Le ministère de la santé de la bande de Gaza a accusé mardi l’armée israélienne d’avoir lancé un assaut contre un hôpital du nord de la bande de Gaza, « assiégé et bombardé » depuis plusieurs jours. L’assaut a été mené mardi contre l’hôpital de Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, « assiégé et bombardé » depuis plusieurs jours. Les forces israéliennes « ont lancé l’assaut contre l’hôpital Kamal Adwan, précise Ashraf Al-Qudra, porte-parole du ministère, elles sont en train de regrouper les hommes, dont le personnel médical, dans la cour de l’hôpital et nous craignons que le personnel médical soit arrêté ou tué ».
La maternité de cet établissement avait été touchée lundi, tuant deux mères et blessant plusieurs personnes, avait annoncé lundi le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU OCHA, ajoutant que l’hôpital « était encerclé par des soldats et chars israéliens et que des combats avec des groupes armés étaient signalés au cours des trois derniers jours dans ses environs immédiats ». L’agence de presse turque Anadolu avait cité le directeur de l’hôpital, Ahmad al-Kahlout qui décrivait l’établissement comme « assiégé, sans électricité, eau ou nourriture ». « Nous avons 65 blessés, dont douze enfants en soins intensifs, six enfants grièvement blessés, 3 000 déplacés et 100 membres du personnel médical ». Selon A.Al-Qudra, l’armée israélienne a ordonné à tous les hommes, y compris aux médecins, de se rendre dans la cour de l’hôpital.
Dans la nuit du 3 au 4 décembre, une frappe sur une entrée de l’établissement a fait plusieurs morts selon l’agence palestinienne Wafa, le gouvernement du Hamas accusant dans un communiqué l’armée israélienne d’une « grave violation » du droit humanitaire international.
La famine, arme de guerre
Riyad Al-Maliki, ministre des affaires étrangères palestinien, a accusé Israël d’utiliser la famine comme arme de guerre contre environ un million de personnes à Gaza. Lors d’une réunion de l’ONU à Genève, il a condamné « l’échec international » à faire respecter les droits des Palestiniens.Le responsable s’est exprimé lors de la commémoration du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Selon le Jerusalem Post, R. Al Maliki aurait déclaré qu’« au moment où nous parlons, au moins un million de Palestiniens dans la bande de Gaza, dont la moitié sont des enfants, meurent de faim. Et ce n’est pas à cause d’une catastrophe naturelle ».
C’est « l’enfer sur terre » à Gaza, a affirmé mardi Philippe Lazzarini, patron de l’UNRWA, l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’ONU, après une visite dans le territoire palestinien. La « tragédie s’aggrave interminablement », écrit P. Lazzarini sur X.« Les [Gazaouis] manquent de tout. Ils supplient d’être mis en sûreté et que cet enfer sur terre se termine. » A rappeler que les établissements de l’UNRWA n’ont pas été épargnés par l’armée sioniste. Le compte Telegram du journal Yediot Aharonot a publié une vidéo montrant le moment où les forces israéliennes ont fait exploser un bâtiment scolaire de l’UNRWA à Beit Hanoun, dans le nord de Gaza. Sous la vidéo, il est précisé que cette école « a été utilisée par le Hamas pour des activités terroristes. » Plus, le chef de l’Unrwa accuse Israël de vouloir expulser les Palestiniens de Gaza vers l’Egypte
Pression sur Jénine
Parallèlement à l’agression sauvage contre Gaza, les forces israéliennes ont tué mardi quatre Palestiniens à Jénine, ville du nord de la Cisjordanie occupée, a fait savoir le ministère de la santé palestinien. Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré qu’ils avaient été tués lors d’une attaque de drone.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, l’armée israélienne a affirmé que ses « drones militaires » avaient « identifié ce matin une cellule terroriste qui lançait des engins explosifs et tirait sur les forces de sécurité. L’armée de l’air a ciblé la menace et tué un certain nombre de terroristes ». Des « dizaines » d’arrestations ont été effectuées et les opérations se poursuivent, a-t-elle précisé par la suite.
Le ministère palestinien n’a pas fourni d’autres détails sur les victimes, tandis que le Croissant-Rouge palestinien, indique sur X qu’elles ont été tuées lors d’une attaque de drone dans la vieille ville. L’ONG affirme que les forces israéliennes « continuent de prendre d’assaut le camp de Jénine et les équipes d’ambulanciers sont empêchées d’entrer pour s’occuper des cas médicaux sans coordination préalable ». Plusieurs images diffusées par l’AFP, prises mardi matin, montrent un véhicule de l’armée israélienne circuler dans le camp de réfugiés, lui-même situé dans cette ville du nord de la Cisjordanie.
Appui US inconditionnel
Si le Qatar se démène pour une nouvelle trêve humanitaire à Gaza, et en attendant la résolution attendue de l’Assemblée générale de l’ONU, après le blocage qui perdure au Conseil de sécurité, Tel-Aviv persiste dans ses exactions. En tirant sa force de l’appui inconditionnel des USA. Antony Blinken, secrétaire d’État américain, a rappelé dimanche que c’est Israël, et non les États-Unis, qui décidera de la date de la fin de la guerre contre le Hamas à Gaza, à la suite d’informations selon lesquelles Washington aurait fait pression sur Israël pour qu’il mette un terme aux opérations d’ici la fin de l’année.
S’adressant à Jake Tapper, sur CNN au sujet de la guerre, qui est entrée dans son troisième mois, le chef de la diplomatie US a déclaré que les États-Unis avaient mené des discussions avec Israël au sujet de sa « durée » ainsi que de « la manière dont il poursuit cette campagne contre le Hamas ». « Ce sont des décisions qu’Israël doit prendre », a-t-il ajouté.
Israël a réagi à l’Opération Déluge d’Al-Aqsa, lancée par le Hamas, et s’est engagé depuis à renverser le Hamas et à mettre fin à 16 ans de règne dans la bande de Gaza.
En ce qui concerne le nombre de civils tués dans la bande de Gaza, A. Blinken a déclaré que même s’il pense qu’Israël est animé d’une bonne « intention » lorsqu’il s’agit de minimiser les pertes civiles, « les résultats ne se manifestent pas toujours, et nous le constatons à la fois en termes de protection des civils et d’aide humanitaire ». Au cours de son interview sur CNN, le haut diplomate US dont la proximité avec l’entité sioniste n’est plus à établir, n’a pas manqué de condamner les violences sexuelles perpétrées par le Hamas le 7 octobre, ainsi que ceux qui ne se sont pas encore exprimés à ce sujet ou qui ont tardé à le faire. « Je ne sais pas pourquoi les pays, les dirigeants et les organisations internationales ont été si lents à se concentrer sur cette question, à attirer l’attention des gens. Je suis heureux que cela se produise enfin », a-t-il déclaré. « Les atrocités dont nous avons été témoins le 7 octobre sont presque indescriptibles et dépassent notre capacité à les digérer. Nous en avons déjà parlé, mais les violences sexuelles que nous avons vues le 7 octobre dépassent tout ce que j’ai pu voir. » A. Blinken a également défendu la livraison d’urgence de près de 14.000 obus pour les chars d’assaut israéliens et a appelé le Congrès à approuver rapidement une aide de plus de 100 milliards de dollars destinée à Israël, à l’Ukraine et à d’autres priorités en matière de sécurité nationale. D’ailleurs, l’administration Biden a contourné le Congrès, ce qui relève de la décision rare, pour permettre au département d’État d’approuver samedi le contrat d’armes pour Tel-Aviv. Expliquant que les besoins des opérations militaires d’Israël à Gaza justifiaient cette rare décision de contourner le Congrès, A. Blinken a déclaré à CNN et ABC qu’ « Israël est en train de combattre le Hamas […] et nous voulons nous assurer qu’Israël dispose de ce dont il a besoin pour se défendre contre le Hamas ».
La vente, d’une valeur de 106,5 millions de dollars, comprend 13 981 cartouches antichars multi-usages de 120 mm à haut niveau d’explosivité avec traceur, ainsi que le soutien, l’ingénierie et la logistique des États-Unis. Le matériel proviendra de l’inventaire de l’armée. Les munitions pour chars et le soutien connexe ne constituent qu’une petite partie des ventes militaires à Israël, a déclaré A. Blinken, qui a ajouté que le reste était soumis à l’examen du Congrès : « Il est très important que la voix du Congrès soit entendue dans ce dossier », a-t-il déclaré.
