Alors que le conflit au Soudan était au cœur des discussions ce 25 septembre 2024 à l’Assemblée générale de l’ONU avec un nouvel appel à l’arrêt des combats, on apprend que des affrontements intenses ont éclaté tôt ce jeudi matin dans la capitale, Khartoum, entre l’armée et les paramilitaires.
L’armée soudanaise a lancé une importante offensive vers 2h, ce matin, sur plusieurs positions des Forces de soutien rapide (FSR) dans la capitale. Des habitants de Khartoum font état de « tirs d’artillerie intenses » et de bombardements aériens concentrés sur le centre de la ville. Selon une source militaire, l’armée a pris le contrôle de deux ponts stratégiques, le pont du Nil blanc et le pont McNimir, qui séparent les parties de la capitale tenues par l’armée de celles contrôlées par les paramilitaires. L’armée aurait également progressé dans un quartier nord de la capitale, le quartier de Bahri, où se trouvent des positions des FSR.
C’est la première offensive majeure de l’armée depuis près de quatre mois pour essayer de reprendre du terrain dans Khartoum, dont une grande partie est toujours sous le contrôle des paramilitaires du général Hemedti. Cette offensive intervient alors que le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhan, doit s’exprimer cet après-midi à la tribune des Nations unies.
Au Soudan, une guerre oppose depuis le 15 avril 2023 l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, aux paramilitaires des FSR de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Dogolo dit « Hemedti ». Les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, plus de 10 millions de déplacés et près de 26 millions de personnes – la moitié de la population – font face à une insécurité alimentaire sévère, selon l’ONU.
Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a exprimé le 25 septembre 2024 au chef de l’armée soudanaise sa « profonde inquiétude » concernant « l’escalade » au Soudan, tandis que les humanitaires ont dénoncé l’« enfer » vécu par les civils dans ce pays d’Afrique de l’Est. En marge de l’Assemblée générale des Nations unies, une réunion était d’ailleurs consacrée à cette guerre qui a débuté le 15 avril 2023. Filippo Grandi ; Haut-Commissaire aux réfugiés, a, lui, pointé du doigt l’inaction de la communauté internationale et l’a prévenue que cela aurait des conséquences bien au-delà des frontières soudanaises.
La réponse humanitaire de la crise soudanaise est sérieusement sous-financée : seul un quart du budget nécessaire cette année a été rassemblé par la communauté internationale. Alors le bureau de Coordination des affaires humanitaires de l’ONU a organisé le 25 septembre 2024, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, un rassemblement pour lever des fonds.
F. Grandi n’a pu s’empêcher de remarquer cyniquement que tous les gouvernements présents se disaient en faveur de la paix au Soudan, et ce depuis plus d’un an, mais que la situation avait depuis empiré : 11 millions de Soudanais sont des déplacés, 25 millions souffrent de malnutrition et aucun cessez-le-feu ne semble en vue. C’est dans ce contexte qu’il a pointé du doigt l’inaction de la communauté internationale et l’a prévenue que cela aurait des conséquences bien au-delà des frontières soudanaises. « La solution à cette crise se trouve au Soudan, mais je peux vous assurer que ses conséquences ne se limiteront pas à la région, a-t-il assuré. Les personnes déplacées à l’intérieur du Soudan, non-prises en charge, non-atteintes, deviendront des réfugiés : plus de 2 millions ont déjà traversé la frontière vers les pays voisins, vers l’Égypte, le Tchad, le Soudan du Sud, l’Éthiopie, la République centrafricaine. Des pays confrontés à leurs propres situations d’instabilité et de fragilité, avec leurs propres défis ». L’Italien insiste : « Nous devons les soutenir. Sans votre soutien, cette liste de pays continuera de s’allonger. Le Haut-Commissariat aux réfugiés vient de déclarer l’urgence en Ouganda et en Libye liée au conflit soudanais, et les gens vont se déplacer plus loin. Les réfugiés soudanais traversent déjà la Méditerranée et même la Manche. »
Dans la salle du sous-sol de l’ONU, où se déroulait la réunion consacrée à la guerre soudanaise, la nouvelle du versement de 424 millions de dollars par les États-Unis, a été bien accueillie, le budget de la réponse humanitaire au Soudan grossissant puisqu’aucun cessez-le-feu n’est en vue. L’Égypte, le Qatar, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la Russie, tous impliqués dans la guerre civile en armant le gouvernement au pouvoir ou les combattants des Forces de soutien rapide (FSR), étaient présents et tous ont promis des fonds, ce qui a indigné la société civile soudanaise, qui a dénoncé une mascarade