Un rapport sur les comptes spéciaux, annexé au projet de loi de finances 2025, révèle que le « fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre » affiche un solde positif dépassant 13 milliards de dirhams au 1er octobre, avec des ressources totales de 21,9 milliards de dirhams et des dépenses de 8,9 milliards de dirhams. Pas moins de 16,7 milliards de dirhams de ces ressources proviennent de dons de partenaires institutionnels, entités publiques et privées, ainsi que de citoyens, en plus de 5,25 milliards mobilisés par le budget général de l’État.
Les dépenses du fonds se sont concentrées sur le financement de l’accord entre l’État et la Caisse nationale de retraite et d’assurance (CNRA), chargée de la gestion des aides directes dans le cadre du programme d’urgence pour la reconstruction et la réhabilitation des habitations détruites dans les zones sinistrées. L’accord prévoit l’allocation d’une aide mensuelle de 2500 dirhams aux familles, ainsi que des subventions directes de 140 000 dirhams pour la reconstruction des logements totalement détruits et de 80 000 dirhams pour la réhabilitation des logements partiellement endommagés.
Jusqu’au 1er octobre, les efforts financiers de l’État ont permis de mobiliser 4,1 milliards de dirhams destinés aux bénéficiaires d’aides directes. Ces aides se décomposent en allocations d’urgence mensuelles de 2500 dirhams, distribuées à 63 700 familles, pour un montant total de 1,7 milliard de dirhams. La distribution de ces aides a été prolongée de cinq mois supplémentaires, malgré la clôture initiale en septembre, suite à une décision de la commission interministérielle chargée du programme de reconstruction. Encore faut-il préciser que nombre de victimes ont été purement et simplement ostracisées. Une réalité amère qui, non seulement renforce la frustration des bénéficiaires exclus, mais offre une image de liquéfaction de l’Etat et de ses relais à l’échelle régionale et locale.
Pour ce qui est du chapitre de la reconstruction, les chiffres officiels signalent que seuls 5.600 bénéficiaires ont perçu des aides pour la reconstruction de leurs habitations totalement détruites (140 000 dirhams), pour un montant total de 237,78 MDH, versé en quatre tranches. Alors que 51 900 autres bénéficiaires ont reçu des subventions pour la réhabilitation des logements partiellement effondrés (80 000 dirhams), pour un total de 1,7 milliard de dirhams, également versé en quatre tranches. Mais de ce décompte, il est loisible de constater la défaillance de l’effort de l’Etat. La multiplication des marches de protestation des victimes du séisme, dans diverses régions sinistrées, a de quoi alerter les responsables en charge de la gestion post-catastrophe. En effet, à ce niveau aussi, des exclus de l’effort national de solidarité sont à signaler.
Osera-t-on corriger ces distorsions ? L’affaire est grave puisque le drame qui dure plus d’un an a affecté au moins 3,5 millions de personnes. Comme quoi, il y a quelque chose de pourri…