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Guerre en Ukraine : Que vaut la loi martiale décidée par Moscou ?

Le président russe a ordonné mercredi 19 octobre l'instauration de la loi martiale dans les quatre territoires annexés par son pays en Ukraine. L'administration d'occupation russe à Kherson, dans le sud, a indiqué qu'elle évacuait les civils de la ville face à l'avancée des troupes ukrainiennes, tout en assurant que l'armée russe allait combattre sur place « jusqu'à la mort ». Kiev accuse Moscou « d'essayer de faire peur » aux habitants de Kherson.

Vladimir Poutine a ordonné mercredi 19 octobre l’instauration de la loi martiale dans les quatre territoires ukrainiens de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia, annexés en septembre par Moscou. Cette mesure a été annoncée lors d’une réunion du conseil de sécurité diffusée à la télévision russe. Le Kremlin a ensuite publié un décret annonçant l’entrée en vigueur de la loi martiale dans ces territoires à partir de la nuit de mercredi à jeudi, à minuit.

La mesure est présentée par le président russe comme mi-technique, mi-politique. Ces territoires « avaient instauré la loi martiale avant leur rattachement à la Fédération de Russie, mais il est nécessaire de formaliser ce régime en suivant la législation russe », a expliqué V. Poutine. Il a justifié cette mesure en affirmant que Kiev refusait de négocier avec Moscou et continuait selon lui à « bombarder » la population civile dans ces régions. « Les néo-nazis (ukrainiens) utilisent ouvertement des méthodes terroristes (…) Ils envoient des groupes de saboteurs sur notre territoire », a-t-il ajouté, dénonçant notamment l’attaque contre le pont de Crimée et « des infrastructures nucléaires », sans préciser lesquelles, même si tout le monde pense bien sûr à Zaporijjia.

Cette loi martiale implique, entre autres, un couvre-feu, le contrôle des entrées et sorties, l’interdiction des rassemblements publics. La liste est non exhaustive, d’autant que le décret l’indique : « d’autres mesures » peuvent être prises « si nécessaire ».

Le vrai changement, c’est pour les autres territoires. Juste en dessous de la loi martiale, il y a le niveau d’alerte dit « moyen », qui concerne toutes les régions frontalières de l’Ukraine, Crimée incluse, mais des mesures similaires sont possibles – contrôle des mouvements, couvre-feu et évacuations obligatoires. Enfin, les régions du sud et du centre, mais également Moscou, entrent dans le régime dit d’alerte renforcée. C’est le niveau d’alerte le plus bas. « Rien ne va vraiment changer dans la vie quotidienne », a assuré le maire de la capitale.

L’évacuation de Kherson, à raison de 10 000 personnes par jour, devrait prendre six jours, selon l’administration d’occupation qui a indiqué que les civils évacués pourront ensuite se rendre en Russie, s’ils le souhaitent. Selon l’agence de presse Ria-Novosti, des abonnés des réseaux mobiles locaux ont reçu des SMS les incitant à évacuer avant « des bombardements de l’armée ukrainienne ».

Le général russe Sergueï Sourovikine, chargé des opérations en Ukraine, avait affirmé mardi soir sur la chaîne Rossiya 24 que l’armée russe allait « assurer avant tout l’évacuation sécurisée de la population » de Kherson. Capitale de la région éponyme occupée par la Russie depuis le printemps et annexée en septembre, cette ville est actuellement visée par des frappes ukrainiennes sur ses « infrastructures », a-t-il relevé. « Les actions ultérieures concernant la ville de Kherson elle-même vont dépendre de la situation militaire », a-t-il poursuivi, qualifiant la situation dans la zone de l’opération militaire spéciale de « tendue ».

De son côté, Kiev a accusé la Russie d’ « essayer de faire peur » aux habitants de Kherson en organisation l’évacuation de cette ville importante du sud de l’Ukraine. « Les Russes essaient de faire peur aux habitants de Kherson avec de fausses newsletters sur le bombardement de la ville par notre armée », a dénoncé sur Telegram Andriï Iermak, chef de cabinet de la présidence ukrainienne, estimant que ce « spectacle de propagande (…) ne fonctionnera pas ».

Quoi qu’il en soit, pour l’heure, après la mobilisation partielle, la Russie fait un nouveau saut dans l’entrée concrète dans le conflit. Vladimir Saldo, dirigeant de la région de Kherson, a annoncé pour sa part, une évacuation vers la rive gauche du fleuve Dniepr de la population de plusieurs localités pour permettre à l’armée russe d’installer des « constructions défensives d’ampleur » face à une « vaste contre-offensive » préparée par les forces ukrainiennes. Des renforts, jugés massifs, avaient été vus sur les routes menant à la ville où l’armée russe supervise déjà l’évacuation des civils. L’armée russe ne compte rien lâcher et des observateurs laissent entendre que le risque sur cette importante ville serait circonscrit en l’espace d’une semaine.

Depuis le début de la semaine, plusieurs localités ukrainiennes avaient subi des tirs de missiles lancés depuis la mer, la terre ou le ciel par l’armée russe. L’armée russe poursuit son offensive de la semaine dernière, en multipliant les frappes contre des installations militaires, de communication et énergétiques ukrainiennes. Les bombardements les plus massifs ont eu lieu les 10 et 11 octobre.

V. Poutine a déclaré lors d’une réunion avec les membres du Conseil de sécurité russe le 10 octobre qu’il s’agissait d’une réponse à l’attaque de Kiev contre le pont de Crimée et à d’autres attaques contre des installations civiles en Russie.

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