Selon le média britannique, des activistes qui appartiennent à l’Organisation des droits de l’homme palestinienne Al-Haq ont intenté une action judiciaire contre le Ministère des Affaires et du Commerce britannique. Ils l’accusent d’approvisionner l’entité sioniste en pièces essentielles pour des F-35 utilisés dans les raids israéliens meurtriers sur la bande de Gaza.
Dans les documents juridiques, le ministère des Affaires et du Commerce estime qu’il y a « une raison valable » de ne pas exclure les composants du F-35 des licences d’exportation, soulignant que la suspension de ces exportations aurait un impact négatif sur la sécurité internationale, y compris celle de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Les avocats du gouvernement insistent sur ce qu’ils décrivent être « les dangers qui menacent le programme F-35 sur la paix et la sécurité nationales s’il est mis en péril », au cas de l’arrêt de l’exportation. Le gouvernement défend aussi que l’engagement international pour prévenir la violation du droit international humanitaire est lié à « la connaissance effective » qu’une telle violation est sur le point de se produire. Dans ce contexte, Londres estime qu’il existe « un danger clair » qu’Israël commette une violation grave du droit international humanitaire, mais juge que ce risque ne constitue pas une « connaissance effective ».
Pour sa part, l’équipe des plaignants légaux composée de Philippa Kaufmann et Raza Husain, a déclaré que la décision du gouvernement d’exclure les composants du F-35 reposait sur « un raisonnement défectueux et illogique ». L’équipe a souligné que le devoir du Royaume Uni de prévenir le génocide est lié à l’existence « d’un vrai danger qu’il se produise », et non à sa réalisation effective.
En septembre, le gouvernement travailliste a suspendu 29 licences d’exportation d’armes destinées à un usage offensif à Gaza, laissant en place 200 autres licences. Une exception a également été accordée pour les équipements liés au programme F-35, invoquant des impératifs de sécurité nationale. Mais selon The Guardian, une étude des données commerciales montre que des entreprises britanniques ont exporté des munitions et d’autres équipements depuis la suspension de licences clés. 14 livraisons d’articles militaires ont été effectuées depuis le Royaume-Uni vers Israël depuis octobre 2023, dont 13 par voie aérienne à l’aéroport Ben Gourion, et une livraison maritime qui comprenait à elle seule 160.000 articles au port de Haïfa.
Depuis septembre 2024, 8.630 articles ont été exportés sous la catégorie : « bombes, grenades, torpilles, mines, missiles et munitions de guerre similaires, ainsi que leurs pièces – autres ». Outre les armes, quatre livraisons comprenant 146 articles ont été effectuées après septembre, sous un code douanier désignant : « chars et autres véhicules de combat blindés motorisés, armés ou non, et pièces de ces véhicules », indique The Guardian, selon lequel la majorité des livraisons, d’une valeur totale légèrement supérieure à 500.000 livres sterling, a eu lieu après la suspension des licences en septembre.
John McDonnell, ex-chancelier travailliste du cabinet fantôme, a réclamé une enquête complète. Il accuse David Lammy, ministre des Affaires étrangères, d’avoir induit le Parlement en erreur en septembre en violation du code ministériel, en affirmant aux députés que la majorité des livraisons britanniques à Israël étaient de « nature défensive ». Ce qui justifierait une démission. « Le gouvernement a entouré d’un grand secret ses livraisons d’armes à Israël. Il doit enfin faire toute la lumière à la suite de ces éléments extrêmement préoccupants et suspendre toutes les exportations d’armes vers Israël, afin qu’aucune arme fabriquée au Royaume-Uni ne soit utilisée dans les nouveaux projets terrifiants de Netanyahu visant à annexer la bande de Gaza et à nettoyer ethniquement le territoire », a ajouté J. McDonnell.
Un scandale n’arrive jamais seul !
Un autre scandale a été amplifié via la BBC sur l’implication des forces spéciales britanniques dans des crimes de guerre lors de leur déploiement en Irak et en Afghanistan. Un documentaire qui doit être diffusé lundi au Royaume-Uni fait état de témoignages récoltés par les journalistes d’investigation du programme Panorama qui ont pu interroger d’anciens combattants.
Les forces spéciales britanniques ont été envoyées en Afghanistan et en Irak aux côtés des Américains, dans les années 2000 pour lutter contre les talibans et Al-Qaida. Selon le documentaire de la BBC, les forces spéciales ont commis des meurtres et des assassinats par dizaines : des meurtres de civils, d’enfants, de prisonniers… C’est contraire aux conventions internationales – parce qu’il y a des règles, même en temps de guerre. Les témoignages recueillis par la BBC sont édifiants. « Il y a eu une opération où les gars ont clairement exécuté un homme. De ce que j’ai vu, il était évident qu’il ne présentait aucune menace, il n’était pas armé. C’est écœurant, il n’y a aucun professionnalisme là-dedans », regrette un des soldats. « Ils ont passé les menottes à un jeune garçon et ils l’ont abattu. Un enfant, loin d’être en âge de combattre. C’est injustifiable. Et c’est arrivé plusieurs fois », se souvient un autre.
Au Royaume-Uni, on ne parle pas de bavures ou d’erreurs isolées. Les escadrons des SAS et des SBS, forces spéciales, tenaient des « kill counts », des décomptes du nombre de personnes tuées en opération. Il y avait même une sorte de compétition entre escadrons. La BBC a pu consulter une vidéo réalisée par un groupe de soldats et qui récapitule le nombre de personnes capturées et tuées au cours de la mission à la manière d’un jeu vidéo.
Le documentaire apporte des preuves d’un maquillage généralisé, ce qui montre d’ailleurs que les militaires avaient bien conscience d’enfreindre les règles. Plusieurs vétéran racontent comment les assassinats étaient mis en scène, par exemple en laissant des armes sur place pour faire croire que les victimes présentaient une menace. Cela touche tous les échelons de la hiérarchie. « Il y a eu une opération particulièrement difficile où l’on a perdu de vue le véhicule que l’on ciblait. Sur le terrain, ils étaient sûrs de l’avoir retrouvé, mais nous avions des doutes. Ils ont quand même attaqué et tué une famille entière. Les informations qu’on a eues ensuite montraient que c’était le mauvais véhicule. Le rapport qui a suivi est un tissu de mensonges, les détails ont été modifiés, et on dirait que tout a été fait suivant les règles. À moi, on m’a dit de la boucler », raconte une opératrice chargée d’analyser la vidéosurveillance pendant les opérations puis de rédiger des rapports.
Plusieurs vétérans l’assurent : tout le monde était au courant même l’état-major, même le Premier ministre David Cameron, en poste à la fin du déploiement. Plusieurs conseillers ont assisté à des réunions avec le président afghan qui l’a averti de ce qui se déroulait dans son pays. Selon des documents consultés par la BBC, la police militaire britannique a fait le choix de ne pas poursuivre ses enquêtes sur ces allégations.
Les exactions de l’armée britannique en Irak et en Afghanistan sont connues depuis plusieurs années. Une enquête publique est en cours pour démêler ce qui s’est produit sur les théâtres d’opération, mais cette enquête ne couvre d’une part que l’Afghanistan et d’autre part qu’une courte période : de mi-2010 à mi-2013. Or, le travail de la BBC montre que des agissements bien plus systématiques que ce que l’on pouvait croire. Étendus à d’autres opérations, l’Irak en particulier, et sur une période beaucoup plus longue puisque certains faits remontent à 2006 au moins. Tout cela renforce encore davantage le sentiment d’impunité puisque aucune sanction n’a été prise envers les militaires concernés.