La RTBF a fait grand cas d’un article publié en janvier dernier par le quotidien La Libre Belgique, en plein scandale de corruption au Parlement européen, sur le voyage effectué au Sahara en septembre 2022 par plusieurs députés bruxellois du Mouvement réformateur (MR) (David Leisterh, David Weytsman, Clémentine Barzin et Gaëtan Van Goidsenhoven).Des révélations qui avaient soulevées l’ire de certaines forces politiques.
Le deuxième épisode de l’enquête lancée par la RTBF a rappelé cette atmosphère en donnant la parole à John Pitseys, chef du groupe Ecolo, au parlement bruxellois. « Ces parlementaires étaient presque contents d’affirmer que le voyage avait été offert par le parlement marocain. C’était une erreur politique », avait-il dénoncé. Le média belge avance aussi que Georges-Louis Bouchez, président du MR, aurait effectué « en toute discrétion » un déplacement au Sahara occidental.
Comme l’avait fait le quotidien belge en janvier, la RTBF reproche à Hadja Lahbib, ministre belge des Affaires étrangères, son soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. La Belgique « considère le Plan d’autonomie présenté en 2007 comme un effort sérieux et crédible du Maroc et comme une bonne base d’une solution acceptée par les parties », avait soutenu la cheffe de la diplomatie belge, lors d’une conférence de presse organisée en marge de ses entretiens avec Nasser Bourita, son homologue marocain. Position condamnée par certaines parties. La RTBF rapporte les déclarations de Marjorie Beulay, maître de conférences à l’Université Picardie Jules Verne et surtout membre de l’Observatoire universitaire international sur le Sahara occidental (OUISO).
Après les parlementaires MR, la RTBF s’est intéressée aussi à Hugues Bayet, député fédéral socialiste et bourgmestre de Farciennes, qui ne se prive pas de manifester son appui à la solution proposée par le Maroc pour le règlement du différend du Sahara occidental. Il a d’ailleurs lancé en mai 2022, le « Comité belge de soutien au plan marocain d’autonomie du Sahara (COBESA) ». Son objectif est d’« inciter le gouvernement belge à prendre position en faveur de la proposition marocaine », indique la chaine publique belge qui accuse l’ambassadeur du Maroc en Belgique d’être derrière le lancement de la COBESA.
Une association qui « intrigue » Pierre Galand. « Je ne sais pas pourquoi il s’est mis tout d’un coup à créer ce comité», s’est interrogé l’ancien sénateur belge qui «milite pour la cause du peuple sahraoui au sein de plusieurs organisations », rapporte la RTBF. Le média n’a pas mentionné que, depuis plusieurs années, P. Galand est président de la « Conférence européenne de solidarité et de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) », proche de l’Algérie. Les éditions de l’EUCOCO connaissent, en effet, la présence d’ambassadeurs et de parlementaires algériens.
L’enquête de la RTBF a réservé aussi des passages à Latifa Aït-Baala, députée bruxelloise MR d’origine marocaine depuis 2019. Grâce à des documents confidentiels révélés en 2014 par le hacker Chris Coleman, le média belge a pu cette fois apporter des preuves sur la relation entre la femme politique et des parties officielles au Maroc.
Cette enquête de la RTBF survient à la veille d’enjeux électoraux importants pour le plat pays en 2024. En effet, le 9 juin, les Belges doivent renouveler les cinq Parlements régionaux du royaume. Sur la base des résultats de ce scrutin, la composition du Sénat sera connue. Le même jour, les Belges seront invités à élire leurs représentants au Parlement européen. L’année électorale se clôturera le 13 octobre 2024 avec l’organisation d’élections communales.