La politique sanitaire au Maroc sous les mandats gouvernementaux 2012-2016 et 2017-2021 a fait l’objet d’un rapport d’observation et d’évaluation de la part du MDDH. Pour élaborer sa copie, le MDDH s’est basé sur plusieurs points. Il y a d’abord l’accès aux services de santé au Maroc, le taux de couverture, la qualité des services et autres critères axés sur la situation des services de santé, le financement, la politique médicamenteuse ou encore la gouvernance.
Le rapport a révélé que huit régions ont au moins un hôpital pour chacune, tandis que deux régions disposent de deux hôpitaux chacune, deux autres disposent de 3 hôpitaux chacune ce qui reflète une disparité spatiale entre les régions en termes de nombre d’unités hospitalières régionales. Après 2011, les régions disposant de plus d’un hôpital régional, après la fusion des régions, sont Tanger-Al Hoceima et Fès-Meknès, alors que des régions comme Rabat-Salé-Kénitra ne disposent que d’un seul hôpital régional malgré l’intégration des deux régions de l’Gharb, Chrarda-Bani Ahsan, et Rabat-Salé-Kenitra. Le rapport souligne par ailleurs que l’hôpital régional de Kenitra est en cours d’achèvement.
Malgré la disparité spatiale des structures de santé résultant du nouveau découpage administratif, aucun travail n’a été fait pour y remédier en alignant l’offre de santé aux infrastructures avec ces variables administratives nécessairement imposées par une modification de la structure démographique des régions.
Autre point évoqué dans le rapport concerne la répartition des médecins entre les régions. Le constat d’une disparité et d’une inégalité spatiale est flagrant. Ainsi, on constate dans le rapport que cette inégalité entre les régions en termes de médecins ne relève pas du nombre de la population. Au contraire, la différence demeure même entre régions à démographie égale. En effet, un tiers des médecins sont répartis dans les régions de Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kenitra. En additionnant les régions de Marrakech-Safi et Fès-Meknès, quatre régions du Royaume comptent 7.601 médecins, soit 67,86% de l’effectif total.
Quant à la situation de l’encadrement paramédical au niveau national, la répartition montre une augmentation du personnel paramédical travaillant dans le réseau hospitalier, jusqu’à deux fois le personnel travaillant dans le réseau des établissements de soins de santé primaires.
La couverture médicale et paramédicale par rapport à la population révèle également une moyenne nationale de 3,18 médecins pour 10.000 habitants et 8,82 infirmiers pour 10.000 habitants. Au niveau territorial, un certain nombre de régions se situent en dessous de la moyenne nationale, précise le rapport. Ce qui fait qu’un citoyen marocain ne bénéficie que de 0,65 examen médical par an contre 0,83 examen paramédical
Pour ce qui est du financement du système de santé, la lecture des lois de Finances pour la période 2017-2021 montre que le budget alloué au secteur de la santé est passé de 14.294.752.000 dirhams en 2017 à 19.774.145.000 dirhams en 2017, soit un taux d’augmentation annuel moyen de 7,66%, fait savoir le MDDH dans son rapport.
Malgré cette hausse du budget, le MDDH estime que le budget du ministère de la Santé ne dépasse pas 5,89% du Budget général. Si l’on fait un calcul, on constate que la part de chaque individu dans les dépenses totales de santé est de 561 dirhams seulement. Par ailleurs, les dépenses de santé ne représentent que 6,5% des dépenses publiques totales, alors que l’OMS établit un taux minimum de 10% soulève la même source.
Dans ce sens, le MDDH recommande dans son rapport l’adoption d’une carte sanitaire avec des plans régionaux de soins de santé qui tiennent compte des données démographiques de chaque périmètre territorial ainsi que l’adoption de mesures urgentes et nécessaires pour combler le déficit en ressources humaines pour essayer de se rapprocher de la moyenne mondiale de 1,57 médecin et 3,82 infirmiers pour 1000 personnes. Comme il préconise de rééquilibrer la répartition territoriale des professionnels de la santé par le biais de dispositifs d’incitation positive et d’obligation de service dans les zones reculées.
Sur le chapitre du financement de la santé, le Médiateur propose, enfin, d’augmenter les investissements vu qu’il s’agit d’un secteur productif et pas seulement à vocation sociale.