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La France perd pied en Afrique : L’empire « Françafrique » s’écroule

Après des changements de pouvoir dans plusieurs pays africains, la France risque de voir ses liens avec le continent se rompre, ce qui aurait des répercussions économiques et politiques, indique Scott Ritter, ex-agent américain. Paris devrait s’attendre à « un avenir désastreux » face à la colère de l’Afrique suscitée par sa politique postcoloniale.
La France perd pied en Afrique : L’empire « Françafrique » s’écroule

Le putsch du Gabon représente une manifestation continue d’un processus de décolonisation en Afrique et menace fortement la France qui y perd ses liens économiques, a estimé Scott Ritter, ancien officier de renseignement américain.

« C’est quelque chose qui constitue une menace existentielle pour la France. Elle a des liens économiques étendus avec l’Afrique et la désintégration rapide de ces liens se répercutera sur l’économie française. Cela aura des répercussions politiques, car de nombreux membres de l’élite politique française ont acquis leur richesse grâce à l’exploitation continue de l’Afrique », a-t-il déclaré dans une interview accordée à la chaîne YouTube Gegepol.

En effet, le Gabon représentait « la posture stratégique globale de la France » après la décolonisation et « était une source d’uranium qui a rendu possible la force nucléaire française » indépendante des États-Unis, rappelle-t-il.

D’après lui, la France devrait s’attendre à des « conséquences », sans rêver de survivre à ces transformations « tranquillement ». Notamment, parce que « la France n’est pas une superpuissance et a une capacité militaire limitée au Gabon ». En outre, Paris ne pourrait rien faire si Libreville décidait de l’expulser de son territoire par la force « à moins que les États-Unis ne soient disposés à lui venir en aide », suggère S. Ritter. Cependant, Washington ne semble pas « s’aligner pour soutenir les politiques postcoloniales de la France sur le continent africain », selon lui. Et d’ajouter que « l’avenir est désastreux pour la France », d’après l’ex-officier US. Les Français « se retrouveront face aux limites de leur pouvoir et à la colère de l’Afrique qui en est arrivée là avec la politique postcoloniale française ».

Cette série de changements de pouvoir sur le continent constitue un ras-le-bol envers Paris qui a continué de dominer les « anciens territoires coloniaux en contrôlant leurs aspects politiques, économiques, sociaux et militaires ».

« L’Afrique se réveille et prend conscience de la pauvreté persistante qui sévit dans ces pays, dont le Mali, le Burkina, la Guinée, le Niger, le Gabon, avance Scott Ritter. Toutes ces nations sont à la dérive dans le chaos intérieur et la pauvreté tandis qu’une élite politique et économique prospère. […] C’est pourquoi nous assistons à des coups d’État militaires successifs visant à évincer les élites politiques pro-françaises. Et le Gabon en est l’exemple le plus récent », relève-t-il encore.

Ce pays accueille plus de 80 entreprises françaises notamment dans le secteur minier, dont Eramet, qui exploite la principale ressource naturelle du pays, le manganèse. Leur chiffre d’affaires total atteint trois milliards d’euros. Il abrite également l’une des trois bases militaires françaises en Afrique de l’Ouest.

Un groupe de militaires gabonais de haut rang a annoncé le 30 août à la télévision nationale qu’il avait pris le pouvoir. Les militaires, qui ont par la suite choisi Brice Clotaire Oligui Nguema comme chef, ont annulé les résultats des élections du 26 août, remportées par le Président sortant Ali Ben Bongo Ondimba, qui se retrouve « assigné à résidence, entouré de sa famille et de ses médecins ».

Un mois plus tôt, un groupe de militaires nigériens avec le général Abdourahamane Tiani à sa tête avaient aussi annoncé la prise du pouvoir. La CEDEAO a imposé de lourdes sanctions économiques et financières contre Niamey et menacé de recourir à la force pour rétablir l’ordre constitutionnel.

Le Niger possède de riches réserves d’uranium dont dépend Paris. Selon les médias français, ce pays africain représente 15 à 17% de l’uranium utilisé pour produire de l’électricité en France. 1.500 soldats français sont stationnés au Niger et 1.000 au Tchad.

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