Publiée par le ministère de l’Économie et des Finances et la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), l’étude soulève des inquiétudes concernant la viabilité financière du programme. En effet, le nombre de bénéficiaires a largement dépassé les prévisions initiales, ce qui pourrait conduire à un dépassement du budget alloué par l’État.
L’étude a également pointé plusieurs lacunes, comme le fait que certains chefs de famille n’aient pas inscrit leurs proches éligibles. En réponse à ces constats, l’audit a formulé plusieurs recommandations, incluant l’amélioration du ciblage des bénéficiaires, le renforcement de la numérisation, la simplification des procédures de transition entre les différents systèmes de couverture, ainsi que l’augmentation de la sensibilisation du public. Il a aussi proposé de mettre en place des canaux d’inscription diversifiés pour garantir une couverture plus étendue.
Ledit audit qui a porté principalement sur l’année 2023 a tenté d’évaluer les bénéfices et les risques du système « AMO Solidarité« , d’étudier ses impacts sociaux négatifs possibles, et de suggérer des mesures pour les atténuer, en précisant un calendrier pour leur mise en œuvre. L’étude a également porté sur les outils et méthodes utilisés pour identifier les bénéficiaires et a permis de mesurer l’impact du système sur les individus et les groupes ciblés. Pour obtenir une évaluation plus précise, des échanges ont été organisés avec les bénéficiaires afin de recueillir leurs retours sur le fonctionnement du système dans son ensemble.
L’une des principales critiques formulées dans l’audit concerne l’inclusion de personnes non éligibles dans le programme « AMO Solidarité ». d’où la nécessité de revoir le mécanisme de ciblage, afin de mieux inclure les groupes les plus vulnérables et de renforcer les vérifications des déclarations faites par les familles dans le Registre Social Unifié (RSU).
L’audit a aussi observé que certaines personnes éligibles n’ont pas été inscrites en raison d’un manque d’informations ou de la complexité des démarches. D’où la recommandation de faire systématiquement appel au RSU pour identifier les bénéficiaires à partir de 2023 et d’intensifier la numérisation du système. Parmi les autres mesures proposées figurent la création d’un système d’inscription multicanal par la CNSS, qui inclurait les agences de la Caisse, les bureaux agréés, le site web ainsi que l’application « Taawidaty », en plus de la mise en place d’un mécanisme de suivi et de gestion des réclamations. Ces réformes, sous la responsabilité du ministère de l’Intérieur et de la CNSS, devraient être mises en place entre 2025 et 2026.
L’étude a aussi mis en évidence un problème lié à la transition entre les différents systèmes d’assurance maladie. En effet, certains bénéficiaires ont rencontré des difficultés pour intégrer le système AMO Solidarité en raison de leur couverture antérieure par un autre système. L’inverse est également vrai. Le rapport recommande donc de renforcer l’interconnexion entre ce système et les autres régimes d’assurance maladie, comme « AMO » pour les travailleurs non salariés, « AMO » pour les salariés actifs et « AMO universel » . De plus, il a été suggéré de simplifier les procédures et de renforcer le suivi des réclamations.
L’un des points préoccupants de l’audit réside dans l’équilibre financier du système. Le rapport indique qu’il existe un risque de dépassement du budget alloué pour les contributions des bénéficiaires au programme « AMO Solidarité ». En effet, le nombre de bénéficiaires principaux ne cesse d’augmenter, avec une forte proportion de familles composées d’une seule personne. De plus, le nombre de familles relevant des trois premières tranches de revenu, selon le RSU, a largement dépassé les prévisions faites par le Haut-Commissariat au Plan (HCP). L’audit recommande dès lors de réévaluer le mécanisme de ciblage à la lumière des études réalisées par le HCP, de mettre en place un dispositif de suivi de l’équilibre financier du programme et de mesurer son impact sur le budget de l’État…