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Guerre au Yémen : un ultimatum aux investisseurs lancé

Les forces armées yéménites ont appelé les investisseurs des Émirats arabes unis et d’Arabie saoudite à transférer leurs investissements vers un autre pays.

Le général Yehya Sarii, porte-parole des forces armées yéménites, a lancé un ultimatum aux investisseurs qui s’activent dans le sillage de l’agression saoudo-émiratie. « Frère investisseur, afin de s’assurer que vous ne perdez pas plus, votre investissement doit être transféré d’un pays agresseur vers un autre, car investir aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite serait plein de risques », a rapporté la télévision yéménite AlMasirah.

Cette menace survient à un moment où le Comité économique suprême a annoncé avoir envoyé à toutes les compagnies pétrolières locales et étrangères, en plus des compagnies maritimes, des notes leur enjoignant de mettre fin immédiatement à tous les travaux liés au pillage des richesses souveraines yéménites.

Entre-temps, la coalition saoudo-américaine s’est emparée d’un navire pétrolier et l’a interdit de se diriger vers le port de Hodeïda. Issam Al-Moutawakel, porte-parole de la compagnie pétrolière, a déclaré que « la coalition d’agression dirigée par les États-Unis avait détenu le navire Soprano Serene, malgré son inspection et l’obtention d’un permis d’entrée de la part de l’ONU. »

A peine quelques jours après que Le Figaro a publié une enquête révélant l’implication de grandes entreprises françaises dans le meurtre d’enfants au Yémen avec le soutien de la France, la chaîne yéménite AlMasirah a fait état dans un rapport publié jeudi 6 octobre des mouvements suspects des forces françaises dans les provinces du nord du Yémen en vue de piller les ressources pétrolières et gazières yéménites.

La crise énergétique en Europe due à la guerre en Ukraine et à la fermeture des robinets de pétrole et de gaz de la Russie aux Européens a mis la France dans une situation tellement difficile qu’elle cherche maintenant à aller s’emparer des ressources pétrolières et gazières yéménites, mais ce n’est pas tout.

Outre le soutien logistique et politique à Riyad et Abu Dhabi, a indiqué AlMasirah, la France a livré du matériel militaire, des munitions et des services de maintenance [pour environ neuf milliards d’euros, NDLR] à ces deux pays sans compter son implication directe dans les batailles sur la côte ouest du Yémen.

Suite à la révélation faite par Le Figaro sur l’implication des unités de combat françaises dans l’attaque contre la province yéménite de Hodeïda, le ministère français de la Défense s’est évertué à justifier son intervention sous prétexte de déminage des voies navigables, ce qui, selon le rapport, n’est rien d’autre qu’une échappatoire pour ne pas assumer la responsabilité des conséquences humaines et juridiques.

En effet, poursuit le rapport, plus de sept ans se sont écoulés depuis le déclenchement de la guerre contre le Yémen, mais les gouvernements en France n’ont pas changé la position hostile de Paris envers le Yémen dont l’indépendance ne va pas dans l’intérêt de la France. Le rapport décrit les agissements de la France au Yémen comme prélude à la mise en œuvre du plan visant au pillage des ressources vitales du Yémen. Il s’agit de la visite de l’ambassadeur de France il y a quelques jours dans la ville yéménite d’al-Mukalla, capitale de la province de Hadramaout pour discuter de l’extraction de gaz dans le port de Belhaf.

Abou Bakr al-Qirbi, ancien ministre yéménite des Affaires étrangères, avait annoncé plus tôt l’arrivée d’un groupe de forces militaires françaises dans le port de Belhaf, au sud de la province de Chabwa, à environ 350 km à l’est d’Aden (sud), pour la soi-disant mission de sécuriser d’importantes installations de l’extraction du gaz naturel liquéfié (GNL). L’ancien ministre a déclaré que les préparatifs français étaient en cours pour exporter du gaz de l’installation de Belhaf à la lumière de l’augmentation du prix du gaz dans le marché mondial. La France, ajoute-t-il, entend réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis du carburant russe dans le contexte de la crise énergétique mondiale exacerbée par le conflit en Ukraine.

Les installations de l’extraction du gaz naturel à Belhaf ont été mises en service en 2006 et fermées en avril 2015, un mois après le lancement de la campagne militaire de la coalition saoudienne contre le Yémen. Depuis lors, Belhaf est devenue le principal bastion des forces émiraties au Yémen.

D’ailleurs, Mohammad Saleh bin Adio, gouverneur de Chabwa, a accusé les Émirats arabes unis de s’emparer de Chabwa pour faire mainmise sur les ressources gazières de la province.

Pendant longtemps, la zone autour de Belhaf a été considérée comme bastion des terroristes d’AlQaïda dans la péninsule arabique, et les Émirats arabes unis ont été accusés de leur fournir des armes.

Une enquête menée par Amnesty International et CNN au début de 2019 a révélé que les armes occidentales vendues aux Émirats arabes unis se sont retrouvées entre les mains de groupes affiliés à AlQaïda.

La France fera-t-elle l’objet des frappes d’Ansarullah maintenant que la trêve a pris fin et que le mouvement a appelé les pétroliers occidentaux à se retirer du Yémen ?

Un haut responsable d’Ansarullah a déclaré que les forces armées du pays cibleraient les installations pétrolières au plus profond de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis (EAU) au cas où les droits du peuple yéménite ne seraient pas respectés.

S’exprimant lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision libanaise AlMayadeen, Mohammed al-Bukhaiti, membre du bureau politique d’Ansarullah a averti que les forces armées yéménites avaient la capacité de cibler l’Arabie saoudite et les installations pétrolières des Émirats arabes unis, si les demandes légitimes du peuple yéménite n’étaient pas satisfaites et que le blocus contre le pays se poursuivait.

Il a souligné que la Résistance yéménite disposait de missiles navals avancés et que si le blocus contre le Yémen n’était pas levé, ces missiles joueraient rôle décisif pour mettre fin à la bataille. Ansarullah n’acceptera pas de cessez-le-feu permanent ni à long terme, a noté le responsable, ajoutant que les pays agresseurs empêchent les navires d’entrer au Yémen par la force des armes, ce qui entraînera une riposte écrasante des forces yéménites.

Pat Ryder, porte-parole du Pentagone, a appelé « toutes les parties yéménites à continuer de travailler pour résoudre la situation de manière plus pacifique ». Il a affirmé à la chaine satellitaire Al-Mayadeen aux États-Unis d’Amérique « qu’il est dans l’intérêt de toutes les parties au Yémen d’éviter toute escalade de la crise ».

Le porte-parole du Pentagone a souligné « l’importance pour toutes les parties yéménites de continuer à travailler pour résoudre la situation de manière plus pacifique ». Et assuré que « le Pentagone n’a rien de nouveau à annoncer concernant la fourniture d’armes et de munitions à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis ».

Plus tôt, quatre personnes proches du dossier ont déclaré que l’administration Joe Biden « discutait de la possibilité d’annuler son interdiction des ventes américaines d’armes offensives à l’Arabie saoudite, mais la décision finale dépend des progrès de Riyad vers la fin de la guerre en Yémen. »

Hier, le Premier ministre du gouvernement de Sanaa, Abdel Aziz bin Habtoor, a qualifié la déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU concernant l’armistice au Yémen d’ « irresponsable et inacceptable », et l’a considérée comme exprimant le point de vue de la coalition d’agression contre le Yémen. Il est à noter que l’armistice entre Sanaa et la coalition saoudienne n’a pas encore été renouvelé, bien que sa période de renouvellement ait expiré le 2 octobre.

En août dernier, les Nations unies ont annoncé la prolongation de l’armistice, entré en vigueur le 2 avril, pour deux mois supplémentaires, et prolongé avant cela le 2 juin.

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