« La reprise des relations diplomatiques avec Israël en 2020, dans le cadre de l’accord tripartite Maroc-États-Unis-Israël, n’implique pas un soutien aux actions du gouvernement israélien. Le Maroc a fermement condamné, au plus haut niveau, les attaques israéliennes contre les civils, les hôpitaux et les écoles, les jugeant inadmissibles », a confié Nasser Bourita à l’hebdomadaire français.
« Sa Majesté le Roi, président du Comité Al Qods, a, dès le rétablissement des liens avec Israël, réaffirmé son engagement envers la cause palestinienne en appelant le même jour (10 décembre 2020, ndlr) le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas », a-t-il rappelé.
« Il faut comprendre que cette démarche (la reprise des relations, ndlr) ne signifie pas un renoncement à la cause palestinienne, bien au contraire. La position marocaine sur la question palestinienne, qui est, comme l’a souligné Sa Majesté le Roi, une priorité au même titre que la question du Sahara, demeure sans ambiguïté : cette posture de principe ne connaît ni compromis ni silence ; elle est exprimée régulièrement par la plus haute autorité de l’État », a encore fait valoir le chef de la diplomatie marocaine. N’empêche, le Maroc n’a pas hésité à prêter le port de Tanger, et par deux fois, à des bâtiments de guerre de la marine israélienne en provenance des USA. Lesdits bâtiments ont souté sans le moindre problème dans le détroit alors que l’Espagne voisin avait opposé son refus au mouillage de tout bâtiment israélien dans ses ports. Le ministre marocain a aussi fait valoir une des spécificités du royaume : « Contrairement au Moyen-Orient, notre pays porte en lui un héritage juif ancré dans son identité nationale. C’est un modèle inspirant de coexistence où la religion n’est pas un obstacle .» et de rappeler que le préambule de la constitution de 2011 souligne que « le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen ».
Tout cela est intelligible. Mais ce qui ne l’est pas, c’est qu’au nom d’une telle réaffirmation le pays soit ouvert à tous les vents des criminels de guerre qui, en terre palestinienne, organisent les pogroms contre le peuple palestinien et projettent leur puissance criminelle dans la région, en attaquant à tout va tous les pays qui n’aspirent qu’à vivre en paix. Une paix qui réhabilite le peuple palestinien spolié dans ses droits nationaux et historique. Faut-il rappeler à ce propos les images qui ont fait le buzz sur les réseaux sociaux montrant un criminel de guerre israélien faire depuis Marrakech le panégyrique de la politique d’extermination à Gaza menée par une horde de criminels dirigés par le sinistre Benyamin Netanyahu et consorts qui, en évoquant les Palestiniens, parlent d’animaux humains ?!
Le Maroc peut se prévaloir d’une politique pacifique et d’entente entre les peuples sans que personne ne trouve à redire. Mais de là à accepter de fricoter avec un régime qui fait de la politique du « choc et de l’effroi » son modus operandi sur l’échiquier proche-oriental… C’est la raison pour laquelle il est de salut public que de revoir les termes, déjà violés par l’entité sioniste, des accords ayant conduit à la normalisation entre Rabat et Tel-Aviv. Accords qui ne projettent, in fine, qu’une seule image du Royaume inféodé, ce qu’à Dieu ne plaise, au diktat sioniste. La vox populi a ceci de sage qu’elle prête les arguments à la diplomatie marocaine pour changer de cap. Radicalement. Les dividendes à en tirer n’en sauraient que plus grands !