« Les États-Unis vont mettre en place des sanctions considérables contre des secteurs clés qui génèrent des revenus pour [Vladimir] Poutine », a déclaré Karine Jean-Pierre la porte-parole de la Maison Blanche, lors d’une conférence de presse. Cette envolée américaine fait suite à l’échec de l’Europe à adopter un nouveau train de sanctions contre Moscou.
A rappeler aussi que l’Assemblée générale a pris le relais sur le dossier de ce conflit toujours ouvert depuis un an. Et même si ses résolutions sont non contraignantes, « ce n’est pas seulement un bout de papier », a défendu jeudi Josep Borrell le chef de la diplomatie européenne, y voyant le reflet des préoccupations de la communauté internationale.
La résolution non contraignante a recueilli 141 voix pour, 7 contre (Russie, Biélorussie, Syrie, Corée du Nord, Mali, Nicaragua, Érythrée) et 32 pays se sont abstenus, dont la Chine et l’Inde, sur les 193 États membres des Nations unies. Un soutien similaire au mois d’octobre, quand 143 pays avaient condamné les annexions de plusieurs territoires ukrainiens par la Russie, cinq votant contre.
La résolution adoptée réaffirme l’« attachement » à « l’intégrité territoriale de l’Ukraine » et « exige » que la Russie « retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays », une référence aux territoires annexés par la Russie. Elle appelle également à une « cessation des hostilités » et « souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine conformément aux principes de la Charte des Nations unies ».
Depuis mercredi, les représentants de dizaines de pays ont défilé à la tribune de l’ONU pour soutenir l’Ukraine, tandis que Kiev a exhorté les membres de la communauté internationale à choisir entre « le bien et le mal ». « Dans un an, nous ne devons pas nous retrouver pour marquer le deuxième anniversaire de cette guerre d’agression absurde », a lancé Yoshimasa Hayashi, ministre japonais des Affaires étrangères espérant à la place un « sommet pour la paix » en 2024. Mais « la Russie ne montre aucun désir pour la paix (…). Elle ne connaît de paix que celle du silence, des morts, et des ruines », a mis en garde Catherine Colonna, son homologue française. Un « chemin vers la paix » qui est pourtant « très clair » : « la Russie doit arrêter de bombarder », a insisté Annalena Baerbock, chef de la diplomatie allemande. « Ce n’est pas la paix quand un agresseur demande à sa victime d’abandonner ».
Mercredi, à l’ouverture de cette session spéciale, le secrétaire général de l’ONU avait fustigé « l’affront à notre conscience collective » que représente l’invasion de l’Ukraine. « Les possibles conséquences de l’escalade du conflit sont un danger clair et déjà là », avait averti Antonio Guterres, évoquant notamment les risques nucléaires.
Depuis Moscou, le président Vladimir Poutine a juré cette semaine de poursuivre « méthodiquement » son offensive en Ukraine, dans un discours à la rhétorique anti-occidentale rappelant la Guerre froide. Vassili Nebenzia, ambassadeur russe à l’ONU, s’en est également pris aux Occidentaux, les accusant, « dans leur désir d’infliger une défaite à la Russie », d’être « prêts à plonger le monde entier dans les abysses de la guerre ». Cette guerre n’est pas une question « de l’Occident contre la Russie », a répondu J. Borrell. « Cette guerre illégale concerne tout le monde : le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest ». C’est même une « guerre mondialisée », mais « pas une guerre mondiale », a-t-il commenté en soulignant les impacts en cascade sur la planète entière.
Dans ce contexte, la Chine, qui s’est une nouvelle fois abstenue, a promis de rendre publique cette semaine une « solution politique » au conflit. « Les guerres n’ont pas de vainqueur », a souligné Dai Bing, ambassadeur chinois adjoint à l’ONU. « Un an après le début de la crise ukrainienne, les faits bruts prouvent qu’envoyer des armes n’apportera pas la paix », a-t-il ajouté, appelant Kiev et Moscou « à reprendre le dialogue aussi vite que possible ».
Les trois précédentes résolutions liées au conflit votées par l’Assemblée générale depuis un an avaient recueilli entre 140 et 143 voix pour, avec une poignée de pays votant systématiquement contre (Russie, Biélorussie, Syrie, Corée du Nord) et moins de 40 s’abstenant. Une quatrième un peu différente en avril, qui a suspendu la Russie du Conseil des droits de l’Homme, avait été moins consensuelle (93 voix pour, 24 contre, 58 abstentions).