Les accords de Minsk sont divisés en deux parties, le premier accord ayant été signé en 2014 dans l’optique d’arrêter la guerre dans la région du Donbass, région où combattaient les séparatistes russes face à l’armée ukrainienne. Puis, en 2015, les accords de Minsk II ont été signés avec l’objectif d’imposer un cessez-le-feu, retirer les armes lourdes du front et effectuer des échanges de prisonniers.
Revenant sur ces accords qui ont été négociés avec l’aide de la France et l’Allemagne, l’ex-chancelière a souligné que « l’accord de Minsk de 2014 était une tentative de donner du temps à l’Ukraine. Elle a également utilisé ce temps pour se renforcer, comme on peut le voir aujourd’hui. L’Ukraine de 2014-2015 n’est pas l’Ukraine moderne ». L’ancienne dirigeante a également admis que l’OTAN n’aurait pas eu les ressources nécessaires à l’époque pour soutenir l’Ukraine.
Selon Andrew Korybko, expert russe de l’institut d’études stratégiques et de prévisions de l’Université de l’amitié des peuples de Russie, ces aveux illustrent « une manipulation de la perception », que la dirigeante allemande a concoctée, dans le but de faire croire au numéro un russe qu’il pouvait de concert avec elle mettre en exécution sa grande vision stratégique d’une « Europe de Lisbonne à Vladivostok ». Le résultat final aura été d’après l’expert que le dirigeant russe a patiemment retenu sa Grande Puissance pendant près de huit ans malgré d’innombrables provocations contre sa co-éthique dans l’ancienne Ukraine orientale.
L’analyste russe prédit aussi à la lumière de ces aveux que le conflit durera.
Les révélations faites par A. Merkel font aussi planer le doute sur les réelles visées de la participation de l’Allemagne au projet de gazoduc du Nord Stream 2 avec la Russie, qu’il a pu être lui aussi un leurre pour faire croire au dirigeant russe qu’elle était partante dans sa vision de l’Europe. Sachant que la moitié des 8 milliards d’euros de son financement était assurée par la compagnie russe Gazprom, tandis l’autre partie l’était par cinq compagnies européennes, chacune apportant 950 millions d’euros.
Ces aveux signifient aussi que cette guerre était bel et bien préparée et planifiée d’avance, et que les occidentaux ont tout fait pour pousser le président russe à la déclencher. Ce qui devrait donner du crédit à ses affirmations au début de son opération en Ukraine. Pour A. Korybko, ils devraient surtout donner une leçon au président russe de ne plus jamais faire confiance à aucun de ses pairs occidentaux. Rappelant que l’ex-président ukrainien Petro Porochenko qui avait signé ces accords avait dit la même chose. A la différence que A. Merkel passait pour être une amie de V. Poutine !
A vrai dire, les aveux de l’ex-chancelière allemande devraient aussi mettre en garde tous les dirigeants du monde sur l’hypocrisie des dirigeants occidentaux.