Selon l’agence Reuters, il a tenu ces propos alors que se tiennent des discussions au sein de l’Union européenne sur l’imposition de nouvelles sanctions à Moscou pour son opération militaire en Ukraine.
Des diplomates ont déclaré à Reuters que les États baltes, dont la Lituanie, font pression pour adopter de telles mesures restrictives, tandis que l’Allemagne met en garde contre des mesures imprudentes car « les prix de l’énergie en Europe sont déjà élevés ».
Berlin s’oppose à un embargo immédiat sur les hydrocarbures russes dans le but d’assécher les flux financiers vers Moscou, suite à l’opération russe en l’Ukraine. Pour l’Allemagne, un tel boycott déstabiliserait l’économie et la société allemandes car il provoquerait une flambée du coût de l’énergie ainsi que des risques de pénuries.
Pourtant, le gouvernement allemand a entamé des démarches pour diversifier l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne. Le 20 mars, il a annoncé la conclusion d’un accord énergétique de long terme avec le Qatar pour importer du gaz naturel liquéfié, lors d’une visite de Robert Habeck, ministre de l’Economie, à Doha. L’accord entre Berlin et Doha, bien qu’attendu, est loin de solder la crise de dépendance européenne, et en particulier de l’Allemagne qui devrait construire deux terminaux de gaz naturel liquéfié dans le cadre de ce projet.
Des discussions avec Berlin avaient eu lieu pendant les années passées sans aboutir « à des accords définitifs en raison du manque de clarté sur la place du gaz à long terme dans le bouquet énergétique de l’Allemagne et sur les infrastructures d’importation de GNL requises ». Doha qui compte parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de GNL a invoqué le coût énorme des investissements dans la production de gaz pour justifier la nécessité de contrats de longue durée.
L’Allemagne continue d’avertir qu’un boycott immédiat des approvisionnements russes en gaz et en pétrole « pourrait nuire davantage à sa population que le président russe Vladimir Poutine, provoquant un chômage de masse et la pauvreté dans le pays ».
Avant son voyage au Moyen-Orient, qui comprend également une visite aux Émirats arabes unis, R.Habeck a déclaré le 19 mars à la radio Deutschlandfunk que le gouvernement s’inquiétait de la sécurité des approvisionnements en gaz de l’Allemagne pour l’hiver prochain. «Si nous n’obtenons pas plus de gaz à l’hiver prochain et si les livraisons en provenance de Russie venaient à être coupées, alors nous n’aurions pas assez de gaz pour chauffer toutes les maisons et faire tourner toutes les industries», a prévenu le ministre écologiste.
Il a précisé que 55% du gaz naturel, 52% du charbon et 34 % des huiles minérales utilisées dans le pays proviennent de Russie. R. Habeck, également ministre du Climat, s’est aussi rendu la semaine passée en Norvège, important producteur de gaz, après un voyage aux Etats-Unis au début du mois.