Mais les Casques bleus ont dû partir de Ber plus tôt que prévu « en raison de la dégradation de la sécurité dans la zone », selon la mission onusienne, qui a subi une attaque terroriste lors de son retrait. L’armée malienne et ses supplétifs russes du groupe Wagner, qui ont investi le camp de Ber, ont eux aussi subi des attaques meurtrières attribuées à des groupes terroristes. Quant aux ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), signataires de l’accord de paix de 2015, ils contestent l’arrivée des forces maliennes à Ber.
Le dernier convoi qui a quitté le camp a subi deux attaques successives : quatre Casques bleus ont été blessés, selon la Mission onusienne, qui a revu lundi son bilan à la hausse.
De son côté, l’armée malienne indique dans un communiqué publié dimanche, au soir, avoir bien « pris possession » du camp. Mais les Forces armées maliennes (Fama), positionnées à Tombouctou, à une soixantaine de kilomètres de Ber, ont aussi subi plusieurs attaques lors de leur progression entre le 11 et le 13 août. Bilan officiel : cinq morts et quatre blessés côté malien, une vingtaine de terroristes tués.
Dans un communiqué diffusé il y a deux jours, le Jnim (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans) lié à al-Qaïda, affirmait avoir attaqué « l’armée malienne et des mercenaires de Wagner », assurait avoir fait « des dizaines de morts et de blessés » et capturé un soldat malien, et reconnaissait quatre morts dans ses rangs.
La situation sécuritaire à Ber, après le départ de la Minusma et l’arrivée de l’armée malienne et de ses supplétifs russes, est donc extrêmement tendue. Elle l’est d’autant plus que les ex-rebelles indépendantistes de la CMA contestent l’arrivée de l’armée malienne. Ses dirigeants rappellent que, selon le cessez-le-feu signé en 2014 et qui régit l’accord de paix, ce sont les ex-rebelles qui contrôlent cette partie du territoire. Un cadre de la CMA précise que des affrontements ont eu lieu vendredi et samedi, à Ber, entre les ex-rebelles et les forces maliennes accompagnées de Wagner. La CMA affirme ne déplorer aucune victime. Quant au communiqué de l’armée malienne sur les « incidents » qui ont émaillé son arrivée à Ber, il ne mentionne aucun affrontement contre la CMA et ne cite que des « groupes armés terroristes ».
Si les Fama ont pris possession du camp militaire de Ber, la CMA reste présente dans la ville. Une situation hautement inflammable. Aucun commentaire à ce stade de la médiation internationale pour le suivi de l’accord de paix, conduite par l’Algérie.
Un cadre onusien précise qu’à Ber comme ailleurs, la Minusma remet tous les camps qu’elle doit quitter aux autorités nationales parce que c’est le gouvernement malien qui avait autorisé en 2013 le déploiement de la mission onusienne, avant même la signature du cessez-le-feu et de l’accord de paix.