Fadwa Mohsine El Hayani, députée du PPS, a formulé une question écrite à l’intention de la ministre, mettant en avant l’inquiétude croissante des parents face à l’augmentation des prix de certains manuels scolaires, en particulier ceux destinés aux langues et aux matières scientifiques importés de l’étranger. Cela intervient alors que le décret d’exonération fiscale stipulé par la loi de finances 2024 est censé alléger ce fardeau financier pour les familles.
Elle a rappelé que, conformément à cette loi, les livres scolaires bénéficient d’une exonération de la TVA, notamment sur les matériaux nécessaires à leur production, alors qu’ils étaient auparavant soumis à une taxe de 7 %. Cette mesure inclut également les fournitures scolaires importées, à condition que les importateurs garantissent à l’administration douanière que les biens seront strictement utilisés à des fins scolaires.
Toutefois, la députée a souligné que la flambée des prix de certains manuels scolaires imposés par des établissements privés, ou destinés aux cours de soutien, pose la question de la régulation des prix des manuels importés et du contrôle des pratiques des importateurs. Elle a mis en garde contre l’absence de surveillance rigoureuse, qui pourrait ouvrir la voie à des abus, au détriment des familles marocaines, en particulier celles des classes moyenne et modeste.
Dans ce contexte, la députée a également attiré l’attention sur la hausse des prix des autres fournitures scolaires, comme les cahiers et le matériel, en l’absence d’une régulation appropriée. Cette situation a suscité une vague de frustration parmi les familles marocaines, déjà accablées par l’augmentation générale des prix des produits de première nécessité et des services.
La députée a interpellé la ministre sur les mesures prévues pour garantir un contrôle plus strict des prix et des pratiques des importateurs, en veillant à ce que les tarifs appliqués restent abordables et raisonnables pour la population. Elle a également demandé des précisions quant à l’impact de la suppression de l’initiative « Un million de cartables« , remplacée par un soutien financier direct aux familles défavorisées, dans un contexte où les prix des fournitures scolaires continuent de s’envoler.
Pour rappel, en juillet dernier, le gouvernement a approuvé le projet de décret n° 2.24.706, complétant l’annexe du décret n° 2.23.1067 publié le 1er décembre 2023, qui annule l’initiative « Un million de cartables » et la remplace par des aides financières directes aux familles bénéficiaires du programme de soutien social.
Le Conseil de la concurrence, dans son avis publié en octobre, a soulevé d’autres inquiétudes liées à la régulation des prix des livres scolaires. En examinant le marché, ses services ont été confrontés à un manque de données officielles sur la structure des prix et les coûts des manuels scolaires au Maroc, alors que les prix sont censés être régulés par l’État.
Selon les représentants du ministère de l’Économie et des Finances, les prix des livres fixés entre 2002 et 2008 étaient basés sur les propositions des maisons d’édition ayant remporté des appels d’offres, adoptant une approche de « l’offre la moins chère ». Néanmoins, les représentants du ministère de l’Éducation nationale n’ont pas été en mesure de fournir les documents justifiant les critères financiers ayant présidé à l’attribution de ces marchés, malgré les nombreuses relances du Conseil de la concurrence.
Ce dernier a également alerté sur la transformation progressive des manuels scolaires, passant de produits culturels à de simples produits de consommation, principalement en raison de la détérioration de la qualité des matériaux utilisés. Le Conseil a noté que les prix maintenus artificiellement bas ont eu un impact négatif sur la qualité du contenu et du matériel des livres scolaires, menaçant ainsi leur pérennité.
Les enjeux liés à la régulation des prix des manuels scolaires et des fournitures restent donc cruciaux pour garantir l’accès équitable à l’éducation, dans un contexte économique difficile pour les ménages marocains.
Quoi qu’il en soit, l’enquête produite par l’Économiste-Sunergia offre un éclairage sur les comportements et les stratégies financières des familles marocaines pour cette rentrée 2024. On y signale que 40% des Marocains ont des enfants scolarisés, avec une moyenne de deux enfants par famille. La répartition par tranche d’âge indique que 69% des enfants ont moins de 12 ans, 34% sont âgés de 12 à 15 ans, 24% ont entre 15 et 18 ans, et 18% sont âgés de 19 ans et plus. Cette répartition indique que la majorité des familles marocaines ont des enfants en âge scolaire primaire ou secondaire, avec une proportion significative dans l’enseignement supérieur.
L’enquête révèle que 70% des enfants sont scolarisés dans des écoles publiques (primaire, collège, lycée). Cette proportion est plus élevée parmi les familles résidant en milieu rural (80%) et celles appartenant aux catégories socio-professionnelles D et E (90%). En revanche, 27% des enfants fréquentent des écoles privées, surtout dans les zones urbaines (36%) et au sein des CSP A et B (66%).
En ce qui concerne l’enseignement supérieur, 12% des étudiants sont inscrits dans des universités ou écoles supérieures étatiques, avec une majorité parmi les personnes âgées de 55 ans et plus (29%) et les plus de 65 ans (54%). Seulement 3% des étudiants poursuivent leurs études dans des établissements privés.
L’enquête révèle que 43% des parents prévoient de financer les frais de rentrée scolaire en utilisant une partie de leur salaire du mois de septembre, 30% comptent sur leur épargne tandis que 7% envisagent de solliciter un crédit familial, particulièrement parmi les familles des CSP D et E.
Pour ceux inscrits dans les écoles privées, 56% des parents envisagent de payer les frais de scolarité et les fournitures scolaires en utilisant une partie de leur salaire du mois de septembre, 41% prévoient d’utiliser leur épargne alors que 3% opteront pour un crédit à la consommation.
L’enquête s’appesantit aussi sur la hausse significative des prix des livres scolaires, notamment ceux importés qui a suscité l’ire des parents. Cette augmentation des coûts a non seulement ajouté une pression financière supplémentaire sur les familles, mais a également provoqué des frustrations quant à l’accessibilité des ressources éducatives nécessaires pour une rentrée réussie.