L’apparition de tensions sur les marchés financiers complique la tâche des banques centrales, souligne le FMI dans son rapport publié mardi, ajoutant que les outils disponibles pour faire face aux risques qui pèsent sur la stabilité financière devraient aider les banques centrales à dissocier les objectifs de politique monétaire des objectifs de stabilité financière, leur permettant ainsi de continuer à̀ durcir leur politique de façon à réagir aux pressions inflationnistes.
Les faillites soudaines de la Silicon Valley Bank et de la Signature Bank aux États-Unis, ainsi que la perte de confiance à l’égard de Credit Suisse ont rappelé avec force les difficultés que pose le resserrement des conditions tant monétaires que financières conjugué à l’accumulation des facteurs de vulnérabilité, souligne le rapport publié mardi. Avec l’utilisation des nouvelles technologies et la diffusion rapide de l’information sur les médias sociaux, ces cas, qui semblaient initialement isolés et circonscris au secteur bancaire américain, se sont rapidement répercutés sur les banques et les marchés financiers du monde entier, provoquant une liquidation des actifs à risque, relève le document. Le climat sur les marchés demeure instable et il est évident qu’un certain nombre d’institutions et de marchés sont toujours soumis à̀ des tensions alors que les investisseurs réévaluent la santé réelle du système financier, affirme le FMI.
Aux États-Unis, les craintes des investisseurs concernant les pertes potentielles sur les actifs sensibles aux taux d’intérêt ont conduit à̀ la vente indiscriminée d’actifs relatifs aux banques, en particulier pour les banques dont les bases de dépôts sont concentrées et dont les pertes après estimation à la valeur du marché́ sont importantes.
En Europe, les banques qui ont le plus souffert sont celles dont les titres se négocient à une décote importante par rapport à̀ leur valeur comptable, et pour lesquelles la rentabilité et la capacité à mobiliser des capitaux sont incertaines à long terme.
Jusqu’à̀ présent, les banques des marchés émergents semblent avoir évité des pertes significatives sur leurs placements et le financement par les dépôts est resté stable. Les services du FMI estiment que les effets sur les ratios réglementaires relatifs aux pertes latentes sur les titres détenus jusqu’à̀ leur échéance pour une banque médiane en Europe, au Japon et dans les pays émergents seraient modestes, mais plus notables pour certaines autres banques.
Les grands pays émergents ont relativement bien géré le resserrement brutal de la politique monétaire dans les pays avancés, en partie grâce au fait qu’au niveau mondial, le durcissement des conditions financières n’a pas été aussi conséquent que le resserrement de la politique monétaire, estime le rapport. Ils pourraient néanmoins faire face à̀ de graves difficultés si les tensions actuelles sur les marchés financiers ne s’atténuaient pas car elles pourraient à terme entraîner un recul de la prise de risque à l’échelle mondiale et, par conséquent, des sorties de capitaux, prévient le FMI.
Sur les marchés pré-émergents, les émissions de dette se sont évaporées en 2021 et pourraient ne pas renouer avec leurs niveaux antérieurs, compte tenu des facteurs de vulnérabilité macroéconomique et des problèmes actuels relatifs aux défauts souverains, indique le rapport.
Les pays à̀ faible revenu ont été durement touchés par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et ont peu ou pas d’accès aux financements de marché. Ces pays demeurent dans une situation d’endettement extrêmement difficile, et plus de la moitié d’entre eux (37 sur 69) sont surendettés ou exposés à un risque élevé de surendettement, selon la même source.
Si les tensions financières s’intensifient notablement et menacent la santé du système financier dans un contexte d’inflation élevée, il faudra sans doute faire des arbitrages entre les objectifs d’inflation et de stabilité financière, préconise le rapport. Il sera essentiel de communiquer clairement sur les objectifs des banques centrales et les fonctions de leur politique monétaire pour éviter toute incertitude inutile, indique le document, ajoutant que les décideurs devront agir rapidement pour éviter tout événement systémique qui aurait un effet défavorable sur la confiance des marchés dans la résilience du système financier mondial.
Les turbulences qui ont récemment secoué le secteur bancaire ont mis en lumière les carences des pratiques internes de gestion des risques en matière de risques de taux d’intérêt et de liquidité au niveau des banques, ainsi que les défaillances des instances de contrôle. Ces dernières devraient veiller à̀ ce que la gouvernance et la gestion des risques des banques correspondent à leur profil de risque, note le FMI.