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Le dossier yéménite devant le Conseil de sécurité : Moscou dénonce l’agression et Pékin appelle au calme

Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir vendredi après-midi en urgence après les frappes menées contre le Yémen par les États-Unis et le Royaume-Uni, a annoncé la France qui assure la présidence du Conseil en janvier. La réunion d'urgence a été demandée par la Russie, a précisé la présidence française du Conseil. Elle aura lieu dans l'après-midi après une autre réunion prévue sur la situation à Gaza.
Le dossier yéménite devant le Conseil de sécurité : Moscou dénonce l’agression et Pékin appelle au calme

Le Conseil de sécurité a adopté mercredi une résolution exigeant l’arrêt « immédiat » des attaques des Houthis contre des navires en mer Rouge, notant également le droit des Etats membres à défendre les navires contre ces attaques. La Russie s’était abstenue lors de ce vote. Mais après l’agression, Moscou a fustigé les frappes américano-britanniques qui, au regard du droit, sont illégales. « Nous les condamnons », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin devant la presse, assurant que les frappes anglo-saxonnes contre les Houthis étaient « illégitimes » au regard du « droit international ». « Les frappes des États-Unis au Yémen sont un nouvel exemple de la déformation par les Anglo-Saxons des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et d’un mépris total du droit international au nom d’une escalade dans la région pour atteindre leurs objectifs destructeurs », a écrit sur Telegram Maria Zakharova.

 « La Chine est préoccupée par l’escalade des tensions en mer Rouge », a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Nous exhortons les parties concernées à rester calmes et à faire preuve de retenue afin d’éviter une expansion du conflit », a-t-elle ajouté. Et de poursuivre que « la mer Rouge est un passage important pour la logistique internationale et le commerce de l’énergie. » « Nous espérons que les parties concernées pourront toutes jouer un rôle constructif et responsable dans la protection de la sécurité et de la stabilité régionales de la mer Rouge, conformément aux intérêts partagés de la communauté internationale», a-t-elle poursuivi. Pékin exhorte « toutes les parties à maintenir ensemble la sécurité des voies navigables internationales et à éviter de harceler les navires civils, ce qui est préjudiciable à l’économie et au commerce mondiaux ».

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé une réponse « disproportionnée » après les bombardements américains et britanniques contre les rebelles houthis au Yémen. « Toutes ces actions constituent un usage disproportionné de la force », a déclaré le chef de l’État turc qui s’exprimait devant les journalistes à l’issue de la grande prière du vendredi. « L’Amérique et Israël utilisent cette même force disproportionnée contre les Palestiniens et les Britanniques marchent dans les pas des États-Unis. Ils cherchent à créer un bain de sang en mer Rouge », a-t-il ajouté.

Londres a très tôt fait de revendiquer la « légalité » de ses frappes au Yémen Le menées avec les États-Unis contre les rebelles au Yémen, répétant avoir agi dans une situation de « légitime défense » (Sic !). « Il faut qu’il soit clair pour les Houthis que nous sommes sérieux quand nous disons que leurs actions visant des navires britanniques et autres sont complètement inacceptables » a défendu David Cameron sur X. « Le Royaume-Uni est autorisé par le droit international à recourir à la force dans de telles circonstances, lorsque la légitime défense est le seul moyen possible de faire face à une attaque armée réelle ou imminente, et que la force utilisée est nécessaire et proportionnée », a-t-il ajouté (Re-Sic !)

L’armée britannique a déployé trois navires dans la région : le destroyer HMS Diamond, qui a selon Londres participé à repousser une attaque de drones houthie en début de semaine, le HMS Richmond et le HMS Lancaster, équipé d’un hélicoptère d’attaque.

Quatre avions de combat Typhoon basés à Chypre ont participé aux frappes britannico-américaines. Reste à savoir quel couloir aérien ils ont pu emprunter pour violer l’espace aérien du Yémen…

A Washington,  on tente de calmer le jeu. « Nous ne cherchons pas de conflit avec l’Iran. Nous ne cherchons pas une escalade et il n’y a pas de raison qu’il y ait une escalade au-delà ce qui a eu lieu ces derniers jours », a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale sur la chaîne MSNBC. Les États-Unis, le Royaume-Uni et huit de leurs alliés ont assuré dans une déclaration commune ce 12 janvier que leur but restait « la désescalade des tensions» et «la restauration de la stabilité en mer Rouge » après les frappes américano-britanniques contre les Houthis au Yémen. « Les actions d’aujourd’hui démontrent un engagement commun pour la liberté de navigation, le commerce international et la défense de la vie des marins face à des attaques illégales et injustifiables », ont déclaré les gouvernements des dix pays (Australie, Bahreïn, Canada, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Royaume-Uni et États-Unis). « Notre but reste la désescalade des tensions et la restauration de la stabilité en mer Rouge, mais que notre message soit bien clair : nous n’hésiterons pas à défendre des vies et à assurer la libre circulation du commerce dans l’une des voies navigables les plus importantes du monde face à des menaces persistantes », ajoute la déclaration. A Washington, des militants se sont rassemblés devant la Maison Blanche pour demander l’arrêt des frappes au Yémen. Et à New-York, des manifestations ont été organisées pour les mêmes motifs.

L’Italie a refusé de participer aux frappes américano-britanniques contre les Houthis, a indiqué une source gouvernementale à l’agence Reuters. Celle-ci a rapporté que Rome préférait poursuivre une politique « d’apaisement » en mer Rouge. Aussi a-t-elle expliqué que le gouvernement aurait eu besoin du soutien parlementaire pour participer à une telle action militaire, une approbation rapide étant difficilement concevable.

Les rebelles houthis au Yémen portent selon Paris « la responsabilité extrêmement lourde de l’escalade régionale », a estimé Paris. La France, qui a déployé une frégate dans la zone, « exige que les Houthis mettent fin immédiatement » à leurs attaques et rappelle que les États ont « le droit » d’y réagir, selon un communiqué de son ministère des Affaires étrangères. Paris « continuera à assumer ses responsabilités et à contribuer à la sûreté maritime dans cette zone en lien avec ses partenaires », ajoute le Quai d’Orsay, rappelant que la frégate Languedoc avait détruit des drones dans la zone en décembre. Le 11 janvier, le vice-amiral Emmanuel Slaars, commandant des opérations françaises dans l’océan Indien, avait précisé que le dispositif militaire de la France en mer Rouge restait « sous commandement français », sans « aucune subordination » au partenaire américain. Il avait en revanche évoqué « une répartition géographique intelligente des efforts ».

 

Sanaa détruit la rhétorique occidentale

Ali al Qahum, membre du bureau politique du mouvement Ansar Allah, avait rappelé les objectifs ayant présidé à la décision de Sanaa de bloquer le transit des navires de et vers Israël transitant par la mer Rouge. «Notre objectif est de mettre fin à la guerre à Gaza », a-t-il déclaré à Sputnik. Il a accusé l’Occident de « duplicité et de mensonges flagrants » en exigeant que les Houthis cessent les attaques contre les navires israéliens, alors qu’« il n’est pas question d’arrêter le génocide et de lever le blocus de la bande de Gaza. » « De quel genre d’humanité et de droits de l’homme pouvons-nous parler si nous voyons tous ce qui se passe actuellement à Gaza ? Le Conseil de sécurité [de l’ONU] et tous ceux qui le soutiennent poursuivent une politique de deux poids, deux mesures, désinformant systématiquement la communauté mondiale […] dans le but de mettre en œuvre des projets coloniaux et des conspirations diaboliques contre les peuples libres et les pays qui se sont opposés aux États-Unis. Israël et les pays occidentaux », a-t-il encore déclaré. Il a ajouté que le Yémen poursuivra ses actions contre les navires israéliens en mer Rouge et d’autres navires naviguant vers Israël, soulignant que son pays est attaché au droit international pour protéger le transport maritime international en mer Rouge et ne représente aucune menace pour le trafic maritime.

D’ailleurs, il y a lieu de rappeler que l’Egypte, pays qui capte une grande partie du trafic transitant par le Canal de Suez, a assuré que le transit n’a pas connu de baisse. Ce qui explique son aversion pour toute équipée militaire contre le Yémen.

 « Tous les intérêts américano-britanniques sont devenus des cibles légitimes pour les forces armées yéménites après l’agression directe et déclarée contre la République du Yémen », a affirmé le Conseil politique suprême des Houthis dans un communiqué publié par leurs médias officiels. Les forces des Houthis affirment ne pas avoir subi de dommages après les raids américano-britanniques. « Je ne peux pas avoir d’informations sur les cibles américaines, mais aucun dommage n’a été causé à nos missiles et à nos armes. J’attribue cela au fait qu’ils se trouvent dans des endroits bien protégés et difficiles à détruire », a déclaré à RIA Novosti Mohammed Ali al-Bukheiti, membre du bureau politique du mouvement Ansar Allah.

L’Arabie saoudite que Sanaa soupçonne d’avoir prêté son sol aux chasseurs-bombardiers de la coalition a déclaré suivre « avec beaucoup d’inquiétude les opérations militaires en mer Rouge et les frappes aériennes sur un certain nombre de sites » au Yémen. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a appelé « à la retenue et à éviter l’escalade »…

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