et Ouled Setout et autres stations privées et d’abolir de nouvelles constructions, de reconsidérer le schéma hydraulique pour l’irrigation et l’eau potable 2020-2027 notamment la construction du barrage de Machraa -Safsaf et d’autres barrages sur la Moulouya, en tenant compte de la diversité biologique comme partie prenante de l’utilisation de l’eau.
Les experts en défense de l’environnement ont aussi recommandé de procéder à la purification régulière du canal d’Aïn Zebda, d’économiser l’eau de pluie collectée par le canal pour protéger la ville de Saïdia des inondations au profit de la nappe d’eau de l’embouchure de la Moulouya et du site biologique, de prévenir l’extension urbaine au détriment de la zone humide de l’embouchure de la Moulouya, de la mise en place d’aménagements hydrauliques ou de seuils pour empêcher la remontée d’eau de mer salée dans l’estuaire de la Moulouya, en tenant compte du mouvement des poissons d’aval en amont et d’amont en aval et enfin d’activer la démocratie participative conformément aux articles de la constitution et des lois en vigueur, considérer les associations civiles comme un partenaire du développement durable et respecter le droit à l’information.
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