« Notre patience a des limites », répète l’armée israélienne depuis des mois. Et il se pourrait qu’elle mette ses menaces à exécution en lançant une offensive frontale contre le Hezbollah. Le Premier ministre israélien a affirmé mercredi qu’Israël était « prêt pour une opération très intense » à sa frontière nord. « D’une manière ou d’une autre, nous allons y rétablir la sécurité », a-t-il ajouté, lors d’une visite près de la frontière avec le Liban.
« Nous approchons du moment où une décision devra être prise, et l’armée israélienne est préparée et prête à prendre cette décision », a déclaré Halevi lors d’une évaluation avec des responsables militaires et le chef des pompiers Eyal Caspi, sur une base de Tsahal, à Kiryat Shmona. « Nous attaquons depuis huit mois et le Hezbollah paie un prix très, très élevé. Il a augmenté ses forces ces derniers jours et nous sommes prêts, après un très bon processus d’entraînement […] à passer à l’attaque dans le nord », a-t-il déclaré. « Nous avons une défense solide, nous sommes prêts à attaquer et nous approchons du moment décisif », a-t-il ajouté.
- Halevi et E. Caspi ont ensuite rencontré des pompiers qui ont travaillé à l’extinction de grands incendies dans le nord d’Israël au cours des deux derniers jours, dont certains ont été déclenchés par des attaques de roquettes et de drones du Hezbollah.
Alors que le nord du pays est en proie à des incendies provoqués par les attaques du Hezbollah, l’ancien Premier ministre Naftali Bennett s’en est pris au gouvernement, estimant que « le pays n’est pas géré » et qu’il est dépourvu de leadership. « Les temps sont durs, mais le sentiment que quelqu’un est aux commandes, même dans les moments difficiles, n’est pas un luxe. C’est un besoin existentiel », a-t-il relevé dans un communiqué. « Nous devons sauver le Nord. La Galilée est en train de brûler. Le feu se propage », poursuit-il, faisant référence à l’intensification des tirs de roquettes et des attaques de drones du Hezbollah.
« Des endroits magnifiques et florissants se sont transformés en tas de ruines. Certains habitants qui ont été évacués planifient déjà leur vie ailleurs. Il s’agit d’un événement stratégique grave qui ne peut en aucun cas être normalisé », a encore noté N. Bennett tout en avertissant que « l’abandon du Nord est dangereux pour notre avenir » et en pressant le gouvernement et les chefs de la sécurité à « tracer une nouvelle voie ». « Le Premier ministre doit commencer à gérer, et ce, dès maintenant », a-t-il ajouté.
Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a de son côté critiqué Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, dont le ministère supervise les services de lutte contre les incendies, pour avoir assisté à un événement à Jérusalem alors que les incendies faisaient rage dans le nord du pays. « Il n’y a jamais eu de gouvernement aussi imprudent dans l’histoire du pays. Ils s’en fichent complètement. Ils ne se soucient ni du nord, ni du sud, ni des otages », a déploré Lapid.
Face à cette montée des enchères, Cheikh Naim Qassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah, a affirmé que « le Hezbollah est prêt à une guerre globale si l’ennemi israélien le souhaite ». S’exprimant lors d’un entretien exclusive avec la chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera, il a souligné que « la résistance au Liban n’a pas la décision d’étendre la guerre, mais elle est prête à se battre si elle lui est imposée ».
Il a aussi révélé que des menaces étaient parvenues aux dirigeants du Hezbollah pour faire pression sur la résistance en faveur d’un cessez-le-feu, mais la réponse a été que le front du Liban est lié à Gaza et « nous n’avons pas d’autre discussion à l’heure actuelle sinon que de cesser la guerre contre la bande de Gaza ».
Le secrétaire général adjoint du Hezbollah a critiqué le récent discours du président américain, estimant que « les offres d’accalmie de la part de l’administration américaine à Gaza manquent d’objectivité et s’inscrivent dans le cadre de la campagne électorale de Biden par excellence et servent ses intérêts internes populistes, et donc il n’a aucune intention sérieuse d’arrêter cette guerre ».
Cheikh Qassem a conclu son entretien en soulignant que « toute expansion israélienne de la guerre contre le Liban entraînerait des ravages, des destructions et des déplacements au sein de l’entité occupante », et que « la résistance ne permettra pas à l’occupation israélienne de remporter une quelconque victoire, voire le Hezbollah n’a jusqu’à présent utilisé qu’une petite partie de ses capacités et ce proportionnellement à la nature de la bataille ».
A rappeler que lors de sa visite officielle au Liban, Ali Bagheri-Kani, ministre iranien des Affaires étrangères par intérim s’est entretenu, lundi 3 juin, avec Sayyed Hassan Nasrallah ainsi qu’avec une délégation des groupes de résistance palestinien à Beyrouth.
La discussion entre les deux hommes a porté sur « les derniers développement politiques et sécuritaires dans la région, notamment sur les fronts de Gaza et du Liban, ainsi que sur les solutions proposées et les scénarios potentiels sur la progression des événements ». Lors de sa réunion avec la délégation palestinienne, le ministre iranien a déclaré que la voie de son prédécesseur, Hossein Amir-Abdollahian, se poursuivrait et que l’Iran continuerait à soutenir la Résistance palestinienne.
Pour sa première visite à l’étranger, il a choisi le Liban, le « berceau de la Résistance » et en raison des liens étroits qui unissent les peuples iranien et libanais. Au sujet du conflit à Gaza, le responsable iranien a rappelé que la Résistance palestinienne était pleinement capable de déterminer son avenir, de défendre sa dignité et ses terres depuis 75 ans.
« Après huit mois de guerre à Gaza, nous constatons que Washington, principal soutien de l’entité occupante, propose un plan pour mettre fin à la guerre », a-t-il noté. Le régime d’occupation « cherche une issue et est incapable de nuire au Liban ou de s’engager dans une confrontation avec la vaillante Résistance libanaise ».
Selon lui, les crimes d’Israël dans la bande de Gaza ont unifié plus que jamais les mouvements de résistance dans la région. Les évolutions régionales montrent la maturité intellectuelle des nations et leur entière conscience des complots d’Israël. La Résistance est désormais devenue un phénomène mondial, a-t-il souligné.
A. Bagheri-Kani a également critiqué la position américaine en rappelant que « si les Américains étaient sincères, au lieu de proposer un plan pour arrêter la guerre à Gaza, ils auraient dû réduire leur aide à l’entité israélienne. Sans cette assistance, Israël ne serait pas en mesure de commettre des crimes contre les Palestiniens, et la guerre se terminerait automatiquement. »
Sur le terrain, le Hezbollah a mené mercredi plusieurs opérations, douloureuses, contre les positions de l’armée sioniste. Ses combattants ont visé un rassemblement de militaires israéliens dans l’entourage de la position al-Malikiya et mené une opération a l’aide d’un drone d’assaut (suicide) sur le lieu de rassemblement de militaires israéliens sur le site d’al-Baghdadi. Idem pour le site al-Sammaqiyeh dans les collines occupées de Kafarchouba où la plateforme du Dôme de fer dans la caserne Ramot Nephtali a été détruite. La Résistance islamique a aussi attaqué au milieu de la journée un attroupement de soldats du côté de Hanita.