Avant l’ouverture des cotations, le cours de l’action de la banque chutait vendredi de 60%. En cause, l’annonce par elle-même la veille qu’elle cherchait à lever de l’argent pour financer les demandes de retrait de ses dépositaires, pour la plupart de grands noms de la Silicon Valley. En clair, il s’agit d’un mouvement de panique bancaire : une course vers le guichet pour récupérer ses fonds.

La banque avait massivement acquis il y a un an des bons du Trésor US pour rémunérer ses clients avec un placement sûr. Sûr, mais plus tellement compétitif. Dans l’intervalle, la Réserve fédérale américaine (Fed) a augmenté ses taux et donne toutes les indications qu’elle va continuer. Autrement dit, les bons du Trésor émis aujourd’hui rapportent bien plus que ceux d’hier. Les clients le savent et entendent donc en profiter. Ils sont venus chercher leur argent pour le placer ailleurs. Ils ne le reverront que très modestement dans un premier temps. Le régulateur annonce que la banque rouvrira dès lundi pour que les clients puissent retirer leurs placements garantis, qui s’élèvent à 250 000 dollars par client.

Au total, ce sont 175 milliards de dollars au total qui étaient déposés par l’ensemble des clients habitués à voir l’argent couler à flot. Ce qu’ils reverront dépendra de ce que rapportera la liquidation de la banque. Par communiqué, Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor, a annoncé avoir « convoqué » plusieurs régulateurs des secteurs bancaire et financier, pour discuter de la situation après la fermeture de la SVB par les autorités vendredi. La ministre de l’Économie et des Finances de Joe Biden a reçu les responsables de la banque centrale, la Fed, mais aussi de l’agence américaine chargée de garantir les dépôts (FDIC) et d’un autre régulateur du secteur, l’Office of the Comptroller of the Currency (OCC), « pour discuter des développements autour de la Silicon Valley Bank ». Elle a tenté de rassurer en exprimant « sa pleine confiance dans les régulateurs bancaires pour prendre les mesures appropriées ». La secrétaire au Trésor note que « le système bancaire reste résilient et que les régulateurs disposent d’outils efficaces pour faire face à ce type d’événement ».

Un vent de panique a soufflé sur les marchés US après cette faillite bancaire qui rappelle, en ordre de grandeur, celle de Washington Mutual en 2008. Reste à savoir si l’histoire retiendra ou non la SVB comme l’élément déclencheur d’une nouvelle crise financière internationale. Les déboires de la SVB – couplés à ceux de Silvergate Capital, qui a annoncé le 8 mars sa liquidation volontaire – ont jeté le trouble sur les marchés américains et mondiaux. Le 9 mars, les quatre plus grandes banques US enregistraient près de 52 milliards de pertes. L’action de Bank of America chutait de 6,20%, celle de Wells Fargo de 6,18%, celle de Citygroup de 4,10% et celle de Goldman Sachs de 2,06%. L’impact a été bien plus violent pour des banques de taille moyenne, régionales, telles que First Republic qui a reculé de 15%, Signature Bank qui a perdu 23% ou encore PacWest Bancorp qui a dévissé de 35%. Dans le sillage des banques américaines, leurs homologues asiatiques puis européennes ont flanché. A Paris, Société Générale perdait 4,49%, BNP Paribas 3,82% et Crédit Agricole 2,48%. Ailleurs en Europe, la banque allemande Deutsche Bank a lâché 7,35%, la britannique Barclays 4,09% et la suisse UBS 4,53%. Seizième banque du pays, la SVB comptait fin 2022 pas moins de 209 milliards de dollars d’actifs et 175,4 milliards de dépôts, selon les chiffres de la Réserve fédérale américaine (Fed). Un montant similaire à celui de Washington Mutual (WaMu) lors de sa faillite à l’automne 2008.  Cette dernière avait été provoquée par les importants retraits effectués par ses épargnants, dans la foulée de la faillite de Lehman Brothers.
Jeremy Hunt, ministre britannique des Finances, a estimé, dimanche, que la faillite de la SVB posait un « risque sérieux » pour le secteur de la tech britannique. « Il existe un risque sérieux pour nos secteurs de la technologie et des sciences, dont beaucoup font affaire avec cette banque », a déclaré J. Hunt lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision britannique Sky News. En Israël, on craint le pire puisque pas moins d’un millier de start-up dépendaient de la SVB.

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